L'équipe de Tunisie et notre football en général jouent gros aujourd'hui à Yaoundé Le 7 septembre 2013, le onze national et le football tunisien avaient subi l'un des plus grands camouflets de leur histoire, 0-2 face au Cap-Vert à Radès, dans une rencontre cauchemardesque où, pourtant, le seul nul suffisait pour passer au dernier match barrage pour la qualification à la Coupe du monde de football au Brésil. Deux mois et demi plus tard, par la grâce d'un «miracle administratif», nous voilà à disputer un match décisif pour une seconde chance brésilienne. Nous ne reviendrons pas sur toutes les péripéties qui ont accompagné cet échec retentissant et sur les causes et les personnages qui ont précipité ce camouflet national, qui sont encore là et que cache la réserve qui a abouti à l'élimination du Cap-Vert et à cette seconde chance pour la Tunisie. Nous ne reviendrons pas sur la fuite en avant d'une fédération qui a mené des batailles «donquichottiennes» contre le ministre des Sports et tous ses autres détracteurs (dont les journalistes contraints à payer 2 mille dinars le voyage à Yaoundé alors que l'avion a été gracieusement offert par le ministère et Hamadi Bousbiâa et alors que cette même fédération a gracieusement invité d'autres personnes pour faire partie de l'expédition camerounaise). Ou alors nous le ferons plus tard, sachant que ce même ministre et ce même ministère ont fait le geste de prendre en charge les journalistes partis hier dans un autre vol. Nous nous contenterons donc aujourd'hui de parler football, d'un exploit somme toute à portée de main et du rêve que caresse tout un peuple, pour qui le football redevient échappatoire par ce sale temps. Comme au bon vieux temps, la Tunisie tout entière est derrière son équipe nationale, tous derrière un ex-Hollandais volant, Ruud Krol, qui a réussi là où ont échoué tous ses prédécesseurs ces dernières années : réunir les Tunisiens. C'est que la recette n'est pas du tout compliqué : faire honnêtement son travail. Sans tricherie, sans calculs, sans compromis et sans compromissions. Nous en connaissons qui devraient avoir honte d'avoir traîné notre équipe nationale dans la boue, d'avoir sali son image et de l'avoir isolée de tout un peuple... Des formules toutes simples Nous ne savons pas si cette équipe nationale passera cet après-midi à Yaoundé. Trop de paramètres en jeu. Nous en maîtrisons quelques-uns alors que d'autres nous échappent. Le Cameroun et Yaoundé, c'est la terre d'un certain Issa Hayatou, tout-puissant président de la CAF, l'arbitre ne constitue pas une garantie de neutralité, le public et l'ambiance hostiles et le terrain infâme. Même si ce dernier handicap est valable pour tous, mais il conditionnera fortement le jeu et les joueurs dans la mesure où ce Cameroun-Tunisie sera une véritable bataille : physique, tactique et mentale. Mais ça, nous le savions au départ, comme nous n'avions pas tardé à découvrir, depuis la prise en main de ce groupe par Ruud Krol, que nous avons les moyens de nous imposer. Ecartés les pseudo-stars, les fêtards et les grincheux, cette équipe a belle allure avec le retour aux affaires de Chikhaoui et les invités surprises tels Syam Ben Youssef ou encore Adam Rjaïbi. Deux grands regrets tout de même : la mise à l'écart ridicule et coupable à la fois de Hamdi Harbaoui qui paye un trop-plein de franchise à l'issue de la honteuse parenthèse sud-africaine de la CAN et le mauvais sort qui s'est acharné sur Alaeddine Yahia, victime de deux blessures consécutives. A un degré moindre, la blessure domestique de Abdennour, pour un joueur qui nous aurait été d'une grande utilité sur le plan des duels et dans le marquage d'un des deux attaquants adverses. Un match, des clés... Mais l'heure n'est pas aux regrets. Syam Ben Youssef, la surprise du chef, est bel et bien là, alors que Haggui se voit offrir là une chance unique de se faire pardonner ses errements du passé. Mais à vrai dire, c'est toute une équipe qui se réconcilie avec tout un pays et elle-même. Tunisie-Cameroun de l'aller a scellé le nouveau pacte et nous attendons que celui-ci trouve confirmation à Yaoundé. Timorée et presque complexée par les prédécesseurs de Krol qui en ont fait une équipe négative et recroquevillée sur elle-même, la Tunisie redécouvre le football, le vrai, à travers des bases simples : défendre haut, resserrer les lignes, récupérer pour, tout de suite après, relancer et faire participer le plus de joueurs possibles à l'animation offensive. Demeure le nœud essentiel à marquer. Cela n'a pas été possible à l'aller, mais rien ne nous dit qu'il n'en sera pas ainsi à Yaoundé, d'autant que Krol a pris le soin de faire appel à Akaïchi et Rjaïbi. Le premier, redoutable au niveau de la percussion; le second au niveau de la vivacité. Deux éléments de surcroît totalement méconnus par l'adversaire. Notre espoir également, c'est que Sabeur Khélifa redevienne ce qu'il a été la dernière saison à Evian, soit passeur et buteur à la fois, mais aussi auteur d'actions et de buts de génie. Mais il ne faut pas non plus se leurrer : le poids de la rencontre pèsera lourdement sur les épaules du gardien (attention les trajectoires sur les corners et les coups francs), de la défense et du milieu de terrain. Comme le salut peut venir de cette ligne arrière et d'un entrejeu qui, s'il est capable de maîtriser la furia initiale de l'adversaire, pourrait bouleverser toute la donne. Enfin, il y a l'envie et la volonté. Aujourd'hui, plus personne ne doute de nos internationaux sur ce double plan... Formation probable Ben Chérifia, Derbali, Mikari, Haggui, Ben Youssef, Ragued, Ben Yahia (Saïhi), Chikhaoui, Khélifa, Ben Youssef et Chermiti.