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Culture et sous-culture : la crise du sens (1ère partie)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 08 - 2012


Par Mohamed KOUKA
A quoi sert la culture ? A développer l'homme. On ne peut plus faire plus court, plus net, comme réponse. Mais le dispositif est d'une toute autre complexité. Il s'agit rien de moins que de la quête de la capacité humaine de jugement. C'est le véritable but de la culture. La quête de l'unité du sujet humain. Allier les sens et la raison, l'inclination et le devoir. Le plus grand et le plus difficile problème qui puisse se poser à l'être humain, c'est l'éducation : car le discernement dépend de l'éducation, et l'éducation à son tour dépend du discernement, nous dit Kant...Le discernement dépend de notre capacité de jugement. Tout ce qui permettra de comprendre le rôle du jugement dans la création d'une communauté politique diversifiée et fondée sur la parole persuasive s'éduque par la culture, éclairée par la raison pratique. Nos manières de sentir, d'agir et de penser sont tributaires de notre jugement. Or penser c'est juger. Le jugement nous permet de partager nos goûts et développer ce que Kant appelle une «mentalité élargie . Dans ses deux articles de 1784: «Qu'est ce que les Lumières ? et «l'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolite», Kant esquisse l'exigence d'un espace public comme «milieu» où l'usage libre de la raison doit pouvoir se déployer, rencontrer d'autres points de vue et progresser indéfiniment; rien n'est au dessus de la raison dans son usage public, elle est le seul tribunal auquel tout doit être soumis. Cette exigence d'espace public est inconditionnelle, absolue; elle relève, écrit Kant, des «droits sacrés de l'humanité». L'enjeu capital — philosophique et politique — : le partage du jugement de goût. Il s'en suit la réfutation kantienne catégorique définitive de toute forme de censure. La vie elle-même s'accomplit comme culture et dans toutes les formes de la culture
En ce moment où le marché mondial produit de la conformité, quel projet, quelle stratégie pour impulser une dynamique culturelle, totalement défaillante , en ce moment, mais sous influence, subissant totalement la tyrannie du marché, ce qui génère une crise de la représentation — la représentation politique aussi bien que symbolique. Résultat, appauvrissement du processus d'identification sociale au profit de la seule addition d'individus «prisonniers de la subjectivité de leur propre expérience singulière» (Hannah Arendt) ; ce qui conduit au conformisme de masse nourri par l'improbable image, portrait robot ,stéréotypé, de la starlette en vogue du moment. L'inadmissible, c'est de voir l'Etat partie prenante de cette image dégradée de la représentation, en y participant même, par le biais des finances publiques. On n'imagine pas un seul instant, je dis bien un seul instant, le ministère français de la Culture, ou allemand ou italien financer des galas de Madonna de Johnny Hallyday, ou de starlettes d'envergure plus ou moins équivalente. Dans ces pays, l'argent public finance l'esprit public, à travers la création et l'invention. Tout ce qui touche au loisir et au divertissement est l'affaire de la sphère privée, qui ne regarde que les imprésarios et les maisons de production qualifiées. Il faut comprendre que la création et l'invention ne sont pas données et exigent un investissement aussi bien intellectuel que pécuniaire, d'autant plus que leur mode de réception ne leur garantit pas à chaque fois de recouvrer les dépenses consenties, puisqu'elles sollicitent un effort d'intelligence de la part du récepteur ; quant aux artistes de variétés, ils s'adressent à la part sensuelle et émotive du spectateur, normalement avec un bon imprésario, et un bon produit, ils n'auront pas de difficulté à drainer les foules et à rentrer dans leurs frais.
Chez nous, aucun homme politique, toutes tendances confondues, n'a la moindre idée, la moindre ambition culturelle pour le pays. Je crains même que dans les choix politiques des partis et des politiciens la culture soit sacrifiée sur l'autel des intérêts égoïstes, à courte vue, parce qu'on trouvera toujours d'autres priorités à faire prévaloir. Or il n'y a rien de plus fragile que la culture, surtout à ce moment précis de notre histoire, où nous avons besoin de ce qui suscite le goût du savoir et la joie de la connaissance comme participation à la signification du monde .Pour éclairer le débat je ne serais pas avare de citations, dans cet article, recourant à quelques esprits universels parmi ceux qui ont pu éclairer et qui éclairent encore le débat, par leur savoir, et par la pertinence de leur expérience. Commençons par un discours d'André Malraux, au tout début des années soixante, à l'inauguration de la Maison de la culture de Bourges en France. Rappelons que l'idée d'instaurer des maisons de la culture à travers le territoire français était la sienne. Cette idée avait beaucoup influencée, heureusement, la politique culturelle dans notre pays à l'aube de l'indépendance. Mais revenons au discours de Malraux : «Il faut que vous compreniez bien que ce qui se passe ici est une certaine aventure probablement dans le monde entier. Je dis que c'est une aventure dans le domaine de l'esprit, parce qu'il faut que l'on comprenne bien que le mot ‘loisir' devrait disparaître de notre vocabulaire commun. Oui il faut que les gens aient des loisirs, oui il faut les aider à avoir les meilleurs loisirs du monde. Mais si la culture existe, ce n'est pas du tout pour que les gens s'amusent, parce qu'il peuvent aussi s'amuser peut-être bien davantage avec tout autre chose et même avec le pire. Et ce qu'on appelle culture, c'est l'ensemble des réponses mystérieuses que peut se faire un homme lorsqu'il regarde dans une glace ce qui sera son visage de mort». La culture selon Malraux est un destin, miroir de la condition humaine dans tous ses états; elle est de l'ordre de la résistance à toutes les formes d'oppression aussi bien qu'à la mort. Lutte des homme contre toute forme d'injustice, et résistance des œuvres d'art au néant : une statuette de l'Egypte pharaonique continue encore et toujours à nous parler et à nous émouvoir. Au-delà de ces paroles définitives de Malraux, se pose la question de l'appréhension du phénomène culturel dans la Cité. L'apport qualitatif de la culture, la plus-value spirituelle pour l'homo tunisianus afin qu'il ait les outils nécessaires pour résister à toutes sortes de sollicitations intégristes, obscurantistes et fanatiques.


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