L'Association tunisienne de défense des droits de l'enfant désapprouve l'article 31 du chapitre 1 du projet de constitution, récemment adopté par la commission des droits et des libertés de l'ANC A l'occasion d'une conférence de presse tenue jeudi 8 août à Tunis, l'association a exprimé sa désapprobation quant au nouveau texte de loi relatif aux droits de l'enfant, adopté par les députés le 1er août. Jugé « très décevant et en deçà des attentes » par Sadok Belaïd, spécialiste de droit constitutionnel, le nouveau texte stipule que « les parents doivent garantir la dignité, la protection, l'instruction, l'éducation et la santé à leurs enfants ». D'après Hatem Kotrane, universitaire et vice-président de la commission des droits de l'enfant au sein de l'Organisation des Nations unies à Genève, ce texte ne respecte pas la Convention internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 1989, dont la Tunisie est signataire. Toute la convention est en effet basée sur le principe que c'est d'abord à l'Etat de respecter l'enfant, le protéger et le prendre en charge quand il manque de soutien. Par ailleurs, certains principes fondamentaux, comme la non-discrimination et la reconnaissance de droits spécifiques à l'enfant, manquent à l'article 31 selon lui. L'association a présenté un projet de loi aux membres de la commission des droits et des libertés. Ce projet prend en compte ces principes fondamentaux, et énonce la nécessité de créer une instance publique indépendante, dont l'objectif serait de veiller à ce que les droits de l'enfant soient appliqués. L'enfant, citoyen silencieux Les personnes âgées de 0 à 18 ans représentent 31,4% de la population en Tunisie. Pourtant, cette part non négligeable de la société tunisienne est toujours marginalisée selon Moez Chérif, président de l'association. « L'enfant est ce citoyen silencieux qui a du mal à faire entendre sa voix et défendre ses droits », a-t-il déclaré. L'association mène une activité de sensibilisation auprès de toutes les composantes de la société civile et des décideurs politiques, pour améliorer la situation des enfants en Tunisie, en passant par une mise à niveau des droits de l'enfant dans notre constitution. « Si la constitution n'est pas satisfaisante, la société civile continuera à se battre », prévient Sadok Belaïd. Et de poursuivre : «Les personnes de bonne volonté sont très nombreuses et feront adopter les lois justes. Nous demandons une justice sociale, nous continuerons notre combat, et je suis sûr que l'avenir nous donnera raison ».