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Une ouverture mesurée et une administration neutre, clés de tout redressement Le système financier tunisien entre les défis de la transition démocratique et les opportunités de la bonne gouvernance
Pourquoi la place financière de Tunis tarde encore à décoller pour atteindre le niveau de plusieurs places émergentes en termes de capitalisation boursière, de volume des transactions et de nombre d'entreprises à la cote ? Autour de ces questions, entre autres, se sont articulés les travaux du Forum de l'Economiste maghrébin, tenu, hier, à Tunis, sur le thème «Le système financier tunisien : entre les défis de la transition démocratique et les opportunités de la bonne gouvernance». Dans son allocution, Mme Laura Baeza, ambassadeur, chef de la Délégation européenne en Tunisie, a fait remarquer que les secteurs bancaires tunisiens et des Etats de l'Union européenne (UE) ont, depuis 2008, fait face à de grands chocs. Elle a, ensuite, souligné que les faiblesses de certains établissements et de l'environnement réglementaire et prudentiel sont devenues fort perceptibles. D'où la nécessité d'un renforcement du secteur. Ce, pour limiter, dans un premier temps, les risques qui pèsent sur la stabilité macroéconomique et, dans un second temps, pour augmenter sa contribution à la reprise de la croissance par l'investissement privé, à travers des petites et moyennes entreprises. Dans la même perspective, l'intervenante a appelé à la mise en place de nouveaux éléments et moyens susceptibles de dynamiser le secteur financier et d'augmenter sa contribution à une plus forte croissance en Tunisie. De ce point de vue, elle a indiqué que l'UE a soutenu, en coordination avec la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI), l'adoption de mesures pour améliorer la gouvernance des établissements bancaires, renforcer la fonction de supervision de la Banque centrale. Dans le cadre du deuxième programme d'appui à la relance, il a été procédé, a-t-elle ajouté, au lancement d'audits financiers et stratégiques des principales banques publiques : STB, BNA et BH, afin de les restructurer. Abondant dans le même sens, elle a annoncé que dans le cadre du Programme d'appui à la relance, l'UE a, en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD) et l'Agence française de développement, soutenu le ministère des Finances et les autres acteurs étatiques et non étatiques impliqués dans l'adoption d'une nouvelle loi sur la microfinance en 2011. «Même si du travail reste à faire en ce qui concerne, par exemple, le développement d'une centrale des risques ou l'adoption de normes prudentielles adéquates, ces changements devraient permettre une croissance très significative du nombre et de la qualité des établissements de microfinance en Tunisie, notamment dans les régions défavorisées, avec des retombées positives en termes d'emploi et de productivité», a-t-elle renchéri. Dans cet ordre d'idées, elle a fait observer qu'une enveloppe supplémentaire de 4,8 millions d'euros (9,16 millions de dinars) a été mobilisée afin d'appuyer les nouveaux établissements de microfinance engagés à s'implanter dans des régions défavorisées. Nécessité d'un partenariat public-privé Dhafer Saïdane, universitaire évoluant en France, a noté au fil de son intervention que le système financier tunisien a intérêt à se conformer aux standards internationaux. Tout autant que les banques publiques peuvent tirer de larges profits du partenariat avec le privé, notamment avec des banques étrangères. «Les avantages du partenariat avec les banques étrangères sont nombreux. Cela favorise l'accroissement de l'efficience, l'utilisation des nouvelles technologies, l'instauration des bonnes pratiques, l'amélioration de la transparence et la garantie des conditions de stabilité macroéconomique». Il a, en outre, affirmé que les banques publiques sont appelées à s'orienter vers la petite entreprise afin de diversifier leurs actions et devenir un moteur de développement économqiue et social. L'universitaire a, à ce propos, proposé de s'inspirer de l'exemple chinois sans pour autant manquer de préserver la souveraineté monétaire et la souveraineté du pays. «Les Chinois ont procédé à une ouverture mesurée de leur système bancaire en s'orientant vers le partenariat public-privé. Une démarche à la chinoise pourrait être utile à notre économie». Sur un autre plan, l'économiste Moez Joudi a insisté sur la bonne gouvernance, comme étant un moyen pour l'instauration d'un système financier fiable et transparent. Pour lui, la bonne gouvernance est une culture qui fait toujours défaut en Tunisie. «A mon sens, même la Banque centrale est en panne de cette culture. Au sein de cette banque, il y a un conflit d'intérêts latent. Ce qui veut dire qu'elle n'est pas apte aujourd'hui à donner des leçons en matière de bonne gouvernance». S'attardant davantage sur les dessous de la faiblesse du système financier tunisien, le même intervenant est également revenu sur le cadre juridique qui n'est pas, selon lui, bien approprié aux objectifs escomptés. «Certaines lois ont besoin d'être renforcées alors que d'autres doivent être appliquées littéralement à toutes les banques». Abordant les règles de bonne pratique, il a énuméré entre autres : la neutralité et l'intégrité de l'administration au sein des banques, la réactivité, l'efficience de la communication financière, la formation des administrateurs et de comités d'audit présidés par des administrateurs indépendants, la disponibilité de comités de risques et la dissociation des fonctions entre autres.