Le deuxième round du congrès de dialogue national, à l'initiative de l'Ugtt, prévu pour début mai prochain, intervient près de huit mois après la première étape du même congrès qui s'est tenue le 16 octobre. Cette première étape s'est déroulée, faut-il le rappeler, dans un climat particulier marqué notamment par la polémique juridico-politique qui a traversé le paysage politique national sur «la fin de la légitimité électorale le 23 octobre 2012». Position que plusieurs partis de l'opposition soutenaient, les partis de la Troïka au pouvoir arguaient pour leur part que la légitimité électorale n'était pas limitée à une année et que l'ANC n'avait pas approuvé le fameux document signé en septembre 2011 par onze partis, dont Ennahdha, sous la supervision de Yadh Ben Achour, président à l'époque de la Haute instance de la révolution, et limitant la durée de l'élaboration de la Constitution à un an. Le premier round du congrès s'est tenu également dans une atmosphère marquée par les partis de la Troïka annonçant à la veille même des assises du Palais des Congrès à Tunis une feuille de route fixant la date des élections générales au 23 juin 2013. Mais, entre-temps, qu'est-ce que la classe politique nationale et plus particulièrement les constituants ont réussi à accomplir parmi les revendications exprimées dans la déclaration finale qui a sanctionné les travaux du 1er round du congrès de dialogue national ? En revenant à cette déclaration, l'on découvre que les participants ont appelé à la mise en place de l'Instance indépendante des élections et à ce qu'elle soit opérationnelle avant le 1er décembre 2012. Presque huit mois après, l'Instance des élections a vu le jour en décembre 2012 mais elle n'est pas encore opérationnelle puisque l'on est toujours à la phase de sélection des candidats qui composeront son conseil de direction. (Voir La Presse du 26 avril 2013). Idem pour le choix du régime politique à choisir (parlementaire, présidentiel ou mixte). Les constituants ne sont pas arrivés à arrêter une formule commune et les participants au dialogue national à Dar Edhiafa, à l'initiative du Dr Marzouki, ont suspendu, jeudi 25 avril, leurs travaux parce qu'ils ne sont pas parvenus précisément à un accord sur cette question. Il en est de même pour la détermination des prérogatives qui seront confiées au président de la République et au chef du gouvernement, Ennahdha campant toujours sur ses positions, appelant à ce que l'essentiel du pouvoir exécutif revienne au chef du gouvernement aux dépens du président de la République qui verra ses attributions toujours insignifiantes, même s'il est élu au suffrage universel ! Quant au calendrier électoral et «à la nécessité de la séparation entre la présidentielle et les législatives», deux autres revendications soutenues par les participants à la rencontre du 16 octobre 2012, rien de définitif n'est encore adopté et le blocage continue à perdurer, faute de consensus. La seule revendication à être concrétisée est bien celle relative à la mise en place de l'Instance provisoire de la magistrature. Cette instance vient, en effet, d'être créée dans une atmosphère marquée par une vive polémique entre le syndicat et l'Association des magistrats qui se livrent une véritable bataille de déclarations et de contre-déclarations à propos de cette instance. Une bataille qui ne fait qu'envenimer et détériorer le climat régnant au sein de la famille de la magistrature. Pour ce qui est de l'instance des médias, l'on ne compte plus les promesses quant à sa création et plusieurs au sein de la profession n'y croient plus. Pour conclure, l'on est en droit de nous interroger : allons-nous attendre encore des mois pour que les dossiers inscrits à l'ordre du jour du 2e round du congrès de dialogue national puissent trouver une oreille attentive et en premier lieu la finalisation de la Constitution ?