Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a essayé de régler les problèmes en suspens en vue de démarrer l'année universitaire 2012/2013 sous de meilleurs auspices. M. Moncef Ben Salem, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui a tenu hier une conférence de presse avec les organes d'information nationaux et internationaux a indiqué que «de grandes difficultés ont caractérisé le travail ministériel vu le nombre important de problèmes hérités dont certains ont trouvé une solution alors que d'autres sont en train d'être traités pour les résoudre progressivement». Depuis la prise des choses en main au début de 2012, le ministère a été confronté à des problèmes urgents qui ont concerné certains établissements sous tutelle. Il a été décidé d'effectuer un mouvement au niveau des directeurs et directeurs généraux en vue d'insuffler un sang nouveau au travail des établissements concernés. «Cela ne veut pas dire que tous ces établissements sont suspectés de corruption», estime le ministre. La période de renouvellement de 25 ou 30 responsables a démarré en janvier dernier et se poursuivra jusqu'à la semaine prochaine. De plus, le secrétariat d'Etat à la Recherche scientifique a été supprimé en tant que département pour être intégré au sein du ministère. Meilleure représentativité des régions S'agissant de la rentrée universitaire 2012/2013, le ministre a annoncé que la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba qui a été fermée durant vingt jours a rouvert ses portes le 6 décembre 2011 pour que les cours se poursuivent normalement. Pour ce qui est des recrutements, le renouvellement des commissions se fait par voie d'élections et au cas où le quorum n'est pas atteint deux fois de suite, le ministère procède à la nomination. Depuis le mois d'avril et jusqu'au mois d'août, 80 commissions sont passées par cette procédure, sachant que chaque commission comporte 5 membres selon les spécialités. Le ministère veut une meilleure représentativité des régions dans lesdites commissions. Ce sont les universités situées dans plusieurs gouvernorats et il n'est pas question de privilégier un gouvernorat aux dépens d'un autre. D'ailleurs, les universités situées dans le Grand Tunis et sur le littoral sont choisies par les professeurs alors que les autres universités de l'intérieur, bien qu'elles disposent de moyens et d'équipements performants, sont presque délaissées. D'où l'importance des incitations matérielles pour orienter les enseignants vers ces universités. Pour ce qui est du Magistère et du Doctorat dont le nombre d'étudiants est de 130 mille, le ministère a jugé utile d'augmenter la valeur de la subvention qui a été débloquée le 10 mai suite à des controverses avec le ministère des Finances. «Il n'est pas normal de servir ces subventions assez tard aux étudiants», estime l'orateur. Il a évoqué, en outre, le problème des contractuels dont le nombre est de plus de 4.000 qui ne sont pas forcément des universitaires mais qui travaillent à mi-temps à l'université. Désormais, aux dires du ministre, plus de place pour le favoritisme comme c'était le cas par le passé, mais tout doit se faire sur la base de la loi en vigueur en privilégiant les concours. Le travail sur la base de mécanismes se distingue, en plus, par certaines lacunes dans la mesure où des travailleurs — dont certains sont diplômés du supérieur et sont détenteurs du Magistère — bénéficient d'un salaire de 120 dinars et ce depuis plus de dix ans! Et pourtant, ils assurent la grande partie du travail au sein de l'université. «Il faut trouver une solution radicale à ces travailleurs et éviter les décisions boiteuses», recommande le ministre. Cependant, il n'est pas question de faire des titularisations de façon automatique. Procédures d'évaluation communiquées En fait, la situation connaît des problèmes persistants auxquels il faut trouver des solutions urgentes et d'autres qui peuvent être traités progressivement. Parmi les établissements qui ont connu des difficultés, le ministre a cité, entre autres, les Instituts préparatoires aux études d'ingénieurs de Bizerte et de Nabeul et l'Institut supérieur de Musique de Sousse. Des solutions ont été trouvées pour démarrer l'année universitaire dans des conditions normales. Les examens se sont déroulés normalement et dans les délais. «Nous espérons que l'année 2012/2013 se déroule avec le minimum de problèmes», souhaite