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Cinéma tunisien : Est-ce le retour de H'mida Ben Ammar ?
Cinéma - Plongée
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 06 - 2010

Nous le disons sans la moindre exagération : si le vent avait tourné dans la bonne direction, H'mida Ben Ammar aurait été, à l'heure actuelle, le meilleur cinéaste tunisien, toutes périodes confondues, tellement il est sensible, doué et pourvu d'un sens aigu de l'image. Mais la carrière d'un artiste — et H'mida Ben Ammar en est un — ne se décide pas en fonction des opportunités du hasard et des aléas de la vie. Pour parvenir au sommet, la chance peut jouer un rôle, mais d'une manière minime et tout compte fait passagère. Pour réussir, il faut de l'endurance, de la persévérance et une bonne dose de masochisme, surtout dans cette période où les temps ne sont plus cléments.
H'mida Ben Ammar vient de bénéficier d'une aide à la production octroyée par la commission consultative du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine pour son scénario Elissa, la reine vagabonde, qui est une adaptation du roman éponyme de l'écrivain tunisien Fawzi Mallah, publié il y a quelques années à Paris. Cela fait plus d'une vingtaine d'années que le plus grand documentariste tunisien, auteur des inoubliables Ezzitouna au cœur de Tunis et Ribat, réalisés au début des années 80, n'a pas tourné. Il revient sur scène avec le projet d'un film de fiction ambitieux qui nécessite un budget qui dépasse les deux milliards. Le ministère de tutelle va lui accorder 600.000 dinars. Qu'en sera-t-il du reste du budget global ?
Ampleur rituelle et raffinement plastique
Dans sa pratique documentaire, H'mida Ben Ammar, né en 1941, aura placé la barre très haut. D'autres réalisateurs tunisiens ont fait ou feront des films sur l'Histoire de la Tunisie et sur la civilisation arabo-musulmane, d'une manière générale, à travers des monuments célèbres, des mosquées réputées et des arts séculaires, mais sans atteindre son niveau. Perfectionniste de la composition graphique, géomètre de la couleur et de la lumière, fasciné par les mutations décisives, socio-politiques et mentales, que révèlent les grandes séquences de l'Histoire d'un pays, H'mida Ben Ammar a su créer son propre univers, trouver une touche qui lui est si particulière et un regard sensible à l'exubérance et à la magnificence de la mise en scène.
Dans tous ses films, de l'inégalable La Zitouna au cœur de Tunis (1981) à La Calligraphie arabe (1971) et Ribat (1986), sa signature est celle d'un artiste qui a voulu mettre à contribution les ressources du langage cinématographique pour une perception moins guindée, plus séduisante de l'Histoire.
Leçons d'histoire
Dans Ribat, la main d'un jeune homme tape sur la porte blindée de la forteresse qui renferme douze siècles d'histoire. La porte reste impassible. C'est une autre porte, moins imposante, qui s'ouvre par la grâce d'un vieillard qui accueille le jeune visiteur, une lanterne à la main.
L'Histoire, ce n'est pas du savoir froid et académique, mais un périple initiatique à la lumière duquel un voyageur connaisseur ou profane, toujours ébloui comme dans un rêve, revient aux origines de l'Histoire de son pays et aux fondements de la civilisation arabo-musulmane. Dans La Calligraphie arabe, c'est à travers le regard d'une jeune femme que sont révélés les arabesques de la lettre arabe et les sanctuaires où elle a déposé ses circonvolutions serpentines. Dans La Zitouna, les déplacements d'un troubadour assoiffé de savoir, scandant les étapes les plus importantes de l'Histoire moderne de Tunis, telles que la création de la mosquée de La Zitouna par Hassen Ibn Noômane, sa restauration par Obeidallah Al-Habhab, son véritable fondateur, la grande renaissance intellectuelle et scientifique incarnée par Ibn Khaldoun, l'historien et le sociologue novateur, et Ibn Arafa, le penseur taxé de conformisme et de traditionnalisme, le rôle capital joué par l'école zeïtounienne dans l'enseignement des sciences et la propagation des connaissances, l'apparition d'une lignée de grands réformateurs tels Kheireddine Pacha et Ahmed Ibn Abi Dhiaf, la flambée de la lutte pour l'indépendance de la Tunisie et l'apport important qu'a eu l'élite zeïtounienne, entre autres, dans l'encadrement et la mobilisation du mouvement, etc. Dans Ribat, le jeune homme qui quitte le fort après avoir parcouru ses dédales et feuilleté ses parchemins, n'est plus le même. Il en sort le pas lourd, comme envahi par une lassitude extrême. Il s'endort dans la voiture qu'il avait garée aux portes du Ribat de Monastir sur les hauteurs duquel se sont brisées plusieurs armées conquérantes. À son compagnon qui vient le rejoindre, il demande : «Ai-je dormi longtemps ?» La découverte de tant de péripéties historiques donne le vertige et vous emplit de quelque chose de nouveau dont vous n'aviez même pas conscience.
