Sélectionneur et échéances : voilà le fonds de commerce des «irresponsables» et de ceux qui ne veulent pas changer les choses... Nous avons franchement peur qu'entre le championnat qui reprendra ses droits, le rendez-vous du 22 mars face à la Sierra Leone, le rapport interne de la FTF, l'omerta de tous et la guerre de succession, nous avons peur que notre équipe nationale et notre football passent de nouveau à côté. Il faut dire que toute l'ambiance footballistique est encore sous le choc de la CAN et que la déception est à la mesure des espoirs nourris la veille. Même nous autres, observateurs privilégiés de la chose footballistique et de l'équipe nationale, avions été floués. Il faut dire que rien, mais vraiment rien, ne laissait présager ce Waterloo. A un ou deux éléments près, les meilleurs étaient là. Du moins sur le papier car nous allions vite nous rendre compte que ce n'étaient que les meilleurs sur le papier et que le terrain allait nous révéler de terribles vérités. Vérités qui allaient se greffer à d'autres, celles de Dubaï, Qatar et de l'Afrique du Sud. Poudre à l'œil et échéances Puis ce choix du départ d'une longue préparation inadéquate qui a fini par faire imploser un groupe déjà fragile par ses contradictions et déséquilibré par les envies, les états d'âme et les objectifs des uns et des autres. Comme nous avions été naïfs, nous qui sommes encore persuadés que la cause nationale était sacrée, le don de soi un devoir et le goût du sacrifice un plaisir. Or, tout ce qui s'est passé à Dubaï, à Qatar, puis en Afrique du Sud prouve le contraire. Il faut dire que le terrain était plutôt fertile pour ce genre de comportements et d'attitudes et que rien n'a été fait pour y mettre fin. Ni décisions stratégiques et encore moins de décisions spectaculaires et exemplaires, telles la démission du bureau fédéral ou alors la mise à l'écart définitive de joueurs. Rien de tout cela même si on a innové à l'occasion de cette CAN sud-africaine en «rapatriant» médecin et kiné (le premier en ayant profité pour se répandre sur les journaux en pleine CAN) et qu'on fera très probablement dans le classique en poussant le sélectionneur vers la porte de sortie. Rien de vraiment original, rien qui puisse véritablement faire avancer les choses. Le tout au nom des échéances, au nom de l'intrêt suprême de l'équipe nationale. Le ridicule ne tue malheureusement pas... Entendons-nous sur une chose : des échéances, il y en a eu, il y en a et il y en aura toujours et qu'on arrête d'en faire l'argument-massue, l'épouvantail par excellence pour envoyer aux calendes grecques la restructuration de notre équipe nationale. En attendant, bien sûr, celle de notre football. En brandissant ces arguments et l'urgence, nous ne gagnons pas du temps mais nous en perdons chaque fois plus car la véritable peur, ce n'est pas de léser l'équipe nationale mais bel et bien de regarder la vérité en face. Notre football est à court d'hommes, de lois, d'idées, de transparence, de réformes et de... mémoire. C'est le règne absolu de l'amnésie et cela arrange tout le monde. On fait semblant d'oublier qui a fait... n'importe quoi; pourquoi il est encore là et, surtout, pourquoi il continue à faire... n'importe quoi. Alors, de grâce, pour une fois, ne faisons pas la politique de l'autruche, accordons-nous une pause et regardons-nous les yeux dans les yeux. La nomination d'un sélectionneur national. Elle n'est en aucun cas la priorité absolue, dans la mesure où ce n'est pas cette décision qui mettra fin aux pratiques, aux mœurs ou, encore, aux dépassements de tous genres vérifiés au sein de cette institution. Pour ce qui concerne le choix du sélectionneur, nous savons pertinemment que la Fédération n'a pas les moyens de se payer un grand nom (d'ailleurs, est-ce bien utile?) et que le ministère ne veut pas. Nous savons également que Nabil Maâloul, qui vient de faire une déclaration officielle à la TAP où il s'est dit pas concerné par l'équipe nationale et qu'il sera de retour à Al Jazeera, a opéré un revirement à 180 degrés et qu'il est très actif dans les coulisses pour être l'élu. Et qu'il n'a aucune chance d'y être d'après l'avis des décideurs mêmes. Rapport, enquête ou les deux à la fois? Le bureau fédéral s'apprête à se réunir jeudi prochain pour établir le rapport sur la participation de notre équipe nationale à la CAN. Nous ne savons pas quelle sera la teneur de ce rapport, s'il concernera tout ce qui s'est passé, du départ à Dubaï jusqu'au retour à Tunis, en passant par le Qatar et l'Afrique du Sud mais, ce que nous savons en revanche, c'est qu'il ne sera qu'un rapport subjectif puisque rédigé par des parties prenantes de l'échec sud-africain. Ce n'est pas là un procès d'intention mais une réalité d'autant que le terrain n'est pas le seul objet d'accusation dans cette affaire. De ce fait, une enquête externe doit voir le jour au plus vite. Et ceci est du devoir et des prérogatives du ministère de la Jeunesse et des Sports. Non seulement cette enquête s'impose mais elle urge d'autant qu'on ne pourra pas repartir le 22 mars face à la Sierra Leone et plus tard avec ceux qui ont fait du tort à l'image de notre équipe nationale. La dernière chose à faire, c'est de s'attaquer sérieusement aux problèmes financiers de la FTF, qui continuent à empoisonner l'ambiance. On sait que notre fédération est à la dèche et ce n'est pas l'échec de la CAN qui va l'y aider. Un accord-programme doit être atteint avec le ministère. Mais avant cela, une question se pose : cette fédération est-elle digne de confiance et de foi? Toute la question est là...