Par un vendredi 13 ensoleillé, a été inaugurée la Nonne-expo de Aïcha Snoussi. Ses peintures investissent les murs de la galerie Yahia au Palmarium jusqu'au 30 septembre. Après le jeu de mots du titre de l'exposition, l'affiche intrigue. Quant au texte de présentation, il n'apporte point de réponse, bien au contraire. A la manière du manifeste de Coluche, candidat aux présidentielles françaises de 1981, Aïcha Snoussi s'adresse, elle, aux « Amis du luxe et des vanités... Spécimens dégénérés... Pécheurs et pécheresses égarés ». A ces « catégories » rarement revisitées, elle promet de retrouver la foi et le droit chemin. Par rapport à cette note d'intentions, le contenu de l'exposition s'avère être un labyrinthe et un trompe-l'œil qui se décline en 32 tableaux, dont la majorité est en techniques mixtes sur carton et bois. La palette de couleurs va du sombre ténébreux au flashy. Ceux que l'artiste appelle au droit chemin viendront découvrir qu'à ses yeux, il n'est pas si droit que ça. A commencer par la société de consommation, symbolisée par un tube de dentifrice éphémère et malveillant, dans la pièce « Vade mecum satanas ». La nomenclature se poursuit dans cette direction pour un « Vomito ergo sum » avant de changer de référence avec « Djihad », un concept en mal d'affirmation en ces temps modernes. Ensuite, « Sourate 27 », qui correspond à la sourate An-naml ou Les fourmis, comme pour rappeler que ce qui s'est passé au Palais Abdellia n'est pas loin mais jamais assez dissuasif devant la volonté de s'exprimer et de choisir le moyen d'expression. Plusieurs des tableaux de la Nonne-expo vont en duo, comme « Noé »- « Déluge », « Hijouj » - « Mijouj », « Adam » - « Eve », une série qui se termine, tout comme l'exposition, par un trio « Moussa », « Issa » et « Jouda », assez sombre et énigmatique. La variation des couleurs sur la toile et les aspects que prennent les personnages, parfois résumés à un œil, toujours imaginés dans une forme abstraite, sont le reflet d'un regard très personnel, qui installe dans le même temps un dialogue avec chaque tableau, à la recherche du sens ou des références. Mais finalement, on trouve parfois le regard d'une petite fille qui tente d'imaginer l'univers des religions à travers ce qu'on lui a raconté, ce qu'elle a compris et ce qu'elle a vu et découvert. Il y a aussi l'adulte et son regard sur les vices et les péchés, à travers un miroir à double face, l'un dirigé aux définitions que les religions leur donnent et l'autre à ceux que ces mêmes religions appellent pécheurs. Les deux faces du miroir s'unifient dans certains tableaux, comme « Fatma a péché » où il y a comme une lointaine référence au «Rêve de la femme du pêcheur» de Hokusai. Une exposition qui n'a pas froid aux yeux !