Aujourd'hui, Foued Zaouche est au zénith de son art, ayant acquis la plus totale maîtrise de son métier et des choix artistiques qu'il a faits Est-ce parce qu'il estime qu'il n'y a rien à en dire et que l'œuvre parle pour elle-même? Est-ce encore parce qu'il pense qu'il y a un temps pour la parole et un temps pour le silence? Le fait est que Foued Zaouche, qui nous avait habitués à joindre à son invitation un message, a choisi, cette fois-ci, le mutisme. Dans sa galerie- atelier, sur les hauteurs de Gammarth, il sacrifie à son rite habituel, à son rythme de toujours : rencontrer son public, échanger avec lui, écouter ses commentaires, expliquer sa vision. Là est pour lui l'essentiel, dans cette osmose, dans le plaisir de l'échange, dans l'enrichissement que lui apporte ce rapport à l'autre. Qu'il ait, alors, choisi d'entrer dans le silence se reflète, peut-être, dans les choix de cette dernière exposition «Je suis enfermé dans mon travail, enfermé dans mon atelier, complètement pénétré par mon métier. Est-ce une question d'âge, de situation actuelle? Je compose mes toiles comme quelqu'un qui compose une symphonie. Et cette solitude dans mon métier m'apporte beaucoup de bonheur. Je ne le répéterai jamais assez : la toile blanche est un espace merveilleux de défi, de concentration, de dépassement... Le lieu, également, du combat contre soi». Aujourd'hui, Foued Zaouche est au zénith de son art, ayant acquis la plus totale maîtrise de son métier et des choix artistiques qu'il a faits : ceux d'un académisme pur et dur, d'un classicisme affirmé, d'une technique aboutie... On le retrouve aussi affiné dans ses natures mortes que dans ses scènes de genre, ou encore dans les portraits où il excelle. Pour cette exposition, Foued Zaouche se perd dans les cieux, et nous offre un étonnant travail de brumes et de nuées, d'éclaircies et de transparences, de rais de lumières filtrées, et de sombres nuages annonciateurs d'ondées, des cieux lourds, et d'autres lumineux, des zéniths et des aurores boréales porteuses d'espoirs. La nature qu'il peint dans cette exposition de forte inspiration agreste est sereine et laborieuse. Il raconte la vie calme des champs, celle des vraies valeurs de la terre, loin des rumeurs frelatées des cités, celle où tout est à sa place, dans un ordre tranquille et éternel. Et l'on se dit que c'est probablement là son vrai message, lui qui, par ailleurs, écrit une chronique hebdomadaire sur les bruits et fureurs de notre quotidien. Mais on ne pourrait parler de cette exposition sans évoquer les portraits que Foued Zaouche présente et qui illustrent remarquablement son magnifique talent de portraitiste : ceux de ses filles, celui d'un ancêtre entré dans l'Histoire et surtout celui, magnifique d'éclat, de vie, de luminosité, de Hager, sa compagne trop tôt partie.