Que ferait Saloua sans la générosité des voisins ? Des familles entières vivent sous le seuil de la pauvreté dans des quartiers situés à la périphérie de la capitale. Pourtant, elles ne bénéficient d'aucune assistance et arrivent à subvenir à leurs besoins quotidiens, grâce seulement à la générosité des voisins et de quelques proches. La pauvreté, Saloua la vit et la ressent tous les jours. Cette jeune femme sans ressources vit avec sa mère indigente et son jeune fils dans un logement délabré situé à la Cité De la rose de la délégation de Oued Ellil, hérité d'un père, décédé, il y a quelques années. Dans ce logis, tout lui rappelle, au quotidien, sa pauvreté extrême. Les fenêtres, sans loquet et aux vitres cassées, la vieille porte qui grince, la cuisinière rouillée, jusqu'à l'extrême sensation de faim et de frustration qu'elle lit tous les jours dans les yeux de son fils....Cette pauvreté, elle a fini par s'en accommoder, pour sa fidèle compagne. Pourtant, la modeste jeune femme, issue d'une famille nombreuse, rêvait comme toutes les jeunes filles du prince charmant. Il est bien venu d'un pays voisin sans ressources et avec de bonnes intentions mais a vite pris la poudre d'escampette, la laissant plus pauvre que jamais et avec un enfant sur les bras. Tous dans une seule pièce Les soucis financiers vont commencer réellement pour Saloua qui se retrouve alors avec deux personnes à charge. L'idée d'un job effleure la jeune femme mais celle-ci est obligée d'y renoncer pour s'occuper de sa mère. Sans argent, toute la famille dort dans une seule pièce. Les jours de l'hiver sont les plus rudes. Le soir, les membres grelottent sous les couvertures légères, le ventre vide et la faim qui les tenaillent. La petite famille vit grâce au système D. C'est dans les toilettes que la jeune femme donne le bain à son fils et à sa mère, chauffant l'eau sur le gaz, car la maison n'est pas dotée de chaudière. C'est également grâce à la compassion et à la bonté des voisins, que la jeune femme arrive à se procurer des vêtements et à nourrir toute la maisonnée. Chaque jour, Saloua arrive à peine à collecter quelques dinars pour préparer un seul repas pour toute la journée, à base de légumes et sans viande, ni poulet qu'ils ne mangent qu'une ou deux fois par an, à l'occasion des fêtes religieuses. Cette situation est de plus en plus difficile à supporter pour la jeune femme qui voit tous les jours son fils aller à l'école le ventre creux. «Que peut-on faire avec un dinar ou deux?, se plaint la jeune femme amère. Je n'ai même pas de quoi acheter du lait, ni des biscuits à mon fils. Parfois, il a tellement faim que cela me crève le cœur. Il a du mal à se concentrer en classe car il a toujours le ventre vide. Ce sont des voisins généreux qui lui achètent les fournitures scolaires dont il a besoin et qui lui fournissent des vêtements. Je n'ai même pas les moyens de l'emmener chez le médecin lorsqu'il tombe malade». Saloua a frappé à toutes les portes, celles de la délégation, de la municipalité et même du gouvernorat pour obtenir une assistance financière. Mais sans résultat : «Ils m'ont tous fermé la porte au nez».