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Le devoir de mémoire bafoué
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 03 - 2013

Pour la deuxième année consécutive, rien ne semble annoncer que la Tunisie célèbre aujourd'hui, mercredi 20 mars 2013, la fête de l'Indépendance.
Aucun signe des festivités habituelles, aucun programme prévu ni à l'échelle de la présidence de la République ni à celle du gouvernement. Les partis politiques donnent, eux aussi, l'impression de faire l'impasse sur l'événement.
La Presse a approché nombre d'acteurs du paysage politique national et de militants de la société civile et leur a posé les questions suivantes :
— Que symbolise pour vous la célébration de la fête de l'Indépendance et quelle saveur a-t-elle, deux ans après la révolution ?
— Quelle lecture faites-vous de l'attitude des autorités par rapport à la célébration de cette date fondatrice dans l'histoire de la Tunisie ?
— Comment réagissez-vous à ceux qui se sont remis à la réécriture de l'histoire du pays, à leur goût et selon leurs propres intérêts ?
Témoignages.
Samir Taïeb (constituant d'El Massar)
«Les fêtes nationales de plus en plus marginalisées pour des raisons idéologiques»
La fête de l'Indépendance symbolise, à mes yeux, l'Etat national tunisien, avec tout ce que cela suppose comme institutions et organismes importants du service public, entre enseignement, santé, planning familial et autres. C'est l'œuvre de Bourguiba qui a fondé l'Etat national moderne à travers la conquête du territoire national.
Malheureusement, on remarque le recul de cette modernité étatique nationale, par exemple lors d'une visite que nous avons effectuée au bassin minier, nous avons observé l'absence de l'Etat moderne : à Om Laârayes, la délégation, le poste de police, la Cnam, la Steg et autres institutions et organismes étatiques étaient fermés. Tous avaient les portes closes comme s'il s'agissait d'un territoire qui ne fait pas partie de notre République.
Bourguiba doit vraiment se retourner dans sa tombe. Cela sans compter que l'Etat moderne est petit à petit remplacé par le sectarime et l'obscurantisme.
Mais malgré tout, on remarque chez la majorité des Tunisiens qu'il y a un regain d'intérêt pour la date du 20 mars, qui, auparavant, symbolisait un seul parti et une personne unique. Or, l'année dernière, nous avons remarqué un regain de ferveur pour la fête de l'Indépendance qui a été célébrée pratiquement d'un seul côté, celui du peuple.
Alors que du côté du gouvernement, il n'y a eu aucun signe de célébration du 20 mars. Ce sont les citoyens qui ont brandi les drapeaux complètement absents de toutes les artères des villes du pays.
Et je considère que l'absence de festivités et d'intérêt de l'Etat et du gouvernement pour la date de l'indépendance du pays est honteux.
Les partis ne sont pas responsables de la dévalorisation de cette date historique, ils ne peuvent que prendre des positions à travers des communiqués ou quelques manifestations qui n'attireront que leurs partisans.
Mais c'est au gouvernement et à l'Etat de fêter avec tous les honneurs et de commémorer la mémoire de nos martyrs qui ont donné leur sang pour l'indépendance du pays.
La fête de l'Indépendance doit être célébrée officiellement. Or on remarque que les fêtes nationales comme le 9 avril, le 20 mars et autres sont de plus en plus marginalisées par l'Etat et le gouvernement pour des raisons idéologiques.
Cela commence par le déni de toutes les fêtes nationales qui sont normalement partie prenante de l'identité nationale pour aboutir, au final, au changement et à la transformation du modèle identitaire et social, ainsi que du mode de vie de la société.
Azad Badi (constituant du parti Wafa)
«L'indépendance ne s'est pas encore réalisée»
Je remarque à priori que l'Etat tunisien n'est pas encore indépendant. Car l'indépendance ne signifie pas uniquement celle territoriale, autrement dit l'absence militaire d'un Etat colonisateur, mais signifie aussi l'indépendance politique, économique, sociale, ainsi que la souveraineté des décisions nationales.
A mes yeux, l'indépendance ne s'est pas encore réalisée et cela ni avant ni après la révolution, nous sommes encore colonisés au plan social, politique, économique, éducatif, etc.
Le 20 mars est une occasion pour rappeler que la révolution a ouvert les portes pour la finalisation de l'indépendance nationale et l'épopée de libération nationale. C'est pourquoi j'ai proposé dans le préambule de la Constitution le couronnement de l'épopée de libération nationale, car je considère que le processus de libération n'est pas encore achevé.
Ainsi, cette fête représente une opportunité pour rappeler toutes ces approches et nous invitons toutes les parties politiques à s'investir dans la construction d'un Etat réellement indépendant, loin de tout calcul politique, électoraliste ou partisan étroit.
A mes yeux, la fête de l'indépendance n'a pas changé de symbolique ni avant ni après la révolution en ce sens que toutes les parties politiques sont préoccupées par l'édification du pouvoir et ses impératifs que tous considèrent comme supérieurs aux impératifs et aspirations du peuple.
