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L'enfance perdue des "petits travailleurs"
Publié dans TAP le 11 - 06 - 2012


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TUNIS (TAP, Rédaction Afef Ben Abdeljelil) - Juin 2010 : Monia, 12 ans, vient de réussir avec brio (16 de moyenne) le concours de la sixième année de base. Les cheveux noirs et lisses, la silhouette chétive, la fillette habite avec son père, sa belle-mère et ses demi-frères dans un logement rudimentaire dont la superficie ne dépasse pas 50m2, situé à Aïn Jemmala, un village qui se trouve à 8 kilomètres de Téboursouk (90 km au nord-ouest de la capitale).
Le rêve de la petite de rejoindre les bancs du collège de Téboursouk est vite brisé. Convaincu de ne pas pouvoir assumer les frais de scolarité de sa progéniture, son père décide de la placer chez une famille à Tunis en tant qu'aide ménagère. Les sanglots de la malheureuse petite fille n'arrivent pas à attendrir le coeur de son père qui l'oblige à partir. Elle quitte le domicile de son enfance en jetant un dernier regard sur la photo de sa mère décédée quelques mois après sa naissance.
Le travail des enfants influe sur leur croissance physique, morale et sociale
Nombreux sont les enfants qui, comme Monia, se trouvent livrés à leur propre sort à un âge précoce. Issus de familles démunies ou nés hors mariage, ils entament leur cursus professionnel, très tôt, à partir de 5 ou 6 ans pour plusieurs d'entre eux.
Alors que les enfants de leur âge sont dorlotés et gâtés, ces pauvres petits, poussés par la misère, se débrouillent comme ils peuvent pour gagner quelques sous qu'ils remettront ensuite à leurs tuteurs.
On les croise partout dans les stations de métro en train de vendre différents gadgets ou aux feux rouges proposant leurs services de nettoyage des pare-brises et même dans les petits ateliers de menuiserie, de mécanique ou autres et même dans les usines.
"L'exploitation économique des enfants peut avoir de graves répercussions sur la croissance de l'enfant", révèle Aida Ghorbel, pédopsychiatre et déléguée générale de la protection de l'enfance. "L'enfant qui travaille est exposé aux maladies professionnelles et aux accidents de travail dès son jeune âge. Son niveau de savoir et sa créativité baissent. Il perd l'estime de soi et peut avoir des problèmes au niveau relationnel. Ceci outre son éventuelle exposition à la violence de la part de l'employeur", nous explique-t-elle.
Il existe, par contre, ajoute Mme Ghorbel, ceux qui pensent qu'il y a certaines activités qui ne sont pas nocives pour les enfants et qu'elles peuvent avoir des effets positifs sur leur croissance surtout lorsque l'enfant veut prouver à ses parents qu'il est devenu grand et qu'ils peuvent compter sur lui.
"J'aime bien faire ce boulot" nous lance le petit vendeur de fleurs, Iheb (7 ans), d'un air confiant et fier en continuant de proposer aux passants ses jolies roses tout au long de l'avenue Habib Bourguiba à Tunis.
Sami (15 ans) a bien choisi sa clientèle. Un panier garni de bouquets de jasmin sur la tête, il s'adresse, généralement, aux jeunes couples, suggérant au jeune homme d'offrir des jasmins à sa bien aimée. Issus d'une famille nombreuse, il nous confie que ce petit boulot l'aide à gagner son argent de poche et à acheter ce dont il a besoin à chaque rentrée scolaire.
Bientôt une étude sur le travail des enfants
Pour sa part, Mme Maria Luisa Fornara, Représentante de l'UNICEF en Tunisie, estime que l'inscription des droits de l'enfant dans le texte de la nouvelle constitution de la Tunisie constitue, pour les 3.200.000 enfants que compte le pays, un garant et un rempart contre la violation de leurs droits.
Pour garantir la protection de ces droits, il s'avère également nécessaire, à son avis, de créer un mécanisme indépendant de suivi de la mise en application effective des droits de l'enfant. Cette structure aura pour mission d'alerter sur les violations des droits de l'enfant ainsi que de recevoir et de traiter les plaintes déposées à ce sujet.
Elle estime, que malgré l'existence d'un important arsenal législatif et institutionnel, la protection des droits des enfants en Tunisie est marquée par de fortes disparités régionales et une iniquité sociale et économique.
A titre indicatif, le nombre d'élèves qui abandonnent l'école chaque année en âge de scolarité obligatoire (de 6 à 16 ans) se situe entre 60 et 80 mille, selon l'UNICEF. Il existe très peu de données sur le devenir de ces enfants, sur les enfants qui travaillent, les enfants de la rue, les enfants victimes d'exploitation et d'abus sexuels, les enfants handicapés et les autres catégories d'enfants en situation de vulnérabilité.
Le bureau de l'UNICEF en Tunisie envisage, à cet égard, de mener avec ses partenaires nationaux une étude sur le travail des enfants.
Plus de 11 mille enfants travailleurs en 2010
"En 2010, les inspecteurs de travail ont relevé 3920 cas de jeunes travailleurs âgés entre 17 et 18 ans à travers l'ensemble de la République, et 11724 enfants âgés de 16 ans et plus", nous a confié Chokri Wali, directeur du contrôle de la législation du travail à la direction générale de l'inspection du travail.
Il précise que les droits des jeunes employés qui travaillent au sein d'entreprises économiques soumises au code du travail sont protégés par la loi, contrairement aux enfants exerçant dans le secteur informel tels que les aides ménagères, les vendeurs ambulants ... âgés de moins de 16 ans.
Il faut une forte volonté politique
M. Wali a, en outre, souligné l'importance du rôle du gouvernement qui doit attaquer le mal à la source en luttant contre la pauvreté, première raison derrière le travail des enfants. IL faudrait, a-t-il ajouté, une forte volonté politique pour lutter contre le travail des enfants dans le secteur informel.
La promulgation d'un décret de loi portant organisation du travail des aides ménagères afin d'assurer leur protection, le renforcement du contrôle du travail des enfants dans les grandes villes et surtout la révision du dispositif de l'enseignement professionnel qui doit être sous la tutelle du ministère de l'Education, sont les principales mesures qui doivent être prises, estime M. Wali.
Il s'agit, également, a-t-il ajouté, de créer des emplois et de promouvoir l'investissement dans les régions intérieures.
Pour la petite Monia, la grande volonté qui l'anime de poursuivre ses études et la mobilisation des bienfaisants ont triomphé et elle continue, aujourd'hui, d'être une brillante élève au collège de Téboursouk.
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