Cette nouvelle génération, ces joueurs de talent sont venus en temps opportun dans un monde bien plus vieux. Le championnat ne saura jamais se passer de ces équipes qui en font l'histoire, la diversité et surtout la qualité. Dans un paysage footballistique souvent déconcertant, le CSS apparaît comme la petite île de satisfaction. Faut-il encore dire, répéter et surtout préciser que l'on respire ici un air plus léger que dans de nombreux clubs. D'une histoire à l'autre, les principes de base subsistent, les certitudes de toujours impriment une personnalité, un style. Ce n'est pas seulement une question d'énergie. C'est à se demander si la flamme et la passion ne cessent de briller... Pour parler du titre de championnat remporté par le Club de Sfax, il faudrait commencer là où tout cela a été vraiment déclenché. Le CSS a su bâtir son destin jour après jour, bousculant sans cesse ses limites pour extraire le meilleur de lui- même, refuser la fatalité, obsédé par le moindre détail, assoiffé de progression et de victoires jusqu'au bout. L'arrivée de Krol a été certainement décisive. Mais le passage d'autres entraîneurs en a fortement préparé le terrain. Ils étaient suffisamment impliqués dans la consécration sfaxienne tous ces techniciens qui n'ont jamais dénaturé la vocation de l'équipe. L'on pensera à tous ceux qui sur le terrain d'entraînement comme dans les bureaux, dans les choix tactiques comme dans les discours de meneurs d'hommes, il ont su donner à l'équipe un rôle unique, un destin que personne ne lui aurait promis, une nouvelle vie. En dépassant toutes les limites, en se battant... En pratiquant un jeu brillant et gai, le CSS d'aujourd'hui donne l'impression de réinventer son football dans un milieu où la survie appartient souvent à ceux qui partagent d'autres priorités, qui se donnent des obligations d'un autre genre. C'est incroyable, pourrait-on rétorquer! Pourtant, les rêves les plus fous finissent par rejoindre la réalité. Ils savent tout faire... «Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années», disait Corneille. Cette nouvelle génération, ces joueurs de talent sont venus en temps opportun dans un monde bien plus vieux. Tels qu'ils se revendiquent, ils ne donnent pas l'impression de chercher à produire des scénarios préfabriqués. Leur réussite nous enseigne que les grands joueurs ne sauront jamais être soumis aux restrictions tactiques excessives, voire à la dictature des résultats. Dans le jeu que l'équipe ne cesse de développer, la marge de liberté des joueurs est importante. Elle n'est pas le résultat d'une conversion ou le produit d'un métissage technico-tactique par quoi passent d'ailleurs maintes révolutions du jeu. Elle n'est pas non plus celle de ces acteurs venus manger le pain des autres. Simplement des joueurs pour qui «couleurs» riment avec «valeurs». Des «sentimentaux», parfois. Les louanges argentées de ces derniers temps, ils n'y ont pas cédé, ou ils n'y ont tout simplement pas accédé. Car leur fidélité est un choix du cœur, un plan de carrière. Elle se tisse également au fil des opportunités qui devraient venir, des rendez-vous aussi à ne pas manquer. Il serait tout à l'honneur de cette génération montante de refuser catégoriquement une pareille issue, tellement facile, tellement prévisible et dans laquelle tant d'intérêts contradictoires entrent en jeu ! Dans un club comme le CSS, on ne change pas pour la simple raison de changer. Mais plutôt faire de sorte que le jeu soit fondé sur les prédispositions naturelles des joueurs. Faire valoir son potentiel et oser. Dresser une digue et tenter. Le programme d'action est clair. Si un match se prépare tactiquement et se gère souvent par la réflexion, il se gagne aussi et surtout par le goût du risque et le panache. Cette reconversion n'est pas passée seulement par les réformes techniques, mais également par la révolution des esprits. Un tel talent au croisement de l'histoire du jeu. De l'histoire tout court où il y a naturellement une place réservée à l'exploit, au surpassement. Il faut dire que l'équipe est aujourd'hui amenée à exprimer et à penser à des choses qu'elle n'a jamais oubliées, qui font partie de sa vocation technique et spectaculaire, mais qu'elle avait cependant perdues des fois. Dans un temps qu'on espère révolu. Dans un temps qui n'était pas le sien et qui ne lui avait jamais appartenu. Mais les bonnes choses sont éternelles et restent toujours valables aussi bien sur le terrain qu'à l'extérieur. On s'aperçoit finalement que lorsque le CSS se donne des responsabilité, cela le fait avancer, progresser. Même si ça lui pèse parfois. Mais avant qu'il n'y ait une équipe, des joueurs sur le terrain, il en existe aussi une autre, celle des entraîneurs. Un staff uni et consolidé autour d'une même cause. On est tenté de dire à Krol que ce n'est pas le meilleur entraîneur qui fait la meilleure équipe. Mais plutôt la répartition des rôles et le travail en commun. Chose que nous ne manquons pas d'apprécier dans sa manière de travailler, dans ses approches et qui fait de lui un entraîneur d'exception. L'équipe a cependant encore besoin de grandir pour espérer redevenir le CSS des années 70, des années 80, où une génération de joueurs surdoués a écrit les pages d'or du club. Et s'il ne grandit pas avec son entraîneur et tout le staff technique d'aujourd'hui, avec cette nouvelle génération de joueurs, on se demande bien avec qui l'exploration des nouveaux exploits pourrait être justement engagée. Surtout quand il mène son combat d'une manière aussi significative. Ce qui attire les regards mais ne détourne pas le sien de son objectif...