En agissant en synergie, les pays nord-africains parviendraient à mieux coordonner et harmoniser leurs positions à l'échelle multilatérale, à augmenter leur visibilité et à renforcer, de là, leurs pouvoirs de négociation. L'Afrique du Nord est la région la plus prospère du continent africain. Pourtant, l'intégration économique régionale n'en est qu'à ses balbutiements dans cette zone du monde. En effet, dire que les échanges commerciaux représentent moins de 4% de l'ensemble des échanges, c'est admettre que la région est la moins intégrée économiquement dans ce globe. Le constat conduit, sinon, à réaliser que la révolution politique survenue dans certains pays de cette région n'a toujours pas débouché sur une vraie révolution économique. La Tunisie, afin de diversifier les chemins de sa prospérité, n'à qu'à agir dans le sens d'instaurer un véritable partenariat économique avec le reste des pays nord-africains. Il va sans dire que les bienfaits d'une intégration économique régionale solide sont indéniables. C'est qu'elle permet à la Tunisie et au reste des pays concernés des rendements d'échelle croissants et une concurrence accrue. L'intégration régionale élargit les marchés grâce à l'intégration des petites économies et favorise les économies d'échelle. Tout autant qu'elle accroît la concurrence et entraîne la baisse des prix et l'augmentation de l'offre. Dans la même perspective, les accords régionaux conclus dans le contexte d'une intégration régionale respectueuse des spécificités de chaque pays pourraient déboucher sur une modification positive de la demande et de l'offre. Autrement dit, les accords bilatéraux permettraient d'attirer plus d'investissements directs étrangers (IDE) en élargissant les marchés, surtout pour les grands investissements. Défis gigantesques En agissant en synergie, les pays nord-africains parviendraient à mieux coordonner et harmoniser leurs positions à l'échelle multilatérale, à augmenter leur visibilité et à renforcer, de là, leurs pouvoirs de négociation. Dans la même optique, il ne faut pas perdre de vue que les pays en question partagent des bassins versants, des gisements de minéraux, des ressources halieutiques et des milieux naturels sensibles. D'où la nécessité d'une étroite collaboration afin de garantir la gestion durable de ces ressources. Toujours est-il qu'une intégration régionale du secteur financier pourrait favoriser l'amélioration de la compétitivité en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Libye, en Mauritanie et en Egypte. Les progrès qui en découleraient sont, à l'évidence, tributaires de nouvelles mesures et orientations susceptibles d'aplanir les obstacles aux échanges formels et informels entre ces pays. Les efforts de coopération et d'intégration à l'échelle régionale peuvent, de surcroît, aider les pays concernés à relever les défis gigantesques que sont le chômage des jeunes, l'amélioration des systèmes éducatifs et leur adaptation aux besoins du marché et la création de filets de sécurité sociaux efficaces. Il faut dire, au demeurant, que la signature par les ministres des Finances maghrébins, l'année dernière à Rabat, de l'accord portant naissance de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur était perçue comme un bon signe. Toutefois, les actions se font toujours attendre et ce sont les peuples de la région qui en payent le lourd tribut de cette volonté politique qui continue à faire défaut. Décideurs maghrébins, c'est à vous d'agir dans un monde de plus en plus marqué par bien d'alliances économiques.