L'association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (Atide) et son bureau régional à Bizerte ont organisé, samedi, une rencontre entre constituants et électeurs sur la question de la décentralisation dans le processus constitutionnel. Ce rendez-vous régional tenu à la Maison de jeunes de Bizerte a coïncidé avec un chantier inopportunément mené (dans une heure de pointe) au niveau du pont de la ville. Ce qui a imposé à des centaines de passagers coincés (Ndlr : à l'image du développement régional) dans de longues files d'attente de bronzer sous un soleil brûlant des heures durant. Et ce, dans l'attente de leurs tours respectifs pour passer de cette rive à l'autre et vice versa. Cette manifestation est donc venue à point nommé pour réaffirmer que la décentralisation est la pierre angulaire du développement régional. Dans son intervention, M. Bachir Elzam, constituant du mouvement Ennahdha a indiqué que la question de la décentralisation jouit d'un large consensus au sein de l'ANC et que tout un chapitre lui a été consacré dans le projet de la Constitution. Il a également fait remarquer que les constituants avec qui il s'était rendu dans des régions rurales défavorisées relevant du gouvernorat de Bizerte, ont formulé leur entière disposition à mieux consolider la place de ce modèle de gouvernance dans la nouvelle Constitution. M.Mourad Amdouni, représentant du Mouvement du peuple et membre de la commission des droits et des libertés à l'ANC voit les choses autrement. Pour lui, les indices de lendemains qui déchantent sont bien là. «Avec une représentation majeure qui respecte peu les libertés individuelles et collectives, on ne peut pas s'attendre à grand-chose pour ce qui est de l'adoption de la décentralisation comme un modèle de gouvernance. Car l'enjeu, tout l'enjeu, d'ailleurs, ne réside pas dans la simple écriture des textes de loi, mais plutôt dans leur application. De là, il convient de dire que la décentralisation est avant tout une culture et que les citoyens sont appelés à y jouer leur plein rôle», s'est-il-exclamé. Dans la même perspective, le constituant Mohammed Allouche ayant dernièrement démissionné du parti Ettakattol pour «le déficit démocratique dont il souffre», selon ses propres termes, a cité quelques articles extraits de la première esquisse de la nouvelle Constitution. Des articles qu'il a qualifiés d'importants, toutefois, dénués de tout aspect décisionnel. Ce qui présentera, selon lui, un handicap de taille devant les comités régionaux, municipaux et locaux de prendre leur destin en main et de jouer pleinement leur rôle dans l'œuvre du développement régional. «Tout reste à faire», a-t-il fait valoir. De son côté, M. Mohamed Salah Fliss, militant des droits de l'homme et ancien maire de Bizerte, a laissé entendre qu'il ne suffit pas d'écrire des articles de loi qu'on abandonne par la suite, pour s'assurer de la mise en place d'un système de gouvernance faisant une place à la décentralisation, comme un garant du développement régional. «Tant que les gouverneurs et les délégués sont toujours désignés et tant que les conseils municipaux n'ont pas leur autonomie financière, parler de décentralisation ou encore de développement régional, me semble à bien des égards un fait infondé». Dans leurs réactions respectives aux interventions des constituants, certains assistants ont reproché à leurs représentants à l'ANC le maintien dans l'oubli de tous les grands dossiers ayant trait au développement de la région. Des reproches face auxquels M.Elzam a rebondi en appelant ses critiques à aller sur Facebook pour s'enquérir de ce qu'ont fait les représentants de Bizerte à l'ANC pour la région. Et une jeune parmi l'assistance de rebondir: «Ce qu'ont enduré les gens aujourd'hui pour traverser le pont en est la preuve M.le constituant. Vous avez beaucoup fait pour la région».