La Banque centrale de Tunisie a décidé le gel, du moins provisoire, des crédits à la consommation. Une mesure que certains qualifient d'incontournable sur le plan économique, alors que d'autres l'estiment totalement pénalisante sur le plan social. Sur le premier plan, on pense que la situation critique actuelle de l'économie nationale, marquée surtout par une tendance inflationniste grave, une régression significative de nos réserves en devises, un déséquilibre flagrant de la balance commerciale (selon les prévisions, le déficit commercial était de 3 milliards de dinars en août, devrait probablement atteindre d'ici fin 2012, 8 milliards de dinars), et une dérive continue et préoccupante du déficit budgétaire, a mis la BCT dans l'obligation de trouver une porte de sortie rapide à cette crise, avec le souci prioritaire d'assurer une meilleure rationalisation des importations des biens à la consommation et de garantir par là même une certaine stabilisation au niveau du taux d'inflation. Sur le deuxième plan, l'on reconnaît toutefois que malgré son caractère conjoncturel, cette mesure est inappropriée, car elle reste une solution de facilité. Elle intervient ainsi pour pénaliser le consommateur et menacer même son pouvoir d'achat et donc son bien-être. On rappelle dans ce même contexte que le taux d'endettement des ménages se situe aux alentours de 50% dont 25% sont des crédits à la consommation, ce qui montre clairement que ce recours n'est aucunement un choix mais plutôt une nécessité. Bien plus, la mesure de geler ce type de crédit intervient pour affecter directement la consommation des ménages, alors qu'elle est l'un des fondamentaux économiques et le principal moteur de la croissance du PIB. Certes, il y a d'autres composantes (investissement, échanges extérieurs...) mais leur impact n'est pas toujours positif, ni aussi important que celui de la consommation. Cela est d'autant plus vrai que toute production suppose au préalable «un vouloir d'achat» et donc un engagement de consommer. De ce fait, nos décideurs économiques, la BCT en premier lieu, auraient dû revoir la question autrement en misant sur le moyen et le long termes. Car, à court terme, nos décideurs auraient pu explorer d'autres pistes, moins handicapantes. On pense surtout à une révision des taux d'intérêt, à une réduction des délais de remboursement et notamment à une révision du système de recouvrement. Cette dernière disposition semble prioritaire, surtout que le volume des impayés poursuit toujours sa tendance haussière. En plus clair, on peut dire que la situation de notre économie nationale est tellement critique qu'elle exige une planification et une refonte profondes qui auraient pour mérite de garantir à notre économie une relance sûre et durable. Toute mesure conjoncturelle reste certainement à effet limité.