Le nouveau sélectionneur a visiblement l'intention d'opérer un bond dans le... passé Indépendamment des aspects techniques et tactiques, l'Equipe de Tunisie a souffert ces trois dernières décennies d'énormes et de graves problèmes de comportement. Problèmes qui ont souvent —négativement —conditionnné ses résultats et faussé ses objectifs. Et même quand cette équipe atteignait un palier, elle finissait toujours par retomber dans ses travers et par tout gâcher. Faut-il en effet rappeler qu'après la parenthèse heureuse de 2004 (que nous avons fini par payer très cher), notre onze représentatif n'a vraiment rien réussi de bon, à l'instar de trois présences consécutives «scandaleuses» en phases finales de Coupe du monde, avec trois éliminations au premier tour et, surtout, un bon paquet de polémiques. Plus récemment encore, une élimination de la Coupe du monde et deux autres au premier tour de la Coupe d'Afrique des nations, au Ghana et en Afrique du Sud. Ceci pour dire que par-delà l'aspect sportif, celui qui devrait en principe être décisif dans les performances d'une équipe, ce sont les autres qui ont fait polémique. Mauvais choix au départ, mauvaise gestion du groupe par le sélectionneur et par une équipe fédérale qui ne voit pas plus loin que ses intérêts personnels et électoraux. Il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé lors et après la CAN pour vous rendre compte de l'étendue du gâchis, de l'absurdité de la polémique et de ses effets collatéraux... ravageurs. Et le foot dans tout cela? Vous avez sûrement dû le remarquer, ce titre revient souvent à la tête de nos articles car, nous journalistes, nous ne nous retrouvons souvent pas dans les querelles de clocher, extrasportives et sûrement pas utiles pour notre équipe nationale et notre football en général. Comme celles que nous vivons en ce moment avec les responsables de notre fédération qui ont entamé depuis quelque temps une fuite en avant vertigineuse. Etrangers et locaux : l'éternelle polémique ! Le football, le vrai, il faudrait pourtant en parler avec la nomination «houleuse» d'un nouveau sélectionneur national et surtout ces deux rencontres face à la Sierra Leone, premier pas vers une qualification à la Coupe du monde. Sur ce plan bien précis, nous ne sommes guère rassurés par les dernières déclarations d'intention du nouveau sélectionneur qui semble vouloir revenir à d'anciennes recettes explosives qui ont été derrière l'implosion du groupe. Prenez le cas de Harbaoui. Au lendemain de la CAN, ce joueur a tiré à boulets rouges sur l'ancien sélectionneur, rompant la règle du silence et brisant le droit de réserve. Ceci en l'absence d'une évaluation réelle de notre participation à la CAN, tant par Youssef Zouaoui que par le bureau fédéral. Aujourd'hui, Nabil Maâloul parle de discuter avec ce joueur et, pourquoi pas, le récupérer. Qu'en pense le président de la FTF? Qu'en pensent ses coéquipiers? Qu'en pense l'opinion publique ? Ailleurs, un international qui se répand en invectives sur l'équipe nationale est automatiquement exclu. Qu'il ait tort ou raison, ce genre de réaction constituant une porte ouverte à tous les dépassements, à toutes les dérives. Mais, il n'y a pas que cela puisque Maâloul dit penser également à Hagui qui a été au cœur de tant de problèmes dans ce groupe ; à Mikari qui n'est pas toujours titulaire dans son club de Sochaux ; à Sayhi, à Ben Hatira et à d'autres encore. Professionnels à l'ego surdimensionné, qui acceptent mal d'être en concurrence, remplacés ou sur le banc et qui finissent par créer l'irréparable dans le groupe. Et qu'on ne nous accuse surtout pas de nourrir la polémique et le clivage Tunisiens de l'étranger et Tunisiens de l'intérieur! Le propos n'est pas là, mais si l'on devait revenir à la prise de pouvoir de ceux de l'étranger, que de problèmes en perspective. Ceci d'autant qu'ils ne sont pas tous titulaires dans leurs clubs et qu'on ne peut pas dire qu'ils sont des stars en Europe. A l'instar des Adebayor, Drogba, Gervinho, Yaya Touré, Ben Henda, etc. Puis, cela réveille une autre polémique, celle des sélectionneurs nationaux qui font appel à des remplaçants en Europe pour faire remonter leur cote et pour en tirer quelques avantages, quelques dividendes... aux dépens de la logique de l'éthique sportive et des sacro-saintes règles qui régissent les équipes nationales et qui veulent qu'un joueur ne peut être convoqué en équipe nationale que s'il est titulaire dans son équipe et qu'il y brille. Pour l'ambiance, pour l'éthique et pour les résultats, le nouveau sélectionneur n'a pas intérêt à s'amuser à faire un bond dans le passé. Au risque de retomber dans des polémiques qui peuvent précipiter la énième chute de l'équipe nationale. Et sa propre chute!