Tous d'accord que le volley ne progresse pas, faute de formations et de talents Parler de chronique d'un échec annoncé serait sans doute injuste envers ces jeunes joueurs qui affrontaient les géants du volley-ball du haut niveau. Mais force est de constater que les résultats sont toujours identiques dans les six participations. On se contente du premier tour puis on plie bagage. Seul Los Angeles 1984 a fait exception avec deux victoires. L'opinion sportive se pose de ce fait des questions légitimes : à quand le véritable décollage, comme ce fut le cas en 2005 avec le handball qui a terminé 4e du championnat du monde de handball? Pourquoi le volley tunisien n'arrive-t-il pas à se hisser au plus haut niveau? Où va ce sport qui ne cesse de régresser au fil des années au moment où les tentatives de relance capotent? A vrai dire, le bilan tunisien à Londres, c'est le reflet d'une discipline mal structurée qui souffre d'une mauvaise gestion continue au niveau des clubs et des sélections. Participer à une telle compétition mondiale suppose des responsabilités et des devoirs pour tous. Avec des moyens limités, l'équipe de Tunisie a donné ce qu'elle pouvait. C'est peu, mais de là à verser dans une critique sans discernement, c'est aller trop vite en besogne. L'avenir du volley-ball et sa place dans le panorama sportif dépendent de la façon dont nous saurons nous positionner de la meilleure façon possible pour réussir. Dans ce contexte, nous avons jugé utile de prendre l'avis de trois figures emblématiques du volley-ball national. Ecoutons-les : Hassen Ben Cheikh (ex-entraîneur national): «On ne pouvait pas faire mieux face aux ténors du monde. La différence est énorme à tous les niveaux, on reconnaît qu'il y a des imperfections, des points faibles, mais pas au point de dramatiser. Il est vrai que la préparation pour les JO a été au niveau de l'évènement, mais ce qui nous manque, ce sont les joueurs de qualité. Depuis 1995, on n'a pas pu enfanter un seul joueur valable. Où sont donc passés les centres de promotion? A ce niveau, il y a beaucoup de choses à revoir. Dans les clubs, on ne veut pas investir dans la formation des jeunes. Et les entraîneurs ne veulent plus travailler avec des salaires qui ne dépassent pas cent dinars, alors que l'entraîneur des seniors exige des recrutements de taille et touche un salaire très respectable. Certains disent que le volley-ball est devenu toute une science afin d'écarter de la scène ceux qui ont beaucoup sacrifié et qui ont contribué à découvrir et à lancer des dizaines de grands joueurs. Le sport, c'est la pratique, et il faut effacer d'un revers de la main les Zizi Belkhodja, feu Mohamed Salah Barkia, Hmida Sallami, Ali Boussarsar et Hamed Hchaïchi. Le volley-ball, c'est le travail sur le terrain, c'est la formation et le suivi continus. Nous disposons actuellement de cinq docteurs en volley-ball. Est-ce qu'ils ont réussi à faire bouger les choses et à donner un nouveau souffle à notre sport. Rien n'a changé. Les principes sont clairs : un club doit accorder en premier lieu de l'intérêt à la formation et au travail de base. Il doit alors respecter les engagements qu'il a pris envers les staffs techniques des catégories des jeunes. Mais il semble que la lettre et l'esprit de ces engagements sont facilement oubliés, une fois la compétition des jeunes abordée, d'une part, ou bien quand les responsables des clubs sont confrontés à des situations particulières. Réfléchissons bien à ce problème essentiel dans les années à venir, car, de notre attitude face à nos responsabilités et de notre collaboration, dépend l'avenir de ce sport. Ali Boussarsar (ex-entraîneur-adjoint de l'équipe de Tunisie et ex-entraîneur du CA) : une question de mentalité : «Je suis persuadé qu'il y a beaucoup de choix à revoir. Cela n'est pas tant lié à la participation tunisienne aux JO. Les défaites étaient attendues. On a figuré dans une poule extrêmement difficile. D'ailleurs, deux de nos adversaires ont disputé la finale de la compétition. Mais quand je vois Noureddine Hfaïedh dans le groupe à cet âge, cela prouve que la scène manque de joueurs de qualité capables de faire la différence. La scène pullule de joueurs pas du tout sérieux et qui ne cherchent que le côté matériel. Avec cette mentalité bizarre, le volley-ball en Tunisie n'ira pas loin. Notre niveau actuel nous permet juste de défendre les titres africains et arabe, pas plus. Autres points importants : ceux qui touchent l'aspect technique et qui est indispensable dans un club ou une sélection. Le premier concerne le septième joueur (le premier des réserves) qui devrait être le meilleur dans tout l'effectif dont dispose l'entraîneur. Le deuxième nécessite un assistant très fort, vigilant et touche à tout». Mohamed Msselmani (ex-DTN) : des joueurs exceptionnels s'imposent : «Le bilan est logique à Londres. On ne pouvait pas faire mieux. Les quelques tentatives et les actions les plus spectaculaires de nos joueurs face essentiellement aux finalistes de la compétition, les Etats-Unis et la Serbie, comptent et promettent. La principale constatation : on doit trouver au moins deux joueurs exceptionnels qui pourraient aider à maintenir un certain niveau de jeu, surtout que Hfaïedh s'apprête à quitter. Je pense qu'on a une très belle ossature dans les catégories des jeunes qui rassure. Je suis optimiste pour l'avenir d'autant que les clubs sont parfaitement conscients de la particularité de la tâche en matière de formation».