Il n'a jamais été autant permis d'aborder l'interdit et le non-dit à visage découvert comme aujourd'hui , avec toutes les formes d'expression qui régissent le comportement humain dans tous ses états. Autant d'émotions et de réactions qui étaient, auparavant, opprimées, voire étouffées dans les têtes et les esprits. Comme si elles s'attendaient à exploser un jour révolutionnaire, où la voix de la raison retentit partout, la liberté d'expression et d'opinion n'a fait que franchir les «tabous» et briser les murs du silence. Ainsi se multiplient les idées émancipatrices et les projets fondateurs des centaines de stations radiophoniques et de nouvelles chaînes satellitaires qui ont trouvé dans le «Printemps arabe» leur raison d'être. C'est que 2011 demeure, en quelque sorte, l'année de l'audiovisuel par excellence. Une évidence que la revue périodique éditée par l'Union des radios des Etats arabes (Asbu) vient confirmer dans son deuxième numéro paru tout récemment. En fait, son directeur général, M. Slaheddine Maoui, n'a pas manqué de le montrer, en tirant les choses au clair : 351 nouvelles chaînes télévisées privées ont vu le jour en l'espace d'une année, portant, ainsi, le nombre total en 2011 à quelque 960 dont 157 chaînes à vocation religieuse et d'autres à but lucratif. Une invasion sans précédent due essentiellement, comme l'a souligné M. Maoui dans sa rubrique «Eclairages», aux diverses tendances idéologiques pluralistes ayant besoin de repenser la scène médiatique et participer au processus démocratique qu'impose cette étape transitoire que traverse la Tunisie, mais aussi tout le monde arabe. Cette métamorphose audiovisuelle, si l'on peut dire, s'inscrit bel et bien dans une reconfiguration structurelle passant d'un média «gouvernemental» à celui de service public beaucoup plus attaché au vécu social des populations, constamment à l'écoute de leurs attentes et préoccupations. Ce alors en quoi réside, vraisemblablement, cette grande affluence médiatique dans un espace communicationnel généraliste et spécialisé aussi vaste qu'il abrite des stations télévisées à maintes motivations de choix : cognitif, éducatif, culturel, religieux et commercial...C'est ce qu'a, d'ailleurs, révélé le rapport annuel sur la télédiffusion satellitaire arabe au titre de 2011. Remis dernièrement par l'Asbu, dont le siège est à Tunis, ce rapport a accusé une certaine évolution quantitative remarquable en termes de création de chaînes TV. Sans pour autant négliger l'apport considérable des technologies de l'information et de la communication (TIC) qui ne cessent de faciliter la diffusion des programmes, peaufiner l'émission et la réception d'images et accroître le taux d'audience. Ainsi va le monde numérique, ainsi demeure notre quotidien. Une exigence technologique qui pèse de tout son poids sur nos acquis, notre savoir-vivre et notre savoir-faire pour devenir une culture à part entière. Ce qui commande de l'intégrer au système éducatif afin que l'école puisse épouser son temps et que l'élève ne soit plus à l'écart des avancées scientifiques. Mais, si l'apparition massive des stations télévisées est tributaire en grande partie de l'envahissement du numérique qui s'érige en véritable pilier du développement du savoir et des compétences, quel rôle toutes les deux — TV et TIC— sont appelées, aujourd'hui, à jouer dans les politiques d'apprentissage? Et pour cause, la revue de l'Asbu a, dans son nouveau numéro comptant 127 pages, fait pleins feux sur un dossier d'actualité intitulé «Télévision et nouvelles technologies de communication, vecteur d'enseignement et source du savoir». Un dossier qui cherche à examiner le système pédagogique transversal, en tant que fruit d'une nouvelle trilogie médias-éducation-TIC. Peut-on parler, aujourd'hui, d'une pédagogie de communication et d'information comme alternative à celle de l'enseignant? Quelle place pour l'éducation sur l'orbite médiatique, notamment à la lumière de ce qu'on appelle le «Printemps arabe» ? Et comment peut-on faire bénéficier l'école des atouts des nouvelles technologies existantes, tout en se basant sur une approche communicationnelle moderne censée intégrer les multimédias dans le système éducatif ? Autant de questions qui pourraient apporter des solutions en matière de réforme éducative dont l'ultime but est de faire de l'élève un bon communicateur animé d'un esprit critique et interactif. Car «l'éducation est l'arme la plus puissante à utiliser pour changer le monde...», selon Nelson Mandela. Et l'école virtuelle n'est qu'un forum d'échange mutuel, où l'apprentissage tire ses lettres de noblesse d'une pédagogie à double tête ; enseignant de classe et tuteur à distance. Modèle à suivre en matière d'enseignement télévisé, l'Egypte semble être la première à avoir lancé des chaînes thématiques spécialisées dans ce domaine à l'échelle arabe, lit-on sur les colonnes de la revue. Une expérience en vogue qui remonte aux années soixante, où le service d'apprentissage télévisé avait été généralisé. L'enseignement via Internet demeure lui aussi à la portée. Avec l'apparition des réseaux sociaux (Facebook..) sur la Toile, le champ du savoir revêt une autre dimension. Par conséquent, l'information n'est plus sacrée, ayant perdu sa source d'origine, mais sa crédibilité aussi! Dans ce prolongement d'idées et d'analyses, la revue de l'Asbu a également évoqué d'autres thèmes liés au dossier principal, s'agissant, entre autres, de l'après numérisation de la radio arabe, des chaînes destinées à l'enfant : réalité et perspectives, ainsi que l'évolution des études du public des médias. De même, il est question de la rationalisation de la relation jeunes-médias-réseaux sociaux, à la lumière des dernières mutations politiques qu'ont connues les pays arabes.