Le trafic routier aux deux postes frontaliers qui mènent vers la Libye, Ras Jédir, dans le gouvernorat de Médenine, et Wazen-Dhehiba, dans le gouvernorat de Tataouine, n'a pas connu de répit depuis des mois , même s'il est moins dense qu'au début. Une noria de camions chargés de marchandises et de véhicules de toutes sortes transportant des passagers, dans les deux directions, font la queue jour et nuit , dans ces points de passage. Les agents de sécurité et les douaniers, pour leur part, sont débordés, ici et là. A Ras Jédir, le spectacle est le même, tous les jours ; les imprévus sont monnaie courante et les échauffourées sont fréquentes . Il suffit d'une simple rumeur, parfois évoquant la confiscation d'une voiture, la saisie de marchandise, de produits prohibés, d'articles interdits... pour que tout dégénère. Le désordre s'installe alors sur la place et le point de passage est vite bloqué par les protestataires. Cela peut durer des heures et le retour à la normale ne s'effectue qu'après des négociations et des concessions parfois. Du côté de Wazen-Dhehiba , le paysage est à peu près identique. Des files interminables de véhicules dans les deux sens et des altercations incessantes «parfois pour une raison futile», nous dit un douanier. La tension monte vite et le trafic se trouve perturbé. Les forces de sécurité interviennent pacifiquement pour remettre de l'ordre, mais en vain, dans la plupart des cas. Le gouverneur de Tataouine s'est déplacé sur les lieux, sans parvenir, lui non plus, à résoudre le problème une fois pour toutes. Autrement dit, c'est la société civile qui gère la situation dans ce poste frontalier. Une commission constituée de dix personnes, sages et influentes (cinq originaires de Remada et cinq de Dhehiba) a été mise dernièrement en place pour prendre en charge l'organisation du trafic.