Aucune sélection tunisienne de football ne s'était jusque-là qualifiée pour les quarts de finale d'un Mondial. Face à l'Argentine, les hommes de Abdelhay Ben Soltane espèrent atteindre un nouveau palier de nature à faire avancer un peu plus notre sport roi, cloîtré dans une autosatisfaction dès qu'il accède à une phase finale de Coupe du monde. Avec quels atouts vont se présenter les onze cadets. Quelles sont les limites qui peuvent marquer des entraves à leur désir d'aller de l'avant? Solidarité Cette équipe possède une réelle identité collective. Son aventure vieille de deux ans s'est construite pierre par pierre dans la communion. Jamais elle ne serait, par exemple, revenue de l'enfer éthiopien aux éliminatoires, si chacun s'y était pris en solitaire. Cette discipline collective ajoutée à un invincible fighting-spirit reste la marque de fabrique. Et puis, les Belarbi, Gabsi, Haj Hassen, Abboud, Naghmouchi ont un talent fou développé au sein du centre national de Borj Cédria. Les buts inscrits contre le Venezuela et la Russie recèlent un talent fou et beaucoup d'inspiration. Il ne faut pas non plus oublier la qualité intrinsèque en défense, à partir du keeper-volant Ben Hassen jusqu'à la charnière centrale Sahraoui-Othmane. Sans oublier les latéraux Arfaoui et surtout Hnid dont la contribution offensive a fait la différence. Quand bien même échappe-t-elle par certains aspects au carcan du foot du pays, la sélection U17 reflète malgré tout son inclinaison à défendre férocement pour frapper sur des contres. La capacité d'anticipation, de récupération, parfois de déjouer l'adversaire paraît stupéfiante aux yeux de certains. Conséquence : un pourcentage de possession de la balle constamment inférieur à l'adversaire, et qui touche des cotes alarmantes à certains moments dits faibles (seconde mi-temps contre le Venezuela et le Japon, notamment). Pourtant, le réalisme et la maturité de cette équipe ont étonné plus d'un, ce qui lui a permis de glaner deux victoires sans vraiment dominer ses adversaires. Ne pas subir Revers de la médaille, la bande à Ben Soltane subit le jeu à tel point qu'elle se place au bord de la rupture. En défendant très bas, elle éprouve alors toutes les difficultés du monde à ressortir le ballon. Problème physique ou inhérent à une lente et incertaine reconversion du jeu? Manque-t-elle de joueurs habiles dans cet exercice? Autre carence, l'inefficacité de l'attaquant de pointe Hazem Haj Hassen. On attend de lui prioritairement des buts, et pas seulement de jouer sans ballon et d'ouvrir des brèches devant ses coéquipiers. Le match de tout à l'heure signera-t-il le réveil de l'Etoilé? Individualités Tout comme la Tunisie, l'Argentine a cet art de plier sans rompre. Contre l'Autriche , les hommes d'Humberto Grondona furent dominés. Avec à l'arrivée le résultat que l'on connaît (victoire 3-2). «Notre adversaire reste très dangereux sur les balles arrêtées et sur les inspirations et les traits de génie de ses attaquants», observe le coach Ben Soltane qui a pu visionner des rencontres de l'équipe sud-américaine, y compris en Copa America. «Ils misent beaucoup sur leur vivacité, leur vitesse et leurs échanges dans des espaces réduits». Humilité Le cru 2013 a été élevé dans l'humilité et le respect scrupuleux de l'adversaire. «Avant de venir au Mondial, la défaite 3-2 à Tunis contre la Libye, en amical, a agi comme un avertissement afin de garder les pieds sur terre. Pareil après la défaite contre le Japon. En plein tournoi, mes joueurs avaient peut-être besoin de savoir qu'ils ne sont pas inaccessibles», souligne le patron technique. Ces vertus ont permis aux nôtres d'aller aussi loin. Peut-être ne sont-ils pas encore en bout du chemin si la pression ne s'avère pas cet après-midi insupportable. Et si leurs jambes ne les trahissent pas d'autant qu'ils déplorent une totale inexpérience de ce genre de parcours, de course d'obstacles où ils doivent étaler des facultés de fraîcheur et de récupération. A ce stade de la compétition, la sélection U17 avait fini par céder, en 2007, face à la France au bout des prolongations (3-1). La difficulté était d'ordre physique. La cuvée actuelle possède-t-elle un profil plus costaud sous ce rapport? Tarak GHARBI