Les centaines de milliers de nos diplômés chômeurs attendent que l'Etat providence leur procure un emploi. Depuis des années et des années, ils espèrent. En vain. La preuve, pourtant, est sous leurs yeux : il n'y a rien à attendre de l'Etat. Si eux ne font rien, ils n'auront rien. C'est facile à dire mais difficile à réaliser. Tous ces diplômés ou la grande majorité d'entre eux recherchent des occupations dans la fonction publique. En d'autres termes, ils veulent un emploi et un salaire fixes. La préférence va au secteur de l'enseignement. Tout le monde y voit un emploi stable, pratique et «facile». Les vacances appâtent plus d'un. Cette vision réductrice des opportunités d'emploi ferme de nombreuses issues devant ces demandeurs d'emploi trop exigeants. La solution radicale ne viendra jamais des pouvoirs publics, ni du secteur privé (qui, soit dit en passant, a brillé par son absence dans cette bataille). Il reste, néanmoins, l'initiative personnelle. Les plus ou moins jeunes diplômés semblent avoir oublié qu'ils sont capables de réaliser des projets à eux seuls ou en groupe. Pour cela il y a une condition unique : ne pas s'en tenir à leur propre spécialité. La recherche d'un emploi doit, certes, obéir à un profil. Mais si l'emploi désiré n'existe pas, on ne va pas croiser les bras et attendre indéfiniment. Une formation ou une reconversion sont nécessaires. Un travail dans une administration publique ou privée est ardemment désiré par ces chômeurs. Tous leurs espoirs sont placés dans cette situation d'avenir. L'idée de changer totalement de cap et d'opter pour d'autres métiers ne les intéresse pas. Les petits métiers qui font travailler, selon certaines statistiques, plus d'un demi-million d'artisans et de professionnels ne les tentent pas. Eux, de futurs cols blancs, descendre aussi bas et faire un métier sale ? Petits métiers, gros revenus Il n'y a pas un quartier de nos villes qui ne compte son menuisier, son plombier, son électricien, etc. les couturières à domicile arrivent plus ou moins à se faire un nom et à gagner plus que décemment leur vie. Les coiffeurs ne tirent-ils pas, eux aussi, leur épingle du jeu ? Que dire également des réparateurs (mécanique, cuir et chaussure, plomberie et sanitaire...). D'autres domaines, autres que ces métiers derrière lesquels on court et qu'on n'obtient pas, sont prometteurs et sont capables de faire gagner autant d'argent que la fonction publique. On peut toucher deux ou trois, voire quatre fois, plus qu'un enseignant. Des investissements ? Il n'en faut pas trop. Il y a une grande volonté de la part de celui qui veut entreprendre. A moins, bien sûr, qu'il n'oublie son diplôme qui ne vaut plus rien sur le marché de l'emploi. L'aventure peut être tentée avec une certaine organisation. Les autorités elles-mêmes gagneraient à orienter ces demandeurs d'emploi vers ces créneaux porteurs, moyennant une petite période de formation, de stage et une prime de lancement. Une sensibilisation est, également, nécessaire pour convaincre ces jeunes, dont les spécialités sont très peu demandées, de changer de perspectives et d'innover. Le secteur des petits métiers offre, justement, ces perspectives. Si on regarde les quelques données disponibles dans ce domaine, on peut très vite constater que l'enjeu n'est pas négligeable. En effet, plus de 23% de ces segments d'activité rapportent quotidiennement plus de 100 dinars à leurs propriétaires. Dans la réparation auto, 39% des entreprises garantissent ces revenus quotidiens. Dans la menuiserie, c'est 16%, 2% pour la réparation de vélos et de mobylettes, 1% dans la réparation du cuir et des chaussures... Mais, grosso modo, les recettes sont respectables dans la plupart des spécialités meulerie, réparation radio-tv, photo-vidéo, réparation de machines diverses... Une bonne couturière peut s'assurer des recettes allant de 51 à 70 dinars quotidiennement. C'est le cas de plus de 18% des professionnelles dans cette spécialité. En plomberie, 5% des professionnels se garantissent ces rentrées d'argent. Par ailleurs, ces métiers sont, principalement, des métiers indépendants qui permettent de générer à leur tour des emplois en nombre non négligeable. Leur pérennité est garantie en raison de leur intégration étroite dans le tissu socioéconomique. Malgré tous ces atouts indéniables, ce créneau ne jouit pas de l'intérêt qu'il mérite de la part des autorités. Il paraît qu'une enquête devant réactualiser les données sur ce secteur sera confiée à des chercheurs universitaires. Rappelons qu'une enquête a déjà été réalisée dans ce sens en 1997. Une réactualisation des informations et leur mise à disposition des spécialistes ne peuvent que servir le marché du travail. Les mentalités doivent changer pour se débarrasser de ce mépris des petits métiers et du travail manuel dans son ensemble.