• Si les épreuves écrites de l'examen du baccalauréat se dérouleront du 9 au 16 juin pour la session principale et les 28, 29, 30 juin et 1er juillet pour la session de contrôle, cet examen universel fête cette année son 119e anniversaire en Tunisie. Flash-back sur les origines de cette épreuve dans notre pays S'il y avait un examen aux allures universelles, ça serait bien le baccalauréat. Cette épreuve, qui a la double particularité de marquer la fin des études secondaires et d'amorcer l'accès à l'enseignement supérieur, a été créée dans sa version moderne en France sous Napoléon Ier en vertu du décret organique du 17 mai 1808 et a pris plusieurs appellations dans le monde entier. Par exemple, le bac en Egypte prend le nom de la «thanaouia el âmma». D'après l'encyclopédie Wikipédia, il est l'équivalent de l'«abitur» en Allemagne, de la «matura» en Autriche, de la «maturità» en Italie, de la «maturité/matura/maturità» en Suisse, du «certificat d'enseignement secondaire» en communauté française de Belgique, du «a-level» au Royaume-Uni, du «high school diploma» aux Etats-Unis, de la «selectividad» en Espagne, du «gymnasieexamen» en Suède, du «ylioppilastutkinto/studentexamen» en Finlande. Il ne doit, cependant, pas être confondu avec le «bachelor's degree» du système anglo-saxon ou le baccalauréat belge qui sont des diplômes universitaires. Toujours selon cette encyclopédie, le terme baccalauréat dérive du bas latin bachalariatus, désignant un rang de débutant d'abord dans la chevalerie, puis dans la hiérarchie religieuse et universitaire. Le «bacca lauri» (baie de laurier) est un grade/diplôme de l'enseignement supérieur correspondant à différents niveaux suivant les pays. Il désigne généralement le premier grade universitaire. Il peut être accompagné de la mention d'une discipline : baccalauréat ès arts, baccalauréat ès sciences, baccalauréat en droit, baccalauréat ès lettres. En Tunisie, le baccalauréat ne date pas d'hier comme l'attestent les archives nationales. 1891, date du premier bac tunisien En effet, dix ans après 1881, date de l'occupation française, le pays a connu son premier baccalauréat. Il s'agissait tout simplement d'un baccalauréat «métropolitain», dessiné par les idées de Jules Ferry. Concernant la participation des Tunisiens, cette dernière était particulièrement faible. Il faut dire que cette année-là, on était bien loin des 57.204 admis au bac session principale de 2009, soit seulement six premiers bacheliers tunisiens. Néanmoins, de 1891 à 1916, le nombre des bacheliers tunisiens n'a pas dépassé les 120 âmes. Durant un quart de siècle, la moyenne annuelle tournait autour de 5 bacheliers par an. En revanche, en 1927, le nombre des musulmans qui ont réussi ce diplôme a atteint la barre de 27 bacheliers, et en 1938, le nombre des bacheliers a doublé depuis 1927 pour atteindre 58. A noter que jusqu'au milieu des années 1970, le baccalauréat dans ses deux versions (française et tunisienne) se déroulait en deux parties. Le bac post-Indépendance Le baccalauréat a été aussi un critère d'indépendance. Ainsi, le 31 mai 1957 restera à jamais une date gravée dans la mémoire de notre éducation nationale. Les responsables de la Tunisie fraîchement indépendante ont, en effet, instauré un examen qui répond aux besoins locaux, avec un programme 100% tunisien. Certes, après 66 ans de baccalauréat français, le citoyen tunisien a eu droit, enfin, à son propre baccalauréat. Ce jour-là, 1.900 candidats tunisiens se sont dirigés vers leurs lycées respectifs afin de passer le premier bac 100% national. La répartition de ces candidats selon les archives de l'éducation nationale était comme suit : 1.400 pour le Grand-Tunis et 500 âmes dans le reste du pays. Malgré l'angoisse de ne pas être à la hauteur, le pari de ces candidats était dans l'ensemble réussi. De 1957 jusqu'aux années 70, le baccalauréat tunisien se passait, il faut le rappeler, en deux parties : la première à la fin de la 5e année secondaire et la deuxième à la fin de la 6e année secondaire ponctuée d'une épreuve écrite et orale. Depuis, le bac se déroule en une seule partie, à la fin de la 7e année secondaire, avec une session principale et une autre de rattrapage connue sous le nom de contrôle réservée à ceux qui échouent dans la première. 600 bacheliers lors de la première épreuve Pour le premier baccalauréat 100% tunisien, celui de 1957, l'annonce des résultats des épreuves écrites a pris 3 jours (les 4, 5 et 6 juin). Les heureux élus étaient conviés à passer les épreuves orales quelques jours plus tard. En cette année, on a dénombré plus de 600 bacheliers. Bien que la mention très bien faisait défaut, quelques-uns de nos compatriotes se sont distingués en obtenant cette mention tels que : Mohamed Khlil, Nouri Zorgati, Mohamed Saïem, Sadok Atallah, Ahmed Sayyala et Anouar Jarraya (sciences), Hédi Debbiche, Mohamed Mohktar Chouikha, Mongi Fekih et Ezzeddine Chaouch (philosophie et lettres), Mohamed Bouhanek (technique), Mohamed Souissi, Rachid Ben Ghanem et Ali Maârref (mathématiques). Côté gent féminine ayant aussi obtenu cette mention, on citera, par exemple, Neila Attia, Khadija Saheb Ettabaâ, Jalila El Hadhri, Aziza Attar, etc. (lettres), Fatma Mâalli, Dalila Ben Othman, Zakia Kaddous, Hamida Trabelsi et d'autres qui ont obtenu la mention bien comme Fadhila Hbaïb, Dalila Hamdi, Hassiba Ben Nasser, Leila Sâada, Nabiha Idriss, Hayet Akrout, Aïcha Amri, Abla Ben Slama, Zohra Ellouze… Assurément, en 119 ans d'existence, le baccalauréat reste bel et bien un évènement national qui ne laisse personne indifférent avec l'ambiance qu'il crée dans les familles tunisiennes. Entre larmes de déception et youyous de joie, l'épreuve du bac restera à jamais l'emblème d'une Tunisie qui bouge.