L'annonce récente d'une éventuelle grève des imams le jour de l'Aïd laisse apparaître au grand jour une dissension entre deux «chapelles» syndicales... Les fidèles ne seront pas privés de leurs imams «officiels», et pourront écouter l'habituel prêche de l'Aïd El Kabir. Quant à l'avis de grève lancé la semaine dernière par Fadhel Achour et son «syndicat national des cadres religieux», il n'engage en rien la toute jeune « commission syndicale nationale provisoire des cadres des mosquées». Voilà en substance ce qu'a déclaré Abdessalam Atoui, porte-parole de ladite commission, lors d'un point de presse organisé hier au siège de la principale centrale ouvrière du pays. «Selon la charia, personne ne peut empêcher les fidèles de prier le jour de l'Aïd», dit-il, tout en invoquant, laborieusement, un verset coranique visiblement mal appris. Le porte-parole du noyau syndical estime « scandaleuse» l'intention du «syndicat national des cadres religieux» d'observer une grève le jour de l'Aïd et qualifie Fadhel Achour de «personne isolée», sans véritable poids. La confusion entretenue depuis plusieurs jours, autour de ce qui serait la première grève du genre en Tunisie, trouve son origine dans le fait que Fadhel Achour occupait en 2011, comme le rappelle Abdessalam Atoui, le poste de secrétaire général du syndicat de base sous la bannière de l'Ugtt. Or, même si les deux «syndicats» font un diagnostic similaire en ce qui concerne la situation dans les mosquées, ils ne semblent pas partager les mêmes approches en matière de protestation. «Lorsque nous prenons des décisions, nous le faisons dans le respect de la charia et des intérêts des cadres religieux»: la phrase lâchée par le porte-parole en dit long sur le caractère délicat du travail syndical dans ce secteur. D'un autre côté, la «commission syndicale nationale provisoire des cadres des mosquées» annonce que, cette année, les prières collectives dans les endroits publics seront soumises à autorisation préalable et «ne remplaceront en aucun cas les prières à l'intérieur des mosquées». Les fidèles pourront choisir leurs lieux de prière.