Les bouchers veulent défendre leur steak et les éleveurs de volailles ont peur de se faire plumer Alors que les éleveurs de bovins et d'ovins sont mal dans leur peau, les bouchers ont peur de perdre leur steak et les éleveurs de volailles redoutent d'être plumés. C'est, en tout cas, le topo général qui prévaut dans le pays depuis plusieurs mois en matière de consommation de tous genres de viande, notamment avec la hausse sensible de cette denrée, désormais, inscrite comme composant de base de notre cuisine de tous les jours. La grève de cinq jours observée par les bouchers du Kef et qui vient enfin d'être levée a montré un grand dysfonctionnement des circuits de commerce et un désordre au niveau des abattoirs où la transparence des transactions est soumise au gré des mandataires. Les bouchers refusent qu'on les prenne pour les dindons de la farce, avec l'application de services payants jugés prohibitifs, notamment en cas d'abattage des bêtes (135 millimes le kg) ou de services de nettoyage y afférents. Les Keffois ont, certes, souffert de cette crise d'approvisionnement qui aura duré cinq jours de suite, mais voilà que la raison a prévalu enfin au grand bonheur de tout le monde. Les bouchers ont obtenu un rabais de 10 millimes par kilogramme et ont repris ainsi le service avec toujours le regret de n'avoir pas obtenu totalement gain de cause. Du côté de la municipalité, on n'a pas cédé d'un pouce et le mandataire demeure astreint de s'acquitter de la totalité de la somme appliquée lors de la conclusion du contrat de mandatement. Cela dit, les prix appliqués par les bouchers sont bien loin des tarifs publiés par le ministère du Commerce. Ils estiment que s'ils baissent les prix, ils ne rentreront jamais dans leurs frais. Côté marché des ovins, c'est intouchable et l'on estime, preuve à l'appui, que le kg de viande reviendrait incontestablement à près de 18 dinars voire plus. Les agriculteurs estiment qu'ils sont sur la paille et que les prix des intrants et des produits destinés à l'alimentation du bétail ont augmenté de façon presque exponentielle, du moins vertigineuse qui les obligent à revoir à la hausse les prix de vente à la production, une hausse que le boucher répercute sur le consommateur, ce pauvre qui paie toujours le prix des pots cassés. Les éleveurs qui ont toujours fait contre mauvaise fortune bon cœur s'insurgent contre le gouvernement qui, selon eux, à laissé couler beaucoup d'eau sous le pont, sans prendre les précautions qui s'imposent au point que toute baisse des prix des viandes qu'elle soient blanches au rouges est difficilement envisageable. «Ce serait bien un miracle si les prix des viandes baissent un peu», avoue un éleveur de la zone Abida, qui a perdu une vache laitière acquise à près de cinq mille dinars, il y a quelque mois, contre quatre mille dinars il y a un an. «La note de l'engraissement est devenue tellement salée» ajoute-t-il, qu'«il est devenu impossible de baisser les prix». Autrefois considéré comme un roi, le client des bouchers est devenu un pur et simple esclave de ces derniers. A prendre ou à laisser en ce mois de piété et de ferveur.