Désormais, on donnera plus de chance aux enfants du club tout en rationalisant les recrutements Tous ceux qui connaissent de près Hamdi Meddeb savent deux choses essentielles chez l'homme : la formation des jeunes est son dada; la deuxième est relative à un principe qui lui est cher : «Il est de ma nature de ne pas dire du mal des autres, surtout d'un entraîneur qui a quitté le club. Alors, je vous prie, je voudrais qu'on évite d'évoquer certains détails qui peuvent faire du mal à un entraîneur partant. Je tiens à remercier toute personne qui a fourni des efforts. Tout ce que je peux dire, c'est que le changement d'entraîneur s'inscrit dans l'intérêt du club», a tenu à préciser Hamdi Meddeb au début de notre entretien, où il a évité systématiquement de nommer son ancien entraîneur. D'autre part, et malgré notre insistance, il a évité de revenir sur la défaite de la finale de la Ligue des champions, qui a été la principale cause du divorce entre l'Espérance et Nabil Maâloul. Le président de l'EST se contente d'une petite confidence : «J'ai commencé à douter à l'issue d'un certain match. L'idée de changer d'entraîneur a mûri depuis. Si j'ai évité de vous faire des déclarations au Zouiten à la fin du match amical contre le CSHL, c'est que j'ai été conforté dans mes idées. Les choses n'allaient plus comme je le voulais. Bon, arrêtons de parler du passé. N'essayez pas de m'entraîner là-dessus s'il vous plaît», insiste Hamdi Meddeb. Mercato : «Ce sont mes choix» Le premier responsable, qui s'est éloigné pendant plus d'un mois du Parc B, a gardé un silence... assourdissant. Rien n'allait plus au sein du club et la confusion commençait à s'installer. On savait que l'entraîneur allait être limogé. Ce qu'on ne sait pas, par contre, c'est qui a fait les recrutements? Le président de l'EST éclaire notre lanterne : «J'assume mon entière responsabilité pour les recrutements effectués lors du mercato. Ce sont mes choix. Toutefois, j'ai consulté trois personnes travaillant dans la direction technique», nous a fait savoir notre interlocuteur. En d'autres termes, le premier responsable espérantiste s'est retourné vers son cercle restreint pour gérer la crise en toute discrétion. Chose qu'il nous confirme lorsque nous l'interrogeons sur le timing du changement d'entraîneur et le choix porté sur Maher Kanzari : «Je ne pense pas que j'ai mis trop de temps pour changer d'entraîneur. Je me suis précipité l'année dernière à nommer Michel Decastel, pensant que ses qualités et sa compétence suffiraient. Nous avons perdu la Super Coupe africaine et nous avons failli perdre le championnat. Cette fois-ci, j'ai pris mon temps. Le changement s'est opéré après que l'équipe eût terminé son stage. La décision a été mûrement réfléchie. Je me suis concerté avec cinq membres du bureau directeur et nous avons rejeté l'option de recruter un technicien étranger. Luigi Maifredi a entraîné la Juventus, mais a échoué avec l'Espérance en 1996. C'est dire que le profil de technicien étranger ne réussit pas forcément à notre équipe. Il fallait engager un technicien tunisien qui connaît bien le groupe. Maher Kanzari a le profil adéquat. Je connais bien son travail avec la sélection cadette. Il s'intéresse de près aux jeunes. Je suis persuadé qu'il saura faire accéder des jeunes du club à l'équipe senior. Notre politique sera axée beaucoup plus sur la formation. Désormais, nous nous y investissons beaucoup plus. Au lieu de recruter à coups de millions des joueurs qui, de surcroît, ne donnent pas forcément le plus, nous ferons accéder des jeunes du cru imprégnés de la culture du club», souligne le président de l'EST. Des titres, encore des titres Mais pourquoi le premier responsable du club a-t-il fait venir celui à qui il a refusé de donner les rênes de l'équipe il y a deux ans, alors qu'il savait que c'était son vœu le plus cher : «Je pense qu'il lui manquait encore au moins une année comme adjoint, ou aller tenter une expérience de premier entraîneur ailleurs, pour pouvoir prétendre au poste de premier entraîneur de l'Espérance. Beaucoup pensaient qu'il était trop jeune à l'époque. Maintenant, il a le profil. Il a passé cinq ans comme adjoint à l'EST et a fait une bonne expérience au CAB. Mais vous savez, on ne peut pas plaire à tout le monde. Kanzari a aussi ses détracteurs. J'ai écouté tout le monde. A un moment donné, il a fallu trancher: j'assume ce choix. Maher Kanzari ne m'a jamais demandé par le passé de faire des recrutements faramineux. Dès le premier jour où il a débarqué avec Cabral, je lui ai dit qu'il est le futur premier entraîneur de l'EST. Il saura alimenter l'équipe première par des jeunes. Des cadets comme Sahraoui, Laghmouchi ou encore le frère de Ben Chérifia, qui sera un grand gardien, sont formés au sein du club et sont susceptibles d'accéder à l'équipe senior», a notamment déclaré Hamdi Meddeb. Il a nié, entre autres, que l'EST a payé un million de dinars pour avoir Kanzari : «Nous n'avons pas un puits de pétrole à l'EST. Nous avons attendu que Maher résilie son contrat avec Al Sailiya avant de l'annoncer officiellement comme nouvel entraîneur. Il débarque en fin de semaine et commencera aussitôt le travail. Nous exigeons de lui des titres et de s'occuper parallèlement des jeunes. Car, à l'Espérance, on ne peut dire aux supporters d'attendre : ils veulent des titres, encore des titres. C'est ce que nous exigerons de Maher Kanzari», conclut le président de l'EST.