M. Ben Salem. Tous les responsables au ministère ainsi que les membres des commissions ont travaillé en continu durant la période estivale pour affecter 1.680 professeurs. Avant le 15 septembre les résultats seront disponibles. Les procédures d'évaluation ont été communiquées aux intéressés pour qu'ils puissent effectuer leur propre évolution en prenant en compte au mois 80% des réponses, les 20% relevant de l'appréciation de la commission de recrutement. Le concours des ingénieurs s'est déroulé aussi sans accroc. Des étudiants tunisiens peuvent bénéficier d'une subvention en vue de faire des études dans certaines universités européennes. Mais les études à l'étranger coûtent quarante fois plus que les études en Tunisie. De plus, seuls 5% des étudiants retournent au pays une fois leur diplôme en poche. Pour ce qui est de l'orientation universitaire, la session des lauréats du baccalauréat mathématiques dont le nombre des participants est de 2.048 et du baccalauréat des sciences techniques au nombre de participants de 524 a permis d'orienter 90 étudiants vers l'Institut préparatoire des études scientifiques et techniques, 35 aux Instituts préparatoires en France et 30 aux Instituts d'études d'ingénierie en Allemagne. La première session d'orientation a concerné 50% des lauréats au baccalauréat qui ont eu le meilleur classement, soit 31.262 candidats dont 30.476 participants. Le nombre des candidats orientés est de 29.193 soit 95.79%.La deuxième session compte 32.184 participants dont 26.833 ont été orientés soit 83.37%. Enfin, la session finale compte 5.099 participants dont 4.559 orientés soit 89.40%. Deux commissions, l'une sociale et l'autre sanitaire ont été constituées en vue de traiter les problèmes sociaux et sanitaires des candidats. La réorientation peut se faire dans le cas où les problèmes en question s'avèrent fondés. Conseil des universités au sein du ministère Pour ce qui est des nouvelles constructions au 31 août 2012 — en plus des procédures et des études en cours — on peut citer le démarrage des travaux d'aménagement du centre de recherches en technologie de l'énergie à Borj Cédria pour un coût de 258 mille dinars, la construction de l'Institut supérieur des sciences appliquées et de la technologie à Kasserine pour un coût de 14,7 MD, l'Institut supérieur du Commerce et de la Comptabilité à Bizerte pour un coût de 9,7 MD... Le ministre a indiqué, par ailleurs, que des villages de langues accueilleront les étudiants à Nabeul, Mahdia et Monastir (300 étudiants par langue) pour qu'ils se familiarisent avec la langue choisie en discutant avec des délégations étrangères invitées. Le ministre a évoqué les relations du ministère avec certains organismes et institutions internationaux comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, et des partenaires canadiens et américains. Les étudiants de Palestine et de Djibouti bénéficient de la priorité dans les universités tunisiennes. Déjà, la faculté de Médecine de Djibouti tire profit des moyens tunisiens mobilisés dans le cadre de la coopération entre les deux pays. Les échanges des étudiants se font également avec l'Algérie (30), le Maroc (70) et la Mauritanie (80). «La Tunisie doit rejouer son rôle d'avant-garde au niveau africain et surtout maghrébin», estime le ministre. Des conventions ont été conclues avec le Canada pour envoyer des étudiants étudier dans les domaines de l'hydraulique et de l'agriculture. Des étudiants tunisiens seront également envoyés aux Etats-Unis durant l'année scolaire 2013/2014 pour bénéficier du transfert technologique. Par ailleurs, le Conseil des universités, présidé par le ministre, compte les représentants de 14 universités. C'est un organe consultatif qui constitue la plus haute autorité au sein du ministère et toute décision passe par cette structure. Le projet de réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique implique une commission de 24 membres dont un représentant de chaque université et des commissions sectorielles dans chaque spécialité. La réforme peut durer selon le ministre deux à trois ans. Des autorisations ont été accordées en vue de créer deux établissements d'enseignement supérieur, à savoir l'Ecole privée d'ingénierie et de technologique appliquée à Sousse et l'Ecole supérieure internationale privée de technologie à Sfax. Ainsi, le nombre des établissements privés d'enseignement supérieur est porté à 46 en 2012.