Les conclusions relatives à l'image de l'enfant, de l'adolescent et du jeune dans les médias locaux, ont été rendues publiques, hier, à Tunis. C'était un événement tant attendu mais il n'a pas attiré la foule, puisque les regards ont été portés sur une autre actualité politique majeure. Néanmoins, les personnes qui se sont déplacées étaient toutes des inconditionnels du sujet et fortement mues par une envie de trouver des réponses à leurs interrogations, et de cerner le profil du jeune et du moins jeune Tunisien, qui paraît échapper à toute forme de définition et se soustraire de plus en plus à tout semblant de quantification ou de délimitation. Lors de son allocution, Mme Maria Luisa Fornara, représentante de l'Unicef en Tunisie, a précisé que cette étude qui s'est étalée sur près de 4 ans depuis 2008, a été réalisée à l'initiative du même organisme international par une équipe d'experts nationaux qui font autorité en la matière à l'instar de MM. Abdelkarim Hizaoui, coordinateur de l'étude, Me Fethi Touzri, Riadh Ferjani, Larbi ben Chouikha ainsi que Me Gérard Debrèze de l'université de Louvain. L'enfant : un combat de tous les instants... Mme Fornara a souligné l'importance et le rôle capital que jouent les médias puisqu'ils ont le pouvoir de choisir un sujet plutôt qu'un autre et de le traiter d'une manière plutôt qu'une autre. Cet atout majeur devrait, dit-elle, «contribuer à construire l'opinion publique, à influencer les attitudes et les perceptions quant aux droits de l'enfant et du jeune, et à interpeller les décideurs sur des sujets de fond qui les concernent...» Elle a mis l'accent également sur la nécessité de permettre à ces jeunes de s'exprimer en traitant l'actualité de leur propre point de vue, et de les impliquer directement dans les événements qui régissent leur vie en instaurant une dynamique positive et une interaction efficace avec ces déshérités en mal d'écoute. Ce qui a motivé la réalisation de pareille opération, dit-elle, c'est assurément un ensemble de raisons qui nous paraissent essentielles pour espérer tendre une main salvatrice à ces jeunes en manque de repères mais surtout inhibés par le manque d'intérêt qu'on leur accorde. Parmi ces motivations, Mme Fornara cite l'essence même de l'Unicef qui consiste à promouvoir les droits de l'enfant, essentiellement le droit à la liberté d'expression et le droit à la participation à toute question les concernant. L'autre raison qui a définitivement convaincu les chercheurs pour mener cette étude demeure l'intérêt et le faisceau de lumière que pourraient apporter les conclusions sur tout un pan de la société qui est mal défini, mal interprété et donc brouillé et mal décrypté ... Des chiffres révélateurs M.Abdelkarim Hizaoui a tenu à préciser que cette étude qui avait débuté en 2008 dans des conditions autres que celles qui prévalent aujourd'hui a été particulièrement difficile à mener. Elle a porté, outre les 2.315 unités rédactionnelles (comprenant reportages, enquêtes,...), sur des données et des témoignages recueillis par l'équipe de recherche auprès d'un échantillon d'enfants, d'adolescents et de jeunes. Le corpus a été constitué d'un certain nombre de quotidiens et d'hebdomadaires pour ratisser large en matière d'articles consacrés au sujet. Elle a également porté sur des focus groupes d'âges et de milieux sociaux différents pour garantir la crédibilité du résultat et l'objectivité du travail. Toutefois, le fait de se concentrer uniquement sur le Grand-Tunis comme seule échelle représentative et de ne pas écouter les autres régions de la Tunisie, laisse un goût d'inachevé chez les les participants au colloque. M.Fethi Touzri a ensuite présenté les conclusions de cette étude comprenant un certain nombre de points, à commencer tout d'abord par le fait que la presse écrite est la moins utilisée par les jeunes qui optent volontiers pour les nouveaux médias électroniques qu'ils considèrent plus rapides et plus appropriés à l'esprit de l'époque qu'ils vivent. Ces mêmes médias sont considérés comme gender-based véhiculant trop de violence, au sens des nombreux jeunes et enfants qi se sont prononcés sur la question. Une autre conclusion qui interpelle également : tous les enfants et jeunes disent ne pas se reconnaître dans l'une ou l'autre des chaînes de radio ou de télé dédiées jeunes et qui chantent à tue-tête qu'elles sont jeunes de fond et d'esprit... L'absence de success story qui soit valorisante et transcendante pour ces jeunes accentue leur rupture avec un monde qui désormais ne les reflète point, mais que eux aussi, répulsion oblige, dénigrent et boycottent de plus en plus, n'en déplaise à ceux qui pensent le contraire...