Appel à la création d'un centre national de réhabilitation des victimes de la torture Une convention-cadre a été signée, hier à Tunis, entre le ministère des Affaires de la Femme et de la Famille, l'Association des femmes tunisiennes, l'Association des jeunes avocats et l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (Aispp). La convention a été signée lors d'une table ronde sur les prisonnières d'opinion en Tunisie. «Elle vise à rétablir les droits des ex-prisonnières politiques à travers l'engagement de procès contre les auteurs de tout type d'abus et l'encadrement psychologique et médical des anciennes détenues, ainsi qu'à travers la garantie de leur intégration socioéconomique et de leur indemnisation pour les années passées en prison», a déclaré à la TAP Saïda Akremi, présidente de l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques. Elle a fait savoir que le nombre des anciennes détenues politiques est estimé à 460 au moins. «Deux ans après la révolution, ces prisonnières n'ont pas encore recouvert leurs droits les plus élémentaires, à savoir le droit à un emploi et à une indemnisation», a-t-elle soutenu. La présidente de l'Aispp a fait remarquer que la justice transitionnelle doit reposer sur la condamnation des agresseurs et des symboles de la dictature, l'indemnisation des victimes de la torture et leur réintégration dans la société à travers la création d'un «Centre national de réhabilitation des victimes de la torture». «Si les injustices subies par ces prisonnières ne sont pas réparées par la justice tunisienne, on déposera plainte auprès des tribunaux pénaux internationaux», a averti Saïda Akremi, qui a indiqué que certaines détenues politiques ont été emprisonnées et torturées à l'âge de 12 et 15 ans. De son côté, Mme Sihem Badi, ministre des Affaires de la femme et de la famille, a réitéré le soutien à toutes les femmes victimes de violence et de torture, indiquant que la signature de cette convention-cadre marque le début de la concrétisation du processus de justice transitionnelle. Pour sa part, Adnen Mansar, porte-parole officiel de la présidence de la République, s'est félicité de cette coopération entre le gouvernement et la société civile. «L'Etat doit présenter des excuses aux ex-prisonnières politiques et leur garantir tous les moyens d'intégration dans la société», a-t-il ajouté. La rencontre qui a réuni des avocats, des juristes, des militants des droits de l'Homme, des constituants, des représentants de partis politiques et de la société civile a été aussi une occasion pour écouter les témoignages de plusieurs anciennes détenues politiques, outre la projection d'un film documentaire sur ce sujet.