Face à la multiplication des agressions (600 rien qu'au cours du dernier trimestre), nos forces de sécurité intérieure exigent d'être mieux... sécurisées ! Les tirs à balles réelles seront-ils autorisés ? L'agression sauvage perpétrée récemment du côté de Douar Hicher contre le commandant de la Garde nationale Wissam Ben Slimane a non seulement choqué l'opinion publique mais aussi a fortement secoué les milieux de la sécurité dans le pays qui n'en reviennent pas encore. Au-delà de son atrocité, cette agression est venue tirer la sonnette d'alarme pour un appareil sécuritaire qui ne compte décidément plus les déboires et les revers quand on sait, à titre d'exemple, que nos agents de police et de la Garde nationale ont été victimes, rien qu'au cours des trois derniers mois, de pas moins de 600 agressions (excusez du peu). Du jamais vu par le passé ! Que faut-il donc faire pour arrêter l'hémorragie ? Jusqu'à quand durera la traversée du désert pour nos policiers ? L'effet Efferalgan Bien évidemment, on se contente toujours du côté du ministère de l'Intérieur de condamner et en même temps de consoler la victime après chaque agression, mais hélas sans jamais aller au fond des choses. Sans toucher au cœur du problème. Et c'est justement cela qui irrite de plus en plus nos agents de l'ordre qui sont aujourd'hui — ironie du sort — beaucoup plus préoccupés par leur propre sécurité que par celle des citoyens. «On en a assez des mots gentils et des promesses mielleuses», déplore un agent. «Ce dont on a réellement besoin, insiste un autre, c'est un train de mesures matériellement sécurisantes». Et d'ajouter, de plus en plus inquiet: «Il faut absolument s'empresser de mettre tout en œuvre afin de réhabiliter notre corps qui n'est jamais descendu si bas, aidé dans sa dégringolade par des déclarations officielles qui ont toujours eu un effet Efferalgan qui tranquillise sans guérir». Il est vrai que, par les temps qui courent, nos agents de l'ordre, bien qu'armés, ne savent plus se défendre en service. Leur fameux effet dissuasif hérité du régime policier d'antan n'en est plus un. Au point qu'ils... laissent des plumes dans la plupart de leurs interventions sur le terrain. Révoltant ! Quid de la légitime défense ? Du coup, surgit la question de la légitime défense. Question d'autant plus complexe que l'usage, si abusif soit-il, des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc a fait jusqu'à présent la preuve de son inefficacité. Que faire alors ? «C'est simple», répond un chef de brigade qui propose «la mise en application de l'ordre d'usage des tirs à balles réelles, condition sine qua non de la réhabilitation des forces de sécurité intérieure, et par là, de la réussite du combat mené contre les fauteurs de troubles». Cette proposition qui s'apparente à une revendication est d'ailleurs partagée par la majorité de nos agents de l'ordre, d'autant plus que les tirs à balles réelles, selon les traditions policières, ne touchent que les jambes et sont autorisés en cas de légitime défense. La balle est donc dans le camp du ministère de l'Intérieur. Ce dernier se résoudra-t-il, un jour, à y adhérer ?