C'est monsieur théâtre par excellence. Aly Ben Ayed incarne la passion du 4e art et son excellence. Au cours d'une brève existence (1930-1972), il a su traduire les valeurs suprêmes des arts et de la culture. Qui est Aly Ben Ayed? Né le 15 août 1930 à la rue du Théâtre à Hammam-Lif, Aly Ben Ayed descend d'une famille d'origine djerbienne. Son père Mahmoud et sa mère Néjiba venaient de l'île des rêves. Il entame ses études à l'école Dar El Bey, et joue déjà un rôle dans la pièce La princesse Banga de Ali Douagi. Ensuite, il poursuit ses études au collège Sadiki. Au déclenchement de la guerre de Palestine en 1948, après de vaines recherches, sa famille le retrouve aux frontières avec la Libye. Il comptait rejoindre les troupes volontaires des combattants contre le colon israélien. Après un premier voyage en France, en 1950, Aly Ben Ayed rejoint l'école du théâtre arabe de Tunis. Un an plus tard, il joue le rôle de Rodrigue dans la pièce Le cid. Il fait connaissance avec des membres de la troupe du doyen du théâtre arabe Youssef Wahby, Amina Rezk, Georges Abiadh, Ménassa Fehmy. De Paris au Caire A partir de 1952, il rentre à l'Institut des arts dramatiques de Paris où il a pour professeur René Simon. En 1955, la municipalité de Tunis l'envoie au Caire s'inscrire à l'Institut des hautes études des arts dramatiques. De retour à Tunis, il fait son entrée à la Troupe du théâtre nationale populaire. Il épouse sa cousine Fatma. Il retourne ensuite en France pour faire une formation dans la mise en scène et l'éclairage. Il découvre là-bas les techniques radiophoniques. Apprentissage aux Etats-Unis De retour à Tunis, il assiste le directeur de la troupe de la Ville de Tunis, Mohamed Agrebi. Il joue Créan dans Œudipe Roi, Abdallah dans Abderrahmane Naceur, et un autre rôle dans Dhaâ souabi (J'ai perdu la raison). En 1959, il présente pour la première fois Hamlet de sa propre réalisation. Il joue également dans le film Tunis Top secret. Le 7 février 1960, c'est sa deuxième pièce El Kollu min Aïchoucha (Tout est de la faute de Aïchoucha). Le 8 juillet de la même année, il part aux Etats-Unis d'Amérique découvrir les techniques modernes des arts. Il visite Hollywood. L'année d'après, il rejoint, avec Hassen Zmerli, la Troupe de la Ville de Tunis le 9 février, il présente Caligula de sa réalisation, et où il joue également. Les blessés de Bizerte Lors de la bataille pour l'évacuation, il se porte volontaire pour le transport des blessés de Bizerte à Tunis à bord de sa voiture. Il quitte la Troupe de la Ville de Tunis pour intégrer celle de la Radio. Il prend une part prépondérante à la création du centre culturel de la ville d'Hammamet. Il prodigue ses conseils pour son architecture. Il met en scène Caligula pour le théâtre de Carthage. Mais il est victime d'une hémorragie cérébrale qui nécessite son transfert en France. Devant Bourguiba et Haïlé Sélassié En septembre 1963, il dirige la Troupe de la Ville de Tunis qui joue Madrasset ennisa (L'école des femmes) dans une mise en scène de Mohamed Aziza. Le 23 octobre, à l'occasion de l'inauguration du Palais de Carthage, devant le Président Bourguiba et l'Empereur d'Ethiopie, Haïlé Sélassié, il joue El Jallaa (L'évacuation) texte de l'écrivain libanais Souleymane Haydar. En mai 1964, Aly Ben Ayed joue Al aïnou bel aïn (Œil pour œil) au théâtre des nations de Paris et au Théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis. En décembre 1964, il réalise Othello et L'avare. En 1966, il joue et réalise Murad III écrite à son intention par Habib Boularès. La pièce est présentée dans le cadre du Théâtre du Maghreb arabe de Monastir. En 1967, il réalise et joue Yerma après avoir obtenu l'autorisation de la sœur de Locar, son auteur, en Espagne. En octobre, il épouse Samia Mzali En décembre 1969, il joue Yerma à l'occasion des festivités du millénaire du Caire. En 1970, il joue six représentations de Yerma au festival de Baâlabek au Liban. Il réalise Œudipe le Roi et Saheb El Himar pour les besoins du Festival de Carthage. Le 11 décembre, il monte pour la dernière fois sur scène dans la pièce Akfass wa soujoun. Le 12 février 1972, alors qu'il mettait en France la dernière main sur une pièce portant sur la lutte du peuple palestinien, il est foudroyé par une hémorragie cérébrale. Il est transporté à l'hôpital Salpêtrière où il rend l'âme, l'après-midi du lundi 14 février 1972. Le 17 février, il est inhumé au cimetière du Jellaz.