La tension est montée d'un cran à Ben Guerdane, au cours des deux derniers jours. En effet, un grand nombre de citoyens ont observé, dimanche et lundi soir, un sit-in devant le siège de la délégation pour manifester leur mécontentement. Des représentants des partis politiques et des associations étaient présents à ces rassemblements qui ont failli dégénérer. Les manifestants ont scandé des slogans revendiquant la part de la délégation dans l'emploi des diplômés du supérieur et dans le développement. Des jeunes ont tenté de fermer la route qui mène à Ras Jédir, pour protester et bloquer le passage des camions poids lourds vides vers notre territoire. Mais la raison essentielle de ces deux rassemblements successifs était, bien sûr, la fermeture du poste de Ras Jédir qui se poursuit pour la dixième journée consécutive. «Nous avons perdu patience face au laxisme des autorités depuis le début de la crise», dit Abderrahmen Ch., un petit commerçant dont la famille se compose de huit personnes. «La majorité des familles à Ben Guerdane vit de ce point de passage. Voilà dix jours que nous étouffons, pour de bon. Nous sommes complètement paralysés ; comment voulez-vous qu'on fasse? Donnez-nous de quoi vivre !», ajoute un autre. Un représentant d'un parti politique qui ne veut pas citer son nom va un peu plus loin : «L'histoire inventée concernant les papiers des voitures qui franchissent la frontière n'est qu'un prétexte sans fondement ; et c'est le côté apparent de l'iceberg. Sinon, pourquoi une telle loi n'est pas mise en application au poste de Wazen-Dhéhiba ?» Pour apaiser la grogne des manifestants dont le nombre a beaucoup augmenté la deuxième fois, le délégué de la ville a fait son apparition le premier soir et a promis aux présents de transmettre leurs revendications aux parties concernées. Le deuxième soir, il s'est entretenu, dans son bureau, avec quelques représentants des partis politiques et des associations. Ils ont effectué, à cette occasion, des contacts et des négociations avec les responsables des deux pays qui ont abouti, en fin de compte, à un accord de principe sur la réouverture du poste de Ras Jédir, à partir d'aujourd'hui, dans les deux sens, nous a appris la source officielle qui a dirigé la séance.