• Près de 10.000 fumeurs invétérés ont boudé la cigarette • Distribution gratuite de substituts nicotiniques "Si plusieurs fumeurs pensent que vaincre l'envie de fumer demeure un geste difficile, ce n'est pas vrai. Pour le faire, il suffit d'avoir la volonté et de l'exprimer à son entourage pour avoir un soutien moral et éviter de revenir sur cette décision, outre bien sûr le traitement adapté", a affirmé hier Dr Mounira Masmoudi Nabli, coordinatrice générale du programme national de lutte contre le tabagisme. Sur les 40.000 personnes qui ont recours aux consultations d'aide au sevrage, près de 10.000 ont arrêté de fumer, d'autant plus que la vente des cigarettes a diminué de 4% en 2009 par rapport à 2008. La lutte antitabac a bénéficié, en Tunisie, de l'intérêt requis, notamment à travers la mise en place d'un plan national de lutte contre le phénomène du tabagisme englobant les volets à caractère législatif, organisationnel et de sensibilisation, outre l'aide au sevrage tabagique. "Les consultations d'aide au sevrage sont une composante importante de la lutte anti-tabagique. Il ne suffit pas de sensibiliser, de montrer les méfaits de ce fléau, de mettre en place une législation mais aussi d'aider les fumeurs à connaître les bienfaits d'arrêter de fumer", a indiqué Dr Nabli lors d'un entretien avec l'agence TAP. Avant 2009, il y avait seulement 21 consultations d'aide au sevrage installées uniquement dans les services de pneumologie relevant des hôpitaux universitaires. Formation des médecins de première ligne En 2009, année proclamée par le Président de la République "année de lutte antitabac", il y a eu beaucoup d'efforts pour former la totalité des médecins généralistes qui exercent en première ligne dans les secteurs public et privé. "Nous avons formé des médecins sur le conseil minimum : c'est-à-dire poser deux questions à toute personne qui vient consulter. La première question : est-ce que vous fumez ? Si oui, est-ce que vous comptez arrêter ? Si oui, on lui donne un dépliant qui contient des informations simplifiées sur le tabac et ses méfaits. Et quand cette personne décide de son propre gré d'arrêter de fumer, elle sera dans ce cas prise en charge par le médecin ou la consultation la plus proche", a souligné Dr Nabli Près de 105 médecins en 2009 et 150 autres en 2010 ont bénéficié d'une formation approfondie théorique et pratique dans les modalités d'aide au sevrage. Ce qui porte, actuellement, le nombre des consultations dans les hôpitaux et les centres de santé de base à plus de 270. "Nous avons formé ces médecins et on a mis à leur disposition les substituts nicotiniques et les comprimés qui traitent la dépendance à la nicotine tels que le nicopatch, le nicopass et le champix qui sont distribués gratuitement à plusieurs catégories de fumeurs qui veulent arrêter de fumer, à savoir les fumeurs nécessiteux, les femmes enceintes, les élèves et étudiants, les fumeurs atteints de maladies chroniques et les fumeurs hospitalisés", a relevé Dr Nabli. Les personnes âgées perméables au sevrage Pour arrêter de fumer, "on a remarqué, a-t-elle ajouté, que les personnes les plus motivées sont celles plutôt âgées car les jeunes ne voient pas immédiatement les conséquences de la cigarette. Les personnes âgées ont déjà commencé à ressentir les méfaits et à être convaincues de l'arrêt du tabac. Mais pour convaincre les jeunes, on doit insister beaucoup plus sur les méfaits immédiats du tabac sur la beauté de la peau , du visage, et des dents, la chute des cheveux, la vitalité sexuelle...". Depuis la mise en place des consultations de sevrage dans les centres de médecine scolaire et universitaire, et après les campagnes de sensibilisation et les manifestations dans les établissements scolaires et les espaces publics, le nombre de jeunes qui demandent ces consultations a augmenté. "Il y a une prise de conscience du danger du tabac, et on a remarqué une baisse de fumeurs dans les espaces publics, les lieux de travail, les cafés et restaurants après l'entrée en vigueur de la loi (antitabac). Les non-fumeurs dont le nombre est plus important que celui des fumeurs en Tunisie ont un rôle important pour faire respecter cette loi",a ajouté DrNabli. A rappeler qu'en Tunisie, 50% des hommes fument contre 5 à 10% des femmes, selon les régions. Dans la catégorie des jeunes, le tabac se répand avec une prévalence de 30 à 35%.