Par Mohamed Ali BEN JEMIA Antigone, fille d'Œdipe et de Jocaste, fut condamnée à être enterrée vivante pour avoir tenu tête à Créon, roi de Thèbes. Sophocle a immortalisé Antigone dont le nom est resté le modèle de la résistance à l'oppression. Notre Antigone à nous s'appelle Amina. Je ne veux pas hurler avec les loups. Je vais essayer de la comprendre et de la défendre. De quoi s'agit-il ? Amina défend une cause juste même si les moyens employés sont contestables. Cette frêle jeune fille dont le courage est indéniable a cru devoir taguer un mur de cimetière, d'où l'accusation de profanation de cimetière et possession d'arme blanche. Elle a été condamnée de ce fait à une amende et relaxée, mais maintenue quand même en détention sous l'accusation d'association de malfaiteurs et d'atteinte aux bonnes mœurs. Elle risque une peine lourde allant jusqu'à plusieurs années de prison. A ma connaissance et contrairement à d'autres, elle n'a pas usé de violence contre les personnes et les biens. L'accusation d'association de malfaiteurs aurait pu être signifiée contre ceux qui ont violé une enceinte privée, objet par ailleurs d'une immunité diplomatique et du statut d'exterritorialité, qui ont incendié, qui ont volé, qui ont blessé les agents de l'ordre, qui ont été la cause de mort d'hommes, qui ont donné une image désastreuse de notre pays, qui ont brûlé le drapeau d'une puissance amie qui s'est rangée de noter côté au moment de l'épreuve. Ces individus n'ont écopé que d'une peine avec sursis alors que la nature des faits est d'une exceptionnelle gravité. De tout ce qui précède, il est évident que les faits reprochés à Amina sont d'une autre nature et que la mansuétude doit prévaloir. Il serait étonnant que la cour retienne la qualification d'association de malfaiteurs, accusation grave pouvant amener à un verdict sévère. J'écris ces quelques lignes pour plusieurs raisons : Amina me rappelle à moi aussi ma jeunesse. Je n'aime pas, comme je l'ai dit, hurler avec les loups. Je n'aime pas non plus tirer sur les ambulances. Je suis convaincu cependant que les magistrats de Kairouan, en leur âme et conscience, feront la part des choses et que le verdict à venir sera clément et équitable.