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Chronique d'un coup d'Etat populaire
Egypte
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 07 - 2013

De notre envoyé spécial au Caire Soufiane Ben Farhat
Les Egyptiens louvoient entre les parties de bras de fer annoncées à hue et à dia, les surenchères à peine déguisées et les tractations politiques de coulisses. Pas plus tard qu'hier, l'ancien ministre des Finances Hazem Beblaoui a été nommé Premier ministre par intérim. De son côté, Mohamed El Baradeï est nommé vice-président chargé des Affaires étrangères.
Les salafistes du parti Al-Nour, deuxième parti islamiste d'Egypte, ont approuvé la nomination de Beblaoui. C'est d'autant plus surprenant qu'il s'agit d'un économiste libéral. Deux jours plus tôt, les salafistes avaient entravé la désignation d'El Baradeï, un autre libéral, à ce poste. En fait, les islamistes d'Al-Nour cautionnent ipso facto le calendrier électoral annoncé la veille par le président de la République intérimaire Adly Mansour. Un calendrier sitôt rejeté par les Frères musulmans, comme on s'y attendait.
Etalé sur six mois, ledit calendrier stipule la réforme de la Constitution, suspendue, et la tenue d'élections législatives et présidentielle. Ainsi, un comité devra-t-il être créé dans les quinze jours en vue d'amender la Constitution. Cette dernière sera par la suite soumise à référendum dans un délai de quatre mois et demi.
Dès lors, des élections législatives seront organisées dans un délai de quinze jours. Puis l'élection présidentielle interviendra une fois le nouveau Parlement mis sur pied. Entre-temps, le président intérimaire émettra les lois, après avis du gouvernement transitoire.
Hier, les protestations massives semblaient essoufflées au Caire. Malgré les appels des Frères musulmans en faveur d'une manifestation devant rassembler un million de partisans. La canicule, les préparatifs de Ramadan et la certitude que les jeux sont faits y sont pour quelque chose.
Des flambées de violence circonstancielles et des coups de grisou ont bien lieu, çà et là. Mais le dispositif du catenaccio opéré par le général Abdelfattah Al-Sissi et ses partisans semble bien à l'œuvre.
En fait, ce dispositif tient grâce à ce qu'il convient bien de nommer «l'Etat profond» en Egypte. Ce dernier repose sur l'alliance de l'armée, la magistrature, la mosquée Al-Azhar et l'église copte. C'est bien grâce à elles que le général Al-Sissi a pu déposer, arrêter et faire remplacer l'ex-président déchu Mohamed Morsi. Leur coup de force — ou d'éclat — s'adosse bien évidemment à l'extraordinaire mobilisation de plus de trente millions d'Egyptiens, le 30 juin dernier, réclamant le départ de Morsi.
Il y a deux jours, le président intérimaire Adly Mansour a rencontré pendant une heure et demie le célèbre journaliste-écrivain égyptien Mohamed Hassanine Heykel. Ce dernier a déclaré à l'issue de l'entrevue : «Nous sommes devant une tâche unique, le sauvetage du pays. Le président Adly Mansour a une grande capacité d'écoute, j'ai senti lors de la rencontre que j'étais en présence de la magistrature égyptienne légendaire». Et c'est tout dire.
Pour l'instant, le soutien international au nouveau régime égyptien se fait de plus en plus voyant. Les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite se sont engagés à fournir à l'Egypte une aide financière de plusieurs milliards de dollars. Les USA ne parlent guère de coup d'Etat, observent et soutiennent en sourdine le nouveau régime. Au grand dam des Frères musulmans, dont les alliances régionales et internationales fondent comme beurre au soleil.
Dans une formule lapidaire qui résume le cocasse tragique de la situation solennelle, Elias Khoury dit que «le débat pour savoir s'il s'agit d'une révolution ou d'un coup d'Etat est hors sujet, ce qui survient est un coup d'Etat populaire, mais qui n'est pas une révolution, ni un coup d'Etat classique».
En fait, au Caire comme ailleurs tout au long de la longue vallée du Nil, se concentrent près de cent millions d'Egyptiens. C'est le même topo depuis l'aube des temps. Un peuple fécond, créateur, généreux, rieur, bougon, grincheux, fataliste mais capable des plus belles et mémorables prouesses. Un peuple qui a, de tout temps, pris de grands rendez-vous avec la grande Histoire.
Comme le rappelait Yves Lacoste, «la concentration du peuplement dans la vallée du Nil est un grand avantage géopolitique pour ceux qui y exercent le pouvoir, celui de contrôler aisément une population paysanne et villageoise».
Finalement, ce qui en a coûté tant à Morsi, c'est d'être apparu comme un comparse, second couteau et suiviste. L'échelle de la représentation l'a desservi.
Ici, depuis la haute antiquité, on vénère le pharaon, le chef, le dignitaire mamelouk, le raïs. Et depuis Mohamed Ali (1769 –1849), de nombreux chefs d'Etat égyptiens se sont caractérisés par leurs plans géopolitiques. Et ils ont marqué leur peuple. Mohamed Morsi, lui, a été le porte-drapeau mineur d'une confrérie qui cultive les instincts frileux d'une secte traquée. Hormis ses plus fervents partisans, sa destitution n'entame guère le moral du commun des Egyptiens. La parenthèse semble en passe d'être close, voire reléguée aux oubliettes. À moins d'un miracle. Si Ramadan s'y prête, l'été les récuse.


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