L'implication des forces sociales dans le dialogue est indispensable Quel rôle pour la société civile dans la réussite du Dialogue national ? Telle est la question qui s'est posée, une semaine après le lancement trébuchant, sur fond des embûches et des tractations à n'en plus finir, des assises politiques tant attendues par les partis et les organisations nationales. La réponse est venue, en fait, de certains partis politiques qui continuent à jouer les prolongations, face à des protagonistes de la société civile qui demeurent plus que jamais déterminés à parvenir au consensus tant attendu. Et le Quartet parrain de ce dialogue semble être l'exemple édifiant d'une force de proposition et d'initiative. Dans la foulée de ces rebondissements, une journée d'étude s'est tenue, avant-hier matin à Tunis, par l'Observatoire arabe des religions et des libertés, avec le concours de la fondation allemande Konrad-Adenauer Stiftung. La manifestation s'offre comme une opportunité d'échange et d'interaction autour du rôle dévolu à la société civile, tout en se penchant sur les enjeux et les exigences de l'étape actuelle. Le poids de la société civile Dans sa brève allocution d'ouverture, le président de l'Observatoire, M. Mohamed Haddad, a invité les partis politiques à donner leur avis sur la démarche du dialogue, à identifier les obstacles à franchir et à proposer les solutions à engager pour sortir le pays de l'impasse dans laquelle il se trouve depuis plus de deux mois. Il leur a, également, demandé de mesurer le poids de la société civile dans la réussite de ce dialogue, en tant qu'acteur agissant et partenaire effectif dans l'élaboration des grandes orientations de la Tunisie nouvelle. «Les horizons nous paraissent certes flous, mais l'espoir de voir cette crise désamorcée s'avère bien réel, si vraiment politiques et activistes de la société civile mettent la main dans la main pour l'intérêt suprême du pays...», prévoit-il. De son côté, M. Hardy Ostry, représentant résident de Konrad Adenauer à Tunis, n'a pas manqué de réaffirmer le soutien constant de l'Allemagne dans le parachèvement du processus transitoire en Tunisie. Et de poursuivre: «Il y a une certitude que la société civile tunisienne s'est investie d'un rôle important et bénéficie d'une place de choix sur l'échiquier politique». Surtout que la feuille de route objet du Dialogue national a été conçue par un Quartet des forces vives de la société, à savoir l'Ugtt, l'Utica, la Ltdh et l'Ordre des avocats. Dans ce contexte, M. Mohamed Salah Khériji, représentant de la Ltdh, a présenté la feuille de route en tant que socle du débat au cours de ladite journée. Partis politiques et acteurs sociaux se sont, par la suite, engagés dans un face-à-face étayé de points de vue et d'idées génératrices de positions diverses. Cet échange a permis de souligner l'impératif d'impliquer la société civile dans la décision de l'avenir du pays. C'est là une conviction partagée par toutes les parties prenantes, affirmant que le processus démocratique ne saura se réaliser sans l'implication de ces forces sociales dans la logique du dialogue et de concertation. M. Youssef Nouri, représentant du parti au pouvoir, du mouvement Ennahdha, n'y va pas par quatre chemins pour louer l'initiative du Quartet, mettant en exergue l'apport considérable de la société civile dans la régulation de la situation. Une position d'arbitre et de médiation, a-t-il relevé, sans pour autant oublier de la qualifier de force de proposition et de contre-pouvoir. Et cela s'avère très important dans l'identification des contours futurs. Du parti « Afek Tounes », M. Mohamed Ali Mankaï a indiqué que la vision de son parti revêt une dimension réaliste basée sur l'analyse des faits réels, à savoir la crise politique, la fragilité des institutions et la perte de confiance prévalant sur le climat sociopolitique. De ce fait, la société civile aura à jouer pleinement un rôle crucial, un rôle médiateur dans le rapprochement des différents points de vue politiques, afin d'atteindre les objectifs escomptés. De même pour Abdelaziz Massoudi, du parti Al Massar. Ce dernier estime que le dialogue est un choix incontournable, étant donné que le pays passe par une crise étouffante multidimensionnelle. C'est pourquoi le rôle de la société civile est plus que vital, avec comme perspective d'engager, à l'unisson, une nouvelle étape pour l'édification de la deuxième république. Pour les représentants de la société civile, le discours politique est de la pure idéologie, loin de la pratique. Me Leila Haddad, avocate et activiste en droits de l'Homme, a révélé que ce qui a été fait, depuis la révolution, est en deçà des attentes. Et les promesses de monts et de merveilles reflètent une propagande politique pour servir des intérêts partisans étriqués. Quant à M. Karim Abdessalem, président d'une association, a déclaré qu'il existe encore un esprit exclusif envers la société civile. « Les politiques n'ont pas compris que la révolution avait été déclenchée à l'initiative des jeunes et des acteurs sociaux, sans en avoir tiré profit. Ces derniers sombrent encore dans l'exclusion et la marginalisation», a-t-il asséné.