La finale de ce soir sera un mélange de génie (Xavi, Iniesta, Pirlo et Cassano), de force, d'intelligence tactique et d'immenses remparts : Buffon et Casillas. Ceux qui n'avaient pas parié une seule vieille lire sur l'Italie ne connaissent pas grand-chose au football. En tout cas, ils en ont eu pour leur... ignorance, puisque l'Italie affronte ce soir l'Espagne en finale. Battue en amical par la Russie 0-3, ébranlée par le énième scandale des paris clandestins, l'Italie de Cesare Prandelli a impressionné par sa disposition sur le terrain, la grinta et l'intelligence tactique de ses joueurs, la seconde vie de Pirlo et la résurrection de Buffon. Buffon, Pirlo et les autres... Et pour ceux qui connaissent le Calcio, c'est la capacité de l'entraîneur à monter ce puzzle gagnant qui a véritablement épaté, c'est qu'hormis trois ou quatre noms, les autres ne sont pas à proprement parler des stars adulées en Italie, en Europe ou dans le monde. Mais des joueurs sérieux et rigoureux, durs à la tâche et avec un mental de fer. L'autre pari gagné de Cesare Prandelli, c'est l'alchimie de ce milieu de terrain où on retrouve Marchisio, Montolivo, Pirlo et De Rossi qui tiennent à bout de bras toute l'équipe, avec des tâches précises pour chacun, mais dans une liberté totale de création dans la zone adverse. L'autre tour de magie de Prandelli, c'est l'association Cassano-Balotelli. Le premier n'est pas facile à gérer et revient d'une opération sur le cœur. Le second est talentueux et fou à la fois. De ce couple infernal, le sélectionneur a fait un duo explosif. Ajoutez-y la résurrection de celui qui a été il n'y a pas longtemps le meilleur gardien du monde et la solidité légendaire des défenses italiennes et vous avez cette Italie finaliste d'un Euro qu'elle n'aura remporté qu'une fois en un lointain 1968 avec les Zoff, Anastasi, Riva, Facchetti, Domenghini, etc. Barça-Real L'Espagne n'a pas le palmarès de l'Italie, même si elle a eu le plus grand club du monde, le Real Madrid, qui a écrasé la fin des années 50 et le début des années 60 avec Di Stefano, Puskas et Gento... Son premier grand titre, c'était en 1964 en coupe d'Europe avec les Iribar, Zocco, Amancio, Suarez et Lapetra. Depuis, plus rien jusqu'en 2008, la seconde victoire à l'Euro et surtout cette Coupe du monde, toujours dans la même année. Sa force? Le milieu de terrain du Barça avec le duo infernal Iniesta-Xavi, avec Piqué mais aussi avec l'armada du Real : Casillas, Ramos, Busquets et Arbeloa. Le mérite de Del Bosque, comme celui de Prandelli, c'est d'avoir réussi à monter le puzzle, à tenir compte des spécificités de ses joueurs. Mais aussi et surtout d'avoir su reproduire, du moins au niveau de l'entrejeu, la magie du jeu de Barcelone. Mais attention, cela s'arrête là car, devant, Silva est orphelin de Villa, alors que la défense n'est pas un exemple de solidité. Grande bataille au milieu, c'est sûr, deux bons gardiens, c'est certain. Tout le reste se jouera sur les autres détails.