94% des jeunes sondés affirment n'avoir aucune confiance dans les bureaux d'emploi et 65% déclarent être dépendants financièrement de leur famille Au fil des mois, les espoirs de la jeunesse tunisienne de vivre des lendemains meilleurs se sont petit à petit évaporés, cédant la place à la désillusion. Le dernier sondage d'opinion, réalisé par l'Observatoire national de la jeunesse en collaboration avec le forum des sciences sociales et qui a porté sur un échantillon de 2.438 garçons et filles, âgés entre 18 et 35 ans, a fait la lumière sur l'opinion que se font des jeunes,sélectionnés sur la base de leur milieu d'origine, de leur sexe, de leur âge et de leur niveau d'instruction, sur de nombreux thèmes comme le chômage, la participation à la vie politique, l'action associative... S'exprimant sur la question du chômage, un des axes importants de ce sondage d'opinion, les jeunes ont affirmé, dans leur grande majorité, ressentir d'énormes difficultés pour trouver du travail. En effet, selon 32% des jeunes interrogés, l'absence de relations et le manque d'expérience sont loin de faciliter la recherche d'un travail, notamment pour les jeunes issus du milieu rural. D'où le fait que 49% des jeunes ne fournissent aucun effort pour trouver un emploi,découragés par la distance qui sépare la campagne de la ville. Bureaux d'emploi: ils ne servent à rien Une des questions posées par les enquêteurs a porté sur les bureaux d'emploi. Alors que 94% ont affirmé n'avoir aucune confiance dans les bureaux d'emploi, seulement 37,5% se sont inscrits dans ces bureaux. Les raisons sont nombreuses. Interrogé sur le rôle de ces bureaux d'emploi dans les régions, la majorité des jeunes ont affirmé qu'ils ne sont d'aucune utilité dans la mesure où l'encadrement et le système d'information sur les offres d'emploi dans ces bureaux font défaut et qu'ils doivent faire l'objet d'une mise à niveau afin d'augmenter les chances des jeunes de trouver un emploi. Les jeunes sondés ont été, par ailleurs, interrogés sur le type d'emploi provisoire qu'ils choisiraient au cas où ils auraient échoué à trouver un emploi par la voie classique. Les sondés ont eu le choix entre plusieurs propositions: se recycler pour augmenter leurs chances de trouver un poste, opter pour un emploi qui ne correspond ni à leurs compétences ni à leur niveau d'instruction, travailler sur un chantier, opter pour un travail agricole, monter un projet.... Après de vaines tentatives pour trouver un emploi stable, de nombreux jeunes finissent par se rabattre sur un emploi temporaire qui ne correspond généralement ni là leurs compétences ni à leur niveau d'instruction. Selon le sondage d'opinion, plus de 30% ont recours au système D et choisissent un emploi temporaire pour pouvoir gagner leur vie et ne dépendre financièrement de personne. 36% se disent prêts à exercer un emploi qui ne correspond pas à leurs compétences ni à leur niveau d'instruction, 36,2% ne s'intéressent pas au travail agricole, 21% se disent prêts à travailler dans les souks hebdomadaires alors que 10% ne sont pas opposés à l'idée de travailler comme ouvriers temporaires sur un chantier. Monter un projet: les difficultés de financement L'étude s'est, en outre, intéressée aux outils de financement des projets et aux ressources financières des jeunes. Les jeunes disposent-ils d'un compte en banque? Ont-ils trouvé des difficultés pour obtenir un crédit bancaire leur permettant de monter leur propre projet? 50% des jeunes interrogés ont répondu qu'ils ne disposaient d'aucun compte bancaire. 26% ont une épargne, 24% perçoivent un salaire. Par contre, seuls 3,4% ont pu contracter un crédit bancaire pour monter leur propre projet. D'ailleurs, les nombreuses difficultés que rencontrent la plupart des jeunes pour obtenir un prêt les poussent à abandonner l'idée de monter leur propre projet. Répondant, d'autre part, à une question relative à leur indépendance financière, 65% des jeunes ont déclaré être dépendants financièrement de leur famille alors que 14% empruntent de l'argent auprès de leurs amis pour satisfaire leurs besoins quotidiens. 72% des jeunes préfèrent les cafés à facebook Ce sondage d'opinion a comporté un volet sur les relations sociales des jeunes. Des questions ont porté sur l'opinion que se font les jeunes de l'institution du mariage, de la famille, des rites sociaux...50% des jeunes sondés ont affirmé que le mariage ne doit pas être un engagement à la légère et ont montré leur attachement à des valeurs comme la foi et la fidélité, jugeant que le conjoint doit être un bon croyant et respecter les liens du mariage. Quant à la participation à la vie associative, les résultats du sondage sont surprenants. Seuls 6,1% des jeunes sondés ont affirmé mener des actions associatives dans divers domaines (associations à but non lucratif, associations culturelles, associations de développement...). Interrogés, par ailleurs, sur les réseaux sociaux qu'ils fréquentent, il s'avère que le réseau social facebook n'est pas arrivé à supplanter les cafés qui restent le lieu de rencontre privilégié des jeunes pour 72% des personnes interrogées. Par contre, contrairement aux idées reçues, seuls 9,9% considèrent que les mosquées sont un espace de dialogue où il est possible de débattre de divers thèmes. Seuls 1,8% des jeunes sondés lisent les journaux Où les jeunes recherchent-ils l'information? C'est un autre thème auquel s'est intéressé le sondage d'opinion. Si le réseau social facebook reste la source d'information privilégiée, 59% des jeunes sondés affirment regarder les chaînes TV pour se tenir informés de ce qui se passe dans le monde, alors que seuls 1,8% lisent les journaux. Le sondage révèle, par ailleurs, d'autres résultats intéressants. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, bien que les jeunes aient pris part au mouvement de révolte qui a réussi à renverser l'ancien régime, rares sont ceux qui ont une orientation et une vision politique claires. Seuls 2,7% des jeunes interrogés ont adhéré à un parti politique, reflétant la déception des jeunes à l'égard des partis politiques qui n'ont pas su répondre à leurs attentes. Enfin si la moitié des jeunes sondés prévoient de se rendre aux urnes le jour des élections, 18% affirment éprouver de la nostalgie pour l'ancien régime!