Marzouki, Ben Jaâfar et Laârayedh ont été contraints de quitter les lieux sous une tempête de protestations Les trois présidents et plusieurs membres du gouvernement ont été contraints de quitter la cérémonie d'hommage funèbre aux deux martyrs de la Garde nationale. Organisée hier en fin de matinée à la caserne de l'Aouina, la cérémonie a été, en effet, perturbée par les protestations des policiers et des gardes nationaux mécontents et par des membres des syndicats sécuritaires. L'hommage funèbre aux martyrs tombés la veille sous les balles de terroristes dans la localité rurale de Talla, près de Goubellat (gouvernorat de Béja) a pris des allures de manifestation. Aux cris de «Dégage !», les protestataires réclamaient bruyamment le départ des trois présidents et de membres du gouvernement, hormis le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou, venus participer à la cérémonie. L'ambiance était restée calme jusqu'à l'arrivée des dépouilles des deux martyrs dont les cercueils recouverts du drapeau national ont été exposés sur l'esplanade du 14-Janvier, dans la caserne. Il semblerait que le temps d'attente sous un soleil de plomb par rapport à l'horaire initialement prévu ait exacerbé les nerfs déjà à vif depuis la tragédie de la veille. C'est alors qu'un groupe de gardes nationaux donnèrent libre cours à leur exaspération, réclamant notamment la promulgation d'une loi spécifique sur les accidents du travail et l'amélioration de la prise en charge médicale des blessés du Chaambi. Et des «Dégage!» de fuser en pleine cérémonie à l'adresse des personnalités officielles présentes, à l'exception notable du ministre de l'Intérieur. Les protestataires leur imputaient la responsabilité de la détérioration de la situation dans le pays. Ils ont dit décliner par avance les condoléances de quelque responsable politique que ce soit. La cérémonie a finalement tourné court et les cercueils ont été rapidement emportés dans des fourgons mortuaires. Ce n'est qu'après que le ministre de l'Intérieur a pu prononcer une brève oraison funèbre des deux disparus, exaltant la bravoure et le sens du sacrifice de l'ensemble du corps de la Garde nationale face au fléau du terrorisme. Il a également proclamé la promotion à titre posthume du martyr Mahmoud Ferchichi du grade de lieutenant à celui de capitaine, et du martyr Karim Hamdi, du grade de sergent à celui de sergent-chef. Il assisterait, apprend-on, aux obsèques de l'un des deux disparus. Pour justifier les «Dégage !» lancés à l'adresse des trois présidents et des membres du gouvernement présents, le secrétaire général adjoint du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, Nabil Yakoubi, a invoqué le temps trop long pendant lequel les cercueils avaient été laissés exposés au soleil et aussi les longues heures pendant lesquelles les corps sans vie des deux martyrs avaient été laissés sur les lieux du drame avant d'être enlevés. Il s'est également emporté contre ce qu'il a appelé «l'instrumentalisation du sang des martyrs de la patrie par les politiques». Joint au téléphone par l'agence TAP, une source à la présidence de la République en charge de l'information a expliqué le retard pris sur l'horaire initial de la cérémonie par le fait que les trois présidents et des membres du gouvernement étaient en train de présenter leurs condoléances et d'exprimer leurs marques de sympathie aux proches des deux martyrs au salon d'honneur de la caserne de l'Aouina. Les deux gardes nationaux tués étaient tombés la veille sous les balles d'un groupe d'éléments terroristes armés et un troisième grièvement blessé au lieudit Talla, près de Goubellat, alors qu'ils étaient en patrouille pour vérifier un renseignement sur la présence d'un groupe de personnes qui venaient de louer une maison dans les parages.