Or l'indépendance est la réalisation des exigences et aspirations quotidiennes du citoyen, loin de tout calcul élitiste.
Enfin, l'absence de signes de célébration du 20 mars prouve que tout le monde est préoccupé par la lutte pour le pouvoir, soit pour le conserver concernant ceux qui l'ont ou pour le conquérir concernant ceux qui ne l'ont pas, a fortiori à l'approche des élections et cela au détriment des intérêts nationaux et des citoyens.
Propos recueillis par Samira DAMI
Riadh Ben Fadhl
(coordinateur général d'Al Qotb)
Une date fondatrice
Pour nous, le 20 mars représente une fête nationale avec tout ce que le mot «nationale» implique comme sens et significations. Cette fête est la fête de tous les Tunisiens et de toutes les Tunisiennes. C'est le fruit d'un combat auquel tous les Tunisiens, sans distinction sociale, régionale ou de sexe, ont contribué pour que notre patrie soit indépendante.
Destouriens, communistes, nationalistes et zeitouniens ont participé, chacun à sa manière, à ce combat commun qui s'est concrétisé par notre indépendance nationale.
Ce combat a ouvert la voie à la bataille tout aussi importante de la mise en place des fondements de l'Etat moderne dont nous continuons de profiter aujourd'hui.
Nous nous étonnons de l'absence de célébration de cette date fondatrice et nous espérons que les festivités du 20 mars 2013 ne seront pas au niveau dramatique et honteux que nous avons connu le 20 mars 2012.
Il est des dates qui jalonnent l'histoire moderne de notre pays à l'instar de celle du 17 décembre 2010-14 janvier 2011.
Celle du 20 mars est une date aussi importante dans notre histoire commune. Il est inadmissible de vouloir l'occulter de quelque manière que ce soit.
Boussaïri Bouebdelli
(président du Parti républicain maghrébin)
Occulter la fête de l'Indépendance, un acte de trahison caractérisée
D'abord, cette date est un symbole de fierté pour l'ensemble des Tunisiens et un moment de devoir de reconnaissance pour tous ceux qui ont combattu pour la liberté.
Le peuple, toutes catégories confondues, a vécu la révolution couronnée par l'accès à l'indépendance. C'est la première fierté pour tous, y compris pour les jeunes qui n'ont pas connu les humiliations de l'occupant français et les sacrifices consentis durement par tout un peuple afin qu'il dégage.
Quant à la deuxième révolution, celle du 14 janvier 2011, elle est venue couronner logiquement celle menée pour l'indépendance et la liberté.
L'absence de tout signe de célébration de cette fête constitue pour moi un acte de trahison caractérisée de l'esprit de l'indépendance commis par ceux qui sont actuellement au pouvoir et qui oublient le sang versé par les patriotes et les intimidations éprouvées par les Tunisiens pour qu'ils puissent, eux, goûter, aujourd'hui, aux délices du pouvoir.
Le président de la République provisoire est libre d'invoquer n'importe quel différend historique avec Bourguiba. Cela ne doit pas empêcher l'institution de la présidence de la République de célébrer la fête de l'Indépendance avec les égards qu'impose cette date phare dans l'histoire de notre pays.
Quant à ceux qui se sont mis à réécrire l'histoire à leur goût et selon leurs propres intérêts, je leur dis qu'ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent tant qu'ils sont aux commandes du pays. C'est une question de temps.
Il y aura d'autres gens qui rétabliront les vérités et proposeront au peuple la vraie histoire.
Khaireddine Souabni
(secrétaire général adjoint du parti Attaliaâ arabe démocratique)
Un déni de reconnaissance inacceptable
Autant la date du 20 mars constitue un moment de victoire pour la volonté nationale de recouvrer la souveraineté, autant elle représente un sujet de discorde sur l'approche et la démarche qui ont conduit à l'indépendance et à son degré de réponse aux contenus réels de cette indépendance et des rapports de la Tunisie avec son environnement arabe et principalement maghrébin.
Malheureusement, après la révolution du 14 janvier et au lieu de faire de cette date une véritable fête et une opportunité de dialogue national dans le sens de l'approfondissement de notre souveraineté, on fait tout pour occulter cette date historique et faire oublier ses symboles.
Le gouvernement en place, la Troïka au fronton et l'Assemblée nationale constituante en sont responsables. C'est un déni de reconnaissance inacceptable à l'encontre de ces générations qui ont donné leurs vies pour que la souveraineté nationale se concrétise. De plus, la classe politique dans sa majorité n'a pas été au rendez-vous.
Il est clair que nos politiciens ont choisi de régler leurs comptes avec le passé et qu'ils ont peur que la vérité soit dévoilée.
Il est malheureux aussi que l'histoire soit un éternel recommencement dans la mesure où ceux qui sont au pouvoir à l'heure actuelle sont tombés dans le piège de considérer que l'histoire de la Tunisie commence le jour où ils ont accédé aux commandes du pays.
Propos recueillis ar A.DERMECH


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