Maîtriser l'inflation galopante qui a atteint un nouveau record de 5.6% en juillet est vraisemblablement la principale motivation de la révision à la hausse du taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Surtout que les prévisions de l'évolution de la demande intérieure et celle des prix de certains produits de base sur les marchés internationaux laissent prévoir une poursuite des pressions inflationnistes. Face à cette situation, le Conseil d'administration de la BCT a décidé de relever de 25 points de base le taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale, pour le porter à 3,75%. Le communiqué de la BCT a également mis l'accent sur la nécessité d'assurer un suivi rapproché des facteurs de pression sur l'évolution de la liquidité bancaire et du niveau des prix. Par cette révision à la hausse, la Banque Centrale agit sur le coût du crédit et la rémunération des liquidités. Ce qui est de nature à ajuster l'offre et la demande de crédits ainsi que la maîtrise des prix. Désormais, les crédits coûteront plus cher et les conditions d'octroi de crédits seront plus serrées, notamment pour les crédits à la consommation. Ainsi, les revenus des ménages seront rétrécis. D'où, les ambitieux plans d'achat, notamment de produits importés et de luxe, s'avéreront hors de portée, à court terme. Décidément, ce fléchissement de la demande sera ressenti sur le marché. Parallèlement, les producteurs seront contraints de réviser leurs prix à la baisse et de multiplier les mesures d'incitation à l'achat pour écouler leurs marchandises. Pour les consommateurs et les entreprises déjà endettés, une telle mesure ne ménagera pas leurs intérêts. En effet, les prochaines annuités à payer seront plus pesantes sur leurs budgets. Par ailleurs, il convient de rappeler que si les baisses consécutives des taux directeurs, au cours de cette phase de transition, n'avaient pas engendré l'évolution des investissements, une révision à la hausse pourrait ne pas mener aux objectifs escomptés. En effet, la maîtrise de l'inflation est tributaire des comportements des banquiers, des clients et des producteurs. Pour les banquiers, principaux acteurs de toute politique monétaire, le pouvoir de création de la monnaie par le biais des crédits devra être utilisé avec modération. En effet, les chargés de clientèle de ces structures doivent développer leur connaissance du demandeur du financement, indépendamment de l'évolution des taux, pour garantir le remboursement de la dette sans pour autant priver les opérateurs économiques des fonds nécessaires à leur développement. Les mouvements antagonistes d'octroi et de remboursement de crédits engendrent deux effets contradictoires de création et de destruction de la monnaie. D'où, au-delà des chiffres, ce sont les comportements des banquiers qui ajustent le rythme du rétablissement de la masse à des niveaux acceptables permettant de contenir les tensions inflationnistes.