Le ministre de la Jeunesse et des Sports et la Fédération tunisienne de football s'en tiennent à présent à la raison et à la sagesse C'est la désescalade. Le clash a été à ce point spectaculaire qu'il a fait craindre à une certain moment le pire. Car cela commençait à sentir le roussi avec la perspective de bloquer les activités de l'instance suprême du foot national et, par ricochet, celles de l'équipe de Tunisie qu'attend une suite délicate des éliminatoires du Mondial. La réunion avant-hier du bureau exécutif de la FTF a débouché sur un communiqué publié sur le site de la Fédé où certains points sont tirés au clair : aucune infraction à une saine gestion des subventions ministérielles, pas d'écarts disciplinaires de la part des joueurs lors de la campagne de la CAN 2013 : «Toutes les pièces comptables sont disponibles», rappelle le communiqué, qui souligne que «le bureau fédéral évolue indépendamment et loin de toute considération politique et partisane». Tout en insistant sur le nécessaire respect mutuel, cet organe veut inévitablement tourner cette page malheureuse. De son côté, Tarek Dhiab a noté, à l'occasion de sa visite avant-hier à Sousse, que les fédéraux n'ont pas été irréprochables lors de la campagne africaine. Mais il considère au final qu'il s'agit à présent de passer à autre chose et au travail sérieux pour remettre l'ensemble du foot national sur les rails. La récré est finie. Place au travail ! L'aspect humain du drame Au-delà des enjeux sportifs qui font quelquefois perdre la tête et dépasser les fameuses lignes rouges subsiste l'aspect humain du drame. Le milieu de terrain du Stade Gabésien, Charfeddine Belhaj, a perdu son job. Il a été radié à vie par la Ligue nationale de football professionnel dans sa réunion d'avant-hier. Un chômeur de plus, s'agissant d'un professionnel, lequel, le talent aidant, a choisi d'épouser une carrière de footballeur. Un moment d'égarement lui a été fatal tant les rapports à partir desquels la ligue «pro» a statué sont accablants. Un péché de jeunesse qui peut arriver à tout le monde? On connaît ce que peuvent bien faire à chaud des joueurs sous le coup de la déception, ce que peuvent dire des dirigeants ou des entraîneurs sous l'effet de la frustration. Pour être rare à ce niveau de la compétition, en Ligue 1, une décision de radiation à vie et d'interdiction de pratiquer toute activité sportive concentre toutes les peurs, tous les raidissements. «C'est si grave que cela?», s'interrogent immédiatement les gens. Dans le cas de figure, le drame dépasse peut-être le joueur. Derrière l'ancien demi d'El Gaouafel de Gafsa, qui a perdu le nord dans un match à rejouer face à... Gafsa, il y a également une famille: «Je ne sais pas ce que je vais faire pour mon père, pour ma mère. On a détruit toute ma famille», se lamentait-il dans les médias. Certes, il aurait fallu qu'il y pense sérieusement avant de passer aux actes. Il y a aussi le public de la «Stayda» qui a réagi de suite en apprenant la nouvelle, faisant le siège du gouvernorat, brûlant des pneus, démantelant des panneaux de signalisation et appelant au boycottage de la compétition. Le club va faire appel de cette sanction. L'espoir de tous les sportifs consiste à ne pas voir cette affaire prendre des proportions exagérées. Le gouverneur de la région Houcine Jerad a pris contact avec le ministre de tutelle et avec le président de la fédération pour les appeler à intervenir.