• Révision du montant des bourses octroyées aux étudiants La révolution du 14 javienr a conduit à l'adoption d'un processus démocratique qui a permis l'organisation des premières élections transparentes en Tunisie, ainsi que l'élection d'une assemblée constituante, a relevé M. Moncef Ben Salem, ministre de l'Enseignement supérieur lors de la conférence de presse qui a été organisée hier. «L'ancien gouvernement a fait de grands efforts pour garantir la réussite de cette phase de transition démocratique, mais il n'est pas facile d'effacer du jour au lendemain les strates du passé», a affirmé M. Ben Salem qui a, par ailleurs, indiqué avoir rencontré des difficultés lors de sa prise de fonction, du fait de l'absence d'une référence constitutionnelle nécessaire à l'adoption des lois et des décrets. Le ministère prévoit, cependant, de lancer le vaste chantier de la réforme du système de l'enseignement supérieur, avec la contribution des cadres universitaires, des étudiants, des syndicats et des membres de la société civile. La première étape consistera à établir un diagnostic du système de l'enseignement supérieur, a relevé le ministre de l'Enseignement supérieur, et chaque université sera appelée à dresser les points forts et les faiblesses de son propre système d'enseignement universitaire. Des conférences et des forums seront, ensuite, organisés pour débattre des solutions avancées par les différents intervenants ainsi que des grands volets et thèmes autour desquels s'articulera la consultation nationale, afin d'établir la feuille de route sur la base de laquelle se construira la réforme. Cette dernière concernera plusieurs volets, dont le régime LMD, la carte universitaire, l'indépendance de la gestion des universités et des établissements universitaires, la garantie de la qualité et la révision des divers parcours universitaires. Afin de mener à bien cette consultation, des commissions ont été créées au sein des établissements d'enseignement supérieur et des universités, coordonnées par une commission au sein du ministère. Restructuration des commissions chargées du système LMD Afin d'asseoir cette réforme sur des bases saines, le ministère a pris plusieurs mesures d'urgence, dont la mise à niveau et la restructuration des commissions structurelles chargées du système LMD. Selon le ministre, un nouveau souffle doit être apporté à ces commissions qui ont pour mission de proposer des parcours et des filières d'enseignement et de recherche s'adaptant au marché de l'emploi. Le ministère a, par ailleurs, prévu de réformer le système d'évaluation, procédant à la révision de l'application Selima. Des sessions de formation ont été organisées afin que les responsables puissent maîtriser son utilisation, dans le but de conférer plus d'efficacité au décompte des notes à la fin de l'année. Le ministère a, en outre, procédé à la promulgation du décret relatif au diplôme du mastère dans le système LMD afin que la promotion des étudiants inscrits, cette année en mastère puissent obtenir leur diplôme de fin d'études. Par ailleurs, des réunions se sont tenues au cours de cette année universitaire, aboutissant à la publication de la note-cadre visant à instaurer et officialiser la troisième et dernière étape du parcours du régime LMD : le doctorat. Cette note permet notamment aux étudiants qui ont fait de longues études (cinq ans et plus) et obtenu les diplômes d'ingénieur, d'ingénieur génie civil, de médecine, de médecine dentaire, de médecine vétérinaire, de pharmacie.... de faire des études doctorales, sans passer les examens de magistère. Limiter le nombre de tours d'orientation Le ministère a prévu également de réformer le système d'orientation universitaire, en limitant le nombre de tours à deux au lieu de trois, afin de raccourcir les délais d'orientation et d'inscription universitaire. «Le but du ministère est de raccourcir la période consacrée à l'orientation universitaire afin que, le 31 août, tout soit achevé ». Parmi les mesures qui ont été programmées également au cours de ces mois-ci pour améliorer le rendement du système d'enseignement supérieur, le ministère a prévu la modification du système de recrutement des enseignants universitaires, afin d'accorder davantage de transparence à la procédure. La nouvelle mesure, qui a été adoptée, prévoit l'organisation d'élections pour la désignation des membres des jurys de recrutement, et ce, en installant des bureaux de vote au sein de toutes les universités, ce qui permettrait même aux enseignants de voter dans les établissements se trouvant à proximité de leur lieu de résidence. «Seuls 50% des enseignants universitaires sont titulaires. Les autres sont des enseignants contractuels, des vacataires, des professeurs d'enseignement secondaire, des chargés de cours... Ces enseignants pourront passer le concours de recrutement. Une grille d'évaluation sera soumise à chaque enseignant désirant passer le concours afin qu'il sache s'il répond aux critères. Par ailleurs, les jurys de recrutement doivent être équilibrés. Cela veut dire qu'on ne risquera pas de trouver au sein du même jury deux membres enseignant la même spécialité dans le même établissement universitaire. On veillera à ce qu'il y ait une représentativité géographique au niveau du jury de recrutement ». Augmentation des bourses Malgré «les conditions économiques difficiles» du pays, le ministère a décidé de procéder également à la révision des conditions d'octroi des bourses afin d'augmenter, d'une part, le nombre des étudiants qui en sont bénéficiaires et d'élever, d'autre part, le montant de la bourse. Le montant de la bourse octroyée aux étudiants inscrits en première, deuxième et troisième année licence est passé de cinquante à soixante dinars. S'agissant des conditions d'octroi, elles demeurent inchangées, à la seule différence près qu'au lieu de se baser sur le revenu annuel brut des parents, c'est le revenu annuel net, dont ont été déduits les abattements sociaux, qui sera, dorénavant, pris en considération, et ce dans le but d'en faire profiter le plus grand nombre d'étudiants. S'agissant de la bourse octroyée aux étudiants inscrits en mastère, elle sera également octroyée aux étudiants inscrits en mastère professionnel, au vu de l'importance que revêt ce dernier. C'est sur la base du critère du mérite que cette bourse était octroyée jusqu'ici. Ce critère sera maintenu, notamment pour les étudiants inscrits en deuxième année de mastère. Pour les étudiants inscrits en première année, le montant de la bourse est passé à 100 dinars, qui pourra être encaissé pendant onze mois. Pour les étudiants inscrits en deuxième année, le montant de la bourse s'élève à 140 dinars. Les étudiants inscrits au doctorat percevront, quant à eux, 250 dinars pendant douze mois au lieu de 140 dinars. La question du niqab a été également soulevée au cours de cette conférence. Selon le ministre, le port vestimentaire au sein de l'enceinte universitaire relève de la réglementation relative aux libertés individuelles et publiques. Il n'est, par conséquent, pas du ressort du ministère de l'Enseignement supérieur de décider si le port du niqab doit être autorisé ou pas au sein de l'établissement universitaire. Selon la loi en vigueur, c'est au chef de l'administration, en l'occurrence le recteur de l'université présidant le conseil scientifique, de prendre les dispositions internes réglementant le port vestimentaire.