Un cinéaste de la théâtralité liturgique
H'mida Ben Ammar aime aussi bien les arènes que les coulisses de l'Histoire, notamment politique et intellectuelle. On le sent fasciné par les complots qui se trament dans les méandres du pouvoir, les actions entreprises par des hommes illustres ou par des chefs de guerre téméraires pour rétablir la souveraineté nationale du pays, le charisme et l'aura que dégagent des personnalités héroïques telles que la Kahena ou Hassen Ibn Noôman, le lent et patient travail accompli par des savants et des éducateurs dans la transmission du savoir aux jeunes générations, ou par des artistes peintres dans l'exploration des possibilités infinies du graphe de l'écriture arabe. A ses yeux, l'Histoire est intense, violente et tragique. Ribat s'ouvre sur le bruit frénétique des cavalcades des guerriers dont quelques échos sont récurrents dans La Zitouna au cœur de Tunis. Le rythme de l'Histoire est accéléré, imprévisible et rapide. L'effet de surimpression qui caractérise la plupart des récits historiques du réalisateur n'est pas dicté uniquement par un souci d'économie narrative, mais de condensation dramatique et dialectique. Il y a des moments où le cours de l'histoire, après des périodes de calme et de léthargie, déferle, culmine, se précipite, tel un rouleau compresseur. Ben Ammar sait filmer cette agitation et cette superposition d'événements au cours desquels plusieurs paramètres interviennent, s'entremêlent et s'interpénètrent. Même dans un film sur l'art tel que La Calligraphie arabe, ce qui l'intéresse, en premier lieu, ce n'est pas la forme aboutie et stable de la lettre arabe, mais son aventure foisonnante et tentaculaire en train de se faire sous nos yeux.
L'Histoire telle qu'elle se déploie, dans les documentaires de H'mida Ben Ammar, obéit certes à un fil conducteur chronologique, mais sans être pour autant traitée d'une manière linéaire. L'Histoire, à ses yeux, n'est ni plus ni moins qu'une tragédie grecque. Il semble en privilégier surtout les moments où «les masques tombent» et «la mascarade terminée», comme c'est dit par le narrateur de La Zitouna au cours d'une représentation historique dans un temple. S'il fait jouer des comédiens du Théâtre Phou et quelques habitants de la Médina de Tunis où se déroule son film, c'est pour souligner que l'Histoire n'a pas seulement à être décrite et commentée, mais rejouée et représentée telle une pièce de théâtre, comme si elle datait d'aujourd'hui et que nous en étions les témoins directs. L'intensité et la grandeur du passé ne peuvent être saisis qu'à la lumière d'une virée dans le présent. Dans La Zitouna au cœur de Tunis, il y a une séquence splendide qui l'illustre. Ibn Khaldoun et Ibn Arafa sont en train de discuter derrière un rideau blanc, telles des ombres chinoises. L'échange de points de vus entre ces deux penseurs aux antipodes l'un de l'autre est intéressant à suivre. Mais brusquement le théâtre de ce face-à-face intellectuel est écorné et anéanti par la trivialité d'habitudes quotidiennes. En effet, la main d'une femme enlève le rideau qui s'avère être du linge qu'on a mis à sécher dans une grande cour découverte. Les documentaires de Ben Ammar se soucient également de faire le point sur l'écart entre le prestige d'hier et le délabrement rampant d'aujourd'hui.


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