• Pour une vision prospective qui considérerait le Maghreb comme un relais naturel de développement pour les économies européennes en quête de croissance Le ministre de l'Industrie et de la Technologie, M. Afif Chelbi, a plaidé pour une plus grande solidarité et intégration de la zone Euromed face au péril asiatique. Le ministre, qui intervenait dans la cadre de la 2e édition des Entretiens de la Méditerranée, a indiqué que "si l'Europe ne veut pas devenir, à terme, un continent sans usines, son avenir dans ce secteur est lié au renforcement de ses liens avec les pays de proximité tels que la Tunisie". "C'est au Sud que se situent, aujourd'hui, les relais de croissance et le respect des équilibres macroéconomiques", a-t-il précisé avant d'ajouter : "Contrairement à certaines idées reçues, lorsqu'une entreprise européenne s'implante en Tunisie, elle pérennise dans la majorité des cas l'emploi en Europe. Ainsi, les exportations tunisiennes vers l'Union européenne (UE) ont certes été multipliées par 5 entre 1995 et 2009, atteignant près de 11 milliards d'euros, les importations tunisiennes en provenance de l'UE ont été multipliées quant à elles par 3 pour une valeur avoisinant les 13 milliards d'euros en 2009, soit un excédent en faveur de l'UE de 2 milliards d'euros". Conséquence : "Si aujourd'hui, comme il y a 30 ans, la Tunisie a toujours besoin de l'Europe, l'Europe a quant à elle beaucoup plus besoin du Sud, en général, et de la Tunisie, en particulier, pour faire face à l'émergence des pays asiatiques", a t il dit. Renforcement des relations Nord-Sud Le ministre a fait remarquer que "si la crise a induit des pressions fortes à court terme, elle offre une opportunité historique de renforcement des relations Nord-Sud. D'où la nécessité pour la Tunisie et l'Europe d'une nouvelle étape dans leur partenariat : l'accès au statut avancé", a-t-il relevé. Il a fait savoir qu'un tel projet implique une mutation profonde de la vision du Sud, et du Maghreb en particulier, de la part de l'Europe d'une vision de court terme qui ne se contenterait plus d'y rechercher pétrole, gaz et rempart contre le terrorisme et les flux migratoires à une vision prospective et réaliste qui considérerait le Maghreb comme un relais naturel de développement pour les économies européennes en quête de croissance (une vision prospective qui rejoindrait en somme le slogan de la campagne que la Tunisie mène en Europe depuis plus d'un an : "Looking for growth ? Think Tunisia". Selon le ministre, une telle vision suppose des initiatives ambitieuses en termes d'IDE, de transfert de technologie et de liberté de circulation : un deal gagnant-gagnant : énergie, sécurité, bassins d'emplois contre partenariats, investissements et technologies. Il estime que la zone Euromed se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins : soit elle s'intègre davantage et prend pleinement sa place dans la nouvelle division internationale du travail qui s'annonce, soit, pour reprendre les termes du cercle des économistes, elle devient la zone prolétaire de la nouvelle économie mondiale.