Plus on observe ce groupe, plus on dissèque les options de Krol et plus on se rend compte que nos chances de passer à Yaoundé sont réelles. La liste de Ruud Krol intrigue et rassure à la fois. Elle intrigue parce qu'on y retrouve tout de même cinq défenseurs centraux, soit Haggui, Syam Ben Youssef, Ben Mansour, Dhaouadi et Boulaâbi . Un peu trop ? Peut-être bien mais, quand on voit la liste des latéraux (2 par poste avec Derbali, Mikari, Chemmam, Brigui et même Camus qui peut évoluer sur les flancs), il n'y a pas vraiment de quoi faire la fine bouche. Ceci d'autant que la tendance de rompre avec l'armée de demis défensifs semble définitive et l'on retrouve le seul Ragued à ce poste. Et encore, intégré dans une dynamique de construction et de soutien, le pivot de l'Espérance est le dernier à se défiler quand il s'agit de monter d'un cran. Devant, enfin, on retrouve Akaïchi, Ben Youssef, Chermiti, Sabeur Khlifa, Allagui et la surprise du chef, Adam Rejaïbi, soit 6 attaquants au total. Ce qu'on n'a pas vu depuis belle lurette en Equipe Nationale. C'est vrai que cette Equipe de Tunisie ne possède pas de grands buteurs et que certains regrettent déjà la non-convocation de Issam Jomaâ. Nous demeurons toutefois persuadés que l'ex-star de l'Ajax et de Napoli possède d'excellentes raisons de ne pas l'avoir fait. Nous en connaissons en tout cas quelques-unes susceptibles de justifier cette exclusion. Puis, faut-il rappeler que Ruud Krol a bel et bien donné sa chance à Jomaâ lors du match aller mais que ce dernier n'a pas su saisir en faisant comprendre qu'il n'a pas apprécié son nouveau statut de remplaçant. Un réflexe hérité d'une gestion passée où les «barons» font la loi, au détriment de celle qui doit régner en équipe nationale, dans un groupe. Le groupe : voilà peut-être le mot-clé pour le sélectionneur national qui a instauré en un temps record un nouvel état d'esprit, même si quelques âmes chagrines continuent à marteler qu'on ne peut pas faire de miracles en un laps de temps très court. Notre sentiment, c'est que l'ex-Hollandais volant a réussi là où d'autres (et pas seulement le cadre technique) ont échoué : établir des règles de vie et de conduite dans un groupe où tout foutait le camp de tous les côtés. Mais attention, cette œuvre n'est possible que si les choix du départ sont justes, qu'aucun joueur ne bénéficie du moindre privilège et qu'aucun autre ne se sente injustement écarté. Aujourd'hui, tout le monde sait pourquoi il est là et - presque - tout le monde pourquoi il n'est pas là. Les Msakni, Darragi et Jomaa (pour ne citer que ceux-là) payent aujourd'hui leurs errements passés. Sur le double plan sportif et du comportement, et il est bien qu'il en soit ainsi. Dans ce contexte, certains évoquent la convocation en dernière minute de Karim Haggui. Mais le sociétaire de Stuttgart ne sera pas «parachuté» capitaine et il sait pertinemment qu'il n'est pas assuré d'un poste de titulaire. Il l'a bien accepté tant à Hanovre qu'aujourd'hui à Stuttgart. Il n'y a aucune raison qu'il n'accepte pas cette règle de jeu en équipe nationale. Puis, s'il est là, c'est parce que Alaeddine Yahia est blessé. Chikhaoui : une nouvelle vie Avant de parler de la résurrection de l'actuel sociétaire du FC Zurich, il est bon de rappeler quelques principes de base qui doivent être la ligne rouge de ce match décisif à Yaoundé. Bien sûr, Krol n'a pas attendu notre avis pour les mettre en pratique et les rappeler à ses joueurs. Pressing haