174 médecins comparaîtront bientôt devant des tribunaux militaires, selon les syndicats Le secteur de la santé publique sombre encore dans la précarité et les compétences nationales se raréfient davantage. A l'origine, une politique pour le moins défaillante de l'autorité de tutelle pour ce qui est de la réhabilitation du secteur en question. Voilà, en substance, ce que pensent les représentants du syndicat de base des médecins internes et permanents de Tunis, relevant du syndicat général des médecins. M. Sami Souihli, secrétaire général du syndicat des médecins et des pharmaciens, est allé plus loin pour associer la stratégie adoptée par le ministère pour promouvoir les prestations du secteur de la santé publique au simple fait de «jeter de la poudre aux yeux». C'est lors d'une conférence de presse tenue, hier, à Tunis qu'il a brossé un tableau noir de l'état des lieux du secteur. Un tableau noir qu'il a rattaché aussi bien à l'indisponibilité des outils de travail qu'à la médiocrité des conditions dans lesquelles évoluent les médecins dans les régions démunies. «Le ministère de tutelle croit, à tort, qu'il suffit de dépêcher plus de médecins spécialistes dans ces régions pour résoudre le problème de l'iniquité entre les Tunisiens en matière de santé. Or, le cadre médical qu'il faut engager dans les régions n'est, toutefois, qu'un maillon de la chaîne. Car le plus pesant des problèmes est celui de la qualité de l'infrastructure médicale. Sachant que les régions dont il est question ne sont toujours pas en mesure d'abriter des médecines de spécialité, et ce, en raison d'un manque flagrant en matière d'équipements», a-t-il avancé. Le même intervenant a fait observer, par la suite, que le mouvement de migration observé parmi les compétences du secteur public vers le secteur privé et à l'étranger est alarmant. Une migration générée, selon lui, par la médiocrité des conditions matérielles et professionnelles des médecins du secteur public. Kholoud Mouaouia, représentante du syndicat des internes et des résidents de Tunis, a, pour sa part, affirmé que 174 médecins comparaîtront bientôt devant des cours martiales pour n'avoir pas accompli le service civil, alors qu'ils viennent de démarrer leur carrière professionnelle comme assistants hospitalo-universitaires ou médecins de la santé publique. La même intervenante a ensuite ajouté que le ministère de la Santé ne respecte toujours pas l'accord signé le 24 juillet 2012, qui stipule l'arrêt des poursuites militaires à l'encontre des jeunes médecins spécialistes récemment diplômés. Elle a également noté que les cas exceptionnels (les femmes enceintes et les professionnels qui ont à leur charge des parents) ne sont pas pris en considération, tel est le cas pour l'ensemble des citoyens tunisiens. Les revendications de ces professionnels du secteur de la santé publique comme avancées par la même interlocutrice consiste donc à arrêter les poursuites militaires contre les jeunes médecins fraîchement recrutés et ceux qui présentent des cas exceptionnels, à appliquer l'accord du 24 juillet 2012, à fixer une date proche pour l'examen de fin de spécialité, à reprendre l'encadrement et la soutenance des thèses et masters, à commencer la correction du concours du résidanat, à fixer une date pour le début et la fin des commissions relatives aux statuts des internes et des résidents en médecine et à veiller à la concrétisation des accords signés les 16 et 24 juillet 2012 sur la sécurité du personnel médical.