On a beau analyser le revers «sang et or» sous tous les angles, on retiendra au final l'énorme performance des Sud-Africains d'Orlando Pirates au niveau du jeu. Oui, le jeu car le résultat de parité qui a sanctionné les débats n'est pas en soi un indicateur clair de la domination du club de Soweto. Veni, vidi, vici, les Pirates n'ont pas tremblé, faisant prévaloir ce jeu en mouvement et cette aptitude à aller de l'avant. Il suffit de deux, trois touches de balle pour que les coéquipiers de Bacela atteignent les bases arrière «sang et or». A la vitesse de l'éclair, on passe de la récupération à la construction... puis la finition. D'ailleurs, n'eût été un grand Ben Cherifia (comme à l'accoutumée), la note aurait pu être corsée. C'est que suite à cette démonstration de football moderne (éloges et certitudes), la machine sud-africaine ne manquera pas de faire débat. Car avant d'affronter le triple finaliste continental «sang et or» et son ambiance bouillante, Orlando a maté Al Ahly et Ezzamalek. Défense hermétique à souhait, milieu travailleur et compact, circulation fluide du ballon, reconversion, appels et contre-appels dans le dos des Derbali, Chammam et Cie, les visiteurs ont séduit et même parfois conquis l'assistance ( pourtant tout acquise à l'Espérance). Percussion, endurance et détermination L'entraîneur Roger de Sa a bien préparé ce choc. Il a ainsi affirmé que son équipe sera au top et que l'envie (de bien faire) et la motivation seront à leur paroxysme. Aucun doute ni remise en question n'ont transpiré suite à la parité de l'aller. Il était évident pour le coach que l'équipe avait encore une grosse marge de manœuvre. Au regard des performances individuelles, on remarque que cette équipe sud-africaine forme avant tout un collectif capable de pallier un éventuel passage à vide d'un de ses membres. La mécanique ne semble pas pouvoir être enrayée, certains rouages peuvent même être améliorés (en prévision de la finale). Car Orlando s'est présenté à Tunis sans son trident détonant composé de Siyabonga Sangwen, Patrick Phungwayo et autre Lucky Lekgwathi. Ces absences ne se sont pas fait ressentir puisque Mansiya, Mastedi et surtout le droitier Segolela, sur son couloir de prédilection, en ont fait voir des vertes et des pas mûres à leurs anges gardiens espérantistes. S'adossant à un milieu bûcheur, Orlando a joué haut, laissant certes la manœuvre à l'Espérance lors du premier quart d'heure, pour ensuite hausser le ton, grignoter du terrain et lancer plus d'un contre meurtrier qui auraient pu sceller le sort du match assez tôt. Belle formation que cette équipe d'Orlando. Un 4-1-4-1 en losange qui a mis sous éteignoir l'Espérance, des attaques placées rapides comme l'éclair, des dédoublements et des centres en retrait (l'arme fatale) qui auraient pu trouver preneur, n'eût été la baraka... Les Pirates se sont d'ailleurs créé tellement d'occasions que les supporters «sang et or» sont tombés sous le charme de cette sympathique équipe sud-africaine. La loi du plus fort L'Espérance était quant à elle un ton en dessous de ses performances habituelles. Elle n'a fait qu'illusion jusqu'au moment où le défenseur Rooi Mahamutsa surgit et fusille Ben Cherifia. A partir de là et même après l'égalisation de l'Espérance, le troisième souffle était sud-africain avec cette déferlante offensive adverse qui aurait pu occasionner un waterloo pour les locaux. La fin du match est assez significative du déséquilibre des forces en présence. Une Espérance qui a perdu une grande partie de sa concentration en plus d'une relative chute physique et des visiteurs endurants qui ont pris les rênes du jeu notamment au milieu de terrain. Sur le rectangle vert, la différence était visible.