Les émoluments versés à un certain nombre de membres de l'Assemblée nationale constituante ont défrayé la chronique ces derniers temps, suscitant débats, rumeurs et controverses. Les salaires des constituants élus dans les circonscriptions électorales de l'étranger et celui du président de l'ANC, M. Mustapha Ben Jaâfar, ont particulièrement été l'objet d'abondants commentaires parfois acerbes. Concernant précisément le salaire mensuel de M. Ben Jaâfar, il est d'environ cinq mille dinars et non de quatorze mille. Cette précision, on la doit à M. Mofdi Mseddi qui, au nom du président de l'ANC et dans un souci de transparence, a fourni sur une radio privée tous les éléments portant sur le salaire et les avantages dont bénéficie le président Ben Jaâfar. Saisissant la balle au bond, l'Association tunisienne pour la transparence financière (Attf) a salué, dans un communiqué rendu public hier, les déclarations de M. Mofdi Mseddi, directeur de la communication au sein de l'ANC. «Notre association considère cette initiative louable et appelle la présidence de la République et la présidence du gouvernement à en faire autant, en vue d'asseoir les traditions d'une gouvernance nouvelle et d'éviter les pressions à venir que nous pourrions entreprendre et dont on pourrait se passer», peut-on en effet lire dans ledit communiqué. Non à la gestion douteuse de l'argent public La même association persiste dans sa critique de la politique gouvernementale et dénonce dans un deuxième communiqué, dont une copie est parvenue à La Presse, ce qu'elle appelle «la gestion douteuse de l'argent public». Ainsi, l'association s'indigne-t-elle de «l'octroi aux Qataris, sans appels d'offres et sans respect des lois en vigueur, du projet de production de phosphate à Sra Ouertane et du marché de la raffinerie de la Skhira». Il en est de même pour la résurrection du projet touristique qatari Diar à Tozeur ainsi que du projet des énergies renouvelables dans le désert tunisien à propos duquel l'Attf exige des explications transparentes. L'association s'intéresse également au rapport publié, dernièrement, par la Cour des comptes sur le financement par l'Etat de la campagne électorale des partis politiques et des listes indépendantes qui ont transgressé la loi en vigueur et n'ont pas soumis, à la Cour des comptes, leurs comptes dans les délais légaux. Le communiqué de l'association met l'accent, en particulier, sur le Congrès pour la République, «le parti du président provisoire, grand défenseur de la transparence de l'équité sociale et de l'égalité». Le parti, souligne toujours l'Association tunisienne pour la transparence financière, «a dépensé l'argent du contribuable et n'arrive pas à présenter les justificatifs exigés par la Cour des comptes». Motif invoqué : «Le registre comptable a été perdu». «Sous d'autres cieux, un tel acte suffirait pour un appel à l'impeachment», (ce qui revient à l'annulation des sièges remportés par le CPR et, partant, la destitution du président provisoire)», estime encore l'association. Revenant, d'autre part, à la polémique suscitée par les indemnités exorbitantes accordées aux membres de l'Assemblée nationale constituante, l'association n'hésite pas de faire part de son exaspération de voir les élus de la nation profiter de leur position et s'octroyer des salaires arrivant à 10.790 dinars pour le premier vice-président (soit 38 fois le Smig). Les précisions fournies par le premier vice-président n'ont pas convaincu l'association. La constituante en question a, en effet, commencé par démentir en bloc le montant du salaire qu'elle perçoit pour «se rétracter au bout de 24 heures, imputant la responsabilité à celui qui lui a octroyé ce salaire».