Aussi confortable soit-elle, la majorité qui a permis, jeudi dernier, à la Palestine d'accéder au statut d'Etat observateur à l'ONU (en fait non membre) laisse perplexe quant à la signification du vote ayant donné corps audit statut. Car sur les 193 Etats membres de l'Organisation des Nations unies, neuf ont voté contre, à leur tête les Etats-Unis, et 41 autres tels que la Grande-Bretagne et l'Allemagne se sont abstenus. Soit plus d'un quart de l'Assemblée générale ayant examiné la demande palestinienne qui ne l'a pas soutenue. Cette dernière a pourtant été revue à la baisse par rapport à l'année dernière. La Palestine avait, en effet, retiré à la dernière minute sa demande d'adhésion à l'ONU en tant que membre à part entière devant la ferme opposition de Washington et sa nette détermination à faire avorter le projet. Celui-ci devait être soumis au Conseil de sécurité de l'ONU pour que l'adhésion puisse avoir lieu. Les cinquante Etats qui n'ont pas soutenu la Palestine jeudi dernier ont chacun agi en fonction de ses intérêts immédiats, et ont ainsi bafoué les principes mêmes de la Charte des Nations unies qui prône la paix et la sécurité dans le monde et qui reconnaît sans équivoque le droit de chaque peuple à l'autodétermination, ce qui lui permet d'appartenir à la société internationale par le biais de l'Etat qui représente sa souveraineté. Ces pays ont donc failli en quelque sorte à leur devoir envers un peuple qui lutte pour son indépendance depuis plus d'un siècle, alors même qu'ils avaient adhéré à ladite charte qui, depuis son adoption en 1945, prône la décolonisation. Ils ont donc nié à la Palestine d'intégrer, fût-elle en tant qu'Etat observateur, le système des Nations unies et préféré l'en exclure et par la même occasion la marginaliser. Position qui ne sert en rien l'intérêt général de la société internationale. Bien au contraire, ils ont, à cause de leur position, appuyé l'injustice ainsi que l'hégémonie des Etats-Unis et leurs proches alliés qui désirent continuer à imposer leur diktat à l'ensemble de l'humanité afin de satisfaire une poignée de sociétés multinationales et de contrôler ainsi les richesses de la planète. En agissant de la sorte, ils ont émis un message négatif à l'encontre des peuples composant l'humanité tout comme à l'encontre de leurs peuples respectifs. Sous l'emprise de leurs gouvernements respectifs, ces peuples auraient voté pour s'ils avaient été consultés. Peuples qui malgré la propagande prosioniste et anti-arabe auraient choisi de soutenir la cause juste, celle du peuple palestinien. Le peuple américain, épris de liberté, ayant lui aussi lutté par les armes pour arracher en 1776 son indépendance, aurait lui-même voté pour la Palestine, même pour l'acquisition du statut d'Etat membre à part entière à l'ONU. La volonté du peuple américain est hélas confisquée par ses propres gouvernants, toujours sous l'emprise du lobby sioniste. Gouvernants qui, un certain 29 novembre 1947, avaient remué ciel et terre pour faire voter in extremis une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU instituant le partage de la Palestine. Cela avait permis aux sionistes de proclamer leur Etat qu'ils appelèrent Israël et qui a été sur le champ reconnu par ces mêmes gouvernants.Un Etat qui n'a causé au peuple américain que des ennuis. Le peuple américain est, en effet, contraint de financer et de subir les conséquences des caprices de cet Etat belliqueux, raciste et arrogant qui n'a jamais hésité à placer ses propres intérêts au-dessus de ceux de son protecteur et même souvent de nuire à ces derniers. Un Etat qui s'est inventé un peuple et qui n'a pas encore et jusqu'à aujourd'hui délimité ses frontières. Pire, il les décrit dans ses documents à l'intérieur d'autres pays souverains. Ce qui est contraire aux principes du droit international et même à la définition d'un Etat. Quant à la population représentée par l'Etat sioniste, elle est, elle aussi, l'otage d'un lobby extrémiste et violent qui ne recule devant rien pour l'exposer parfois aux réactions désespérées de combattants aux armes primitives, sorte de cris de détresse face à l'infernale machine sanguinaire d'une armée qui depuis plus près de 40 ans ne se mesure qu'à des civils désarmés. Le vote de jeudi dernier a donc reflété la volonté de peuples dûment représentés par leurs gouvernants et celle confisquée par d'autres. Bafouée quotidiennement par le sionisme mondial, la volonté de la société internationale est appelée aujourd'hui à mettre fin aux mécanismes discriminatoires au sein du système des Nations unies et de lui restituer par ricochet sa réelle volonté.