Par Rym GHACHEM ATTIA Oui, il n'est plus possible de se taire. Une Assemblée constituante a été élue pour rédiger une nouvelle Constitution : mais que reprochait-on à celle de 1959 hormis les articles corrigés après 1980. Je m'étais présentée sur une liste indépendante car je n'arrivais pas à comprendre comment un parti – partial par la force des choses – pouvait écrire une Constitution. J'ai vu les difficultés, les obstacles et, surtout, l'impasse à laquelle ont été réduites ces listes. Mais c'était une belle expérience auprès de personnes qui m'ont beaucoup appris. Notre liste préconisait la notion de citoyenneté, et non d'identité, la sacralisation du corps humain, donc l'abolition de la peine de mort, le respect des libertés, donc des croyances. Enfin, et surtout, nous préconisions que ces élus ne soient pas dans le gouvernement transitoire et qu'ils ne s'occupent que de la Constitution, et ce, à titre bénévole. N'oublions pas qu'aux Etats-Unis, c'est un philosophe qui l'a rédigée et qu'elle était très concise tout en étant précise. Que voit-on aujourd'hui ? Des élus divisés qui veulent avoir le salaire le plus élevé de la Fonction publique et, pour certains, en devise. Honte à vous ! Vous avez choisi de travailler pour votre pays, de lui donner une année de votre vie et vous voulez être payés. Pis encore, les détenus politiques de l'ancien régime veulent une indemnité. Ont-ils été reconnus non coupables? Avaient-ils des troubles du discernement au moment de l'acte dont ils sont accusés. Non, non, non. On doit toujours payer pour ses idées, ses actes. L'idée même que Farhat Hached aurait pu être indemnisé est une absurdité. Seule l'histoire pourra lui donner sa place. Les blessés de la révolution veulent une indemnité mais de quoi parle-t-on ? On doit, bien sûr, les soigner gratuitement mais réparer est impossible et, psychologiquement, c'est une ineptie. La notion de martyr est totalement contraire à la réparation car l'indemnité veut dire réparer, or cela est, je le répète, impossible. La justice doit s'imposer et toutes les formes d'extrémisme doivent être condamnées. Comment peut-on leur permettre de semer la terreur dans tout notre pays ? Tout le monde se sent en danger : de l'ouvrier au médecin, de l'avocat au juge... Non, réveillons-nous ! Nous ne pouvons admettre cette nouvelle forme de dictature, soi-disant populaire, basée sur notre religion. Non, Bourguiba nous a apporté l'indépendance, l'éducation, le Code du statut personnel, il nous a donné une certaine liberté, il s'est comporté en père et on a longtemps pu s'identifier à lui, mais il n'est plus là et personne n'a sa légitimité, même si certains ont son charisme. Oui, lui aussi a fait des erreurs, comme beaucoup de pères, en croyant bien faire dans une sorte de surprotection ou même de « castration », mais nul n'est parfait. Nous n'avons plus de maître mais des chefs avec des ego surdimensionnés. Trop c'est trop : restaurez notre sécurité, première base à notre liberté, et vous aurez une légitimité.