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Quand l'ambassadeur sort de sa réserve et s'inquiète pour la Tunisie...
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 11 - 2012


Par Chokri Aslouje*
A l'occasion de l'Aïd El Kébir, les médias ont relayé en première les vœux de son excellence Jens Plötner, ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne, à l'adresse du peuple tunisien, chose qui a suscité plus d'une réaction. L'ambassadeur, nouvellement accrédité à Tunis, a tenu à féliciter les Tunisiens en arabe dialectal tunisien en leur disant : «Inchallah Aïdkom Mabrouk», comme pour manifester sa sympathie et faire sa révérence au peuple tunisien, qui a été le précurseur du printemps arabe et qui a forcé le respect des nations de ce monde par sa révolution pacifique. Dans son adresse aux Tunisiens, l'ambassadeur s'est adonné à un exercice périlleux dans l'art de la diplomatie en essayant de concilier deux contraintes difficilement pondérables, à savoir trouver les justes mots pour prendre position par rapport à ce qui se passe dans le pays hôte mais sans pour autant outrepasser la principe sacro-saint de la non-ingérence dans les affaires internes d'un autre pays. L'ambassadeur a proposé des conseils, exprimés en guise de souhaits, qui arrivaient à peine à dissimuler son inquiétude quant aux tiraillements qui font rage sur la scène politique nationale et qui risquent de faire chavirer la Tunisie pendant cette traversée houleuse de la transition démocratique. Il a exprimé son espoir de voir les Tunisiens fêter en toute sérénité, trouver le temps pour méditer sur les choses vraiment importantes, préserver l'unité nationale, défendre les acquis de la révolution et enfin opposer un non catégorique à toute forme de violence et de provocation politique. J'aurais tant souhaité que certaines franges de nos pseudo-élites et de nos politicards, qui n'épargnent aucun effort pour semer la zizanie et mettre le pays à feu et à sang, fassent preuve de patriotisme et de sagesse pour se soucier de la destinée et de l'intérêt suprême de notre pays autant que Monsieur l'ambassadeur d'Allemagne.
Dans ce même ordre d'idées, M. Plötner a réitéré le 3 octobre 2012, lors de la cérémonie célébrant la fête nationale allemande et devant d'illustres convives parmi lesquels on comptait en particulier le président du gouvernement Hamadi Jebali et le président de l'ANC Mustapha Ben Jaâfar, la détermination de l'Allemagne à aider la Tunisie, je cite : «Sur ce chemin difficile mais noble, le peuple tunisien peut compter sur l'amitié des Allemands, sur notre solidarité et sur l'aide active de mon gouvernement ». Il a fait par ailleurs allusion au dénigrement pratiqué par nos médias à l'encontre de nos élus, je cite : « Le mot ‘‘provisoire'' ne rend pas justice à l'énorme responsabilité des nouveaux dirigeants ». Il a par ailleurs insisté sur l'essentiel, c'est-à-dire la nécessité d'arriver à une Constitution qui unit les Tunisiens et sur l'importance d'élections libres et équitables. Il n'a pas omis de mettre en garde contre la violence en martelant: «Quand la violence entre en politique, nous perdons l'acquis le plus précieux de la Révolution: la liberté». Par contre, le message le plus remarquable, qui a retenu mon attention, était celui qui traçait les parallèles entre la révolution du peuple allemand qui a conduit à sa réunification et la révolution du peuple tunisien qui lui a permis de s'affranchir du joug de la dictature et qui s'illustre dans le passage suivant : «Beaucoup de problèmes auxquels les Tunisiens font face aujourd'hui nous rappellent notre propre expérience allemande. Nous avons partagé alors les joies et l'enthousiasme de votre Révolution, et aujourd'hui, en amis, nous partageons aussi votre impatience et vos frustrations. Je me souviens bien de notre révolution, des espoirs, de l'enthousiasme de cette fraternité de cause : les gens qui ne se connaissaient que depuis quelques minutes, tombaient dans les bras les uns des autres, s'invitaient spontanément à un repas ou offraient leur salon comme logement. Mais, je me souviens aussi de la gueule de bois quelques mois plus tard : les énormes espoirs qu'on avait mis dans la révolution ne se réalisaient pas d'un coup de baguette magique, les annonces de quelques hommes politiques s'avéraient trop optimistes. Outre les soucis matériels s'ajoutait le fossé psychologique entre les Allemands de l'Ouest et de l'Est, un fossé qui, de temps en temps, semblait être plus profond que le mur de Berlin fut haut. En somme, la fête de la liberté fut suivie d'un désenchantement au quotidien. Et par la suite, il a fallu des années pour petit à petit mettre en œuvre les promesses de la révolution. Depuis, des énormes progrès ont été réalisés! Cependant, nombreux sont ceux qui diront : même aujourd'hui, 22 ans après, il reste beaucoup à faire».
Il est tout à fait ahurissant de se rendre compte qu'on peut sans encombre remplacer dans ce discours le mot Allemand par le mot Tunisien sans que le texte perde de sa véracité par rapport à la description de notre réalité au quotidien et du devenir de notre révolution. Si ce discours ne serait pas à même de nous ouvrir les yeux sur les difficultés que même la première puissance économique européenne et l'un des peuples les plus laborieux et disciplinés ont enduré comme conséquences d'une révolution et s'il ne nous inspirerait pas à faire usage de notre intellect plutôt que de nos instincts pour emprunter enfin le bon chemin qui nous conduirait à notre salut, je ne saurai point qui ou quoi pourrait le faire !
L'engagement exemplaire de l'ambassadeur actuel envers la Tunisie qui, de toute évidence, ne fait qu'appliquer la politique tracée par son gouvernement, me rappelle aussi celui de son prédécesseur Dr Horst-Wolfram Kerll. Ce diplomate d'exception n'a pu également résister à sortir de sa réserve et à publier un article en son nom qui commençait par la phrase: « Ce n'est pas possible, je ne peux pas le croire...». Indigné par des dépêches véhiculées par certains de nos médias, faisant état d'un communiqué dans lequel le gouvernement allemand déconseille à ses ressortissants de visiter la Tunisie et d'une annulation massive des réservations vers la Tunisie par le principal tour-opérateur allemand, augurant d'une faillite totale dans la saison touristique, l'ex-ambassadeur disait : « Depuis plus d'un an, beaucoup de collègues de notre ambassade travaillent entre 12 et 16 heures par jour, et cela non seulement dans l'objectif de développer davantage les relations germano-tunisiennes, mais également pour soutenir le peuple tunisien dans son combat visant à consolider les acquis de la révolution et ses conquêtes de la liberté, de la démocratie et de la dignité, ainsi que pour appuyer également l'engagement de ce peuple pour la construction d'un meilleur avenir, y compris la relance du tourisme... La semaine dernière et jusqu'au week-end, une haute délégation parlementaire du Bundestag (Parlement allemand), à savoir des représentants de la commission du tourisme, a effectué une visite en Tunisie et obtenu de bonnes impressions sur la situation qui se stabilise et s'améliore de plus en plus ; en effet, cette délégation veut et va donner des signes positifs en Allemagne. Mais juste le 17 février 2012, un article qui se réfère à des sources auprès du tour-opérateur Thomas Cook a été publié par un journal de la place. Il prétend que des réservations faites par les touristes allemands pour l'Egypte et la Tunisie auraient été détournées au profit de la Turquie et de la Grèce. Ce n'est pas du tout le cas, selon les résultats des recherches que j'ai tout de suite fait faire !! De plus et à part le fait qu'il est absolument impossible en Allemagne de détourner les réservations au profit d'autres pays, les réservations faites par les Allemands pour la Tunisie enregistrent une nette augmentation et tendent à s'approcher du niveau d'avant la Révolution... Je pars du fait que nous allons avoir cet été à nouveau de bons résultats et un bon chiffre d'affaires pour la Tunisie. Mais ce qui est d'autant plus grave pour le journalisme tunisien est le fait d'avoir utilisé des citations de déclarations que le tour-opérateur Thomas Cook avait fait juste après la révolution ! C'est la chose que je ne peux pas croire. Il existe tant de bons journalistes dans mon pays-hôte que je me demande comment une chose pareille peut se produire. Est-ce qu'il s'agit uniquement d'un lapsus totalement trompeur ou est-ce qu'il y a d'autres intentions qui se cachent derrière? De toute façon, cela peut causer des dégâts importants». On sait aujourd'hui que l'ambassadeur a eu raison et que ses efforts louables ont abouti et ont contribué d'une façon significative à sauver et même à faire réussir la saison touristique. Ceux de nos concitoyens, qui ont misé sur le sabotage d'un secteur stratégique pour la Tunisie et sur la ruine du gagne-pain de centaines de milliers de Tunisiens, ce secteur qui a gravement souffert pendant la révolution et qui essayait de renaître de ses cendres, ont perdu Dieu merci leur pari !
L'adage tunisien : «On ne reconnaît un vrai ami que pendant les moments difficiles » donne forcément à l'Allemagne Fédérale le statut d'un ami privilégié de la Tunisie. L'Allemagne a tenu toujours une position ferme et critique vis-à-vis du régime déchu et a conditionné l'octroi à la Tunisie du statut de partenaire avancé de l'Union européenne, avec le respect sans faille des libertés et des droits de l'Homme. Lorsque d'autres pays essayaient d'insuffler la vie dans le corps agonisant de la dictature en lui proposant tous les moyens pour l'aider à mater dans le sang la révolution de la dignité, l'Allemagne a choisi clairement et sans appel de défendre le camp du peuple tunisien et n'a cessé, depuis, de multiplier les efforts pour aider la Tunisie à réussir cette transition, ô combien difficile. La dernière en lice de ces mesures était l'ouverture d'une représentation permanente de l'agence allemande des échanges académiques Daad pour favoriser davantage la coopération tuniso-allemande dans le domaine universitaire et de la recherche scientifique.
Les Tunisiens seraient bien lotis, à mon humble avis, en œuvrant à asseoir un partenariat stratégique avec l'Allemagne et en s'inspirant dans tous les domaines du modèle allemand pour réussir les paris du développement intégral, équitable et durable de notre pays.
*(Président de l'Association des Tunisiens diplômés des universités allemandes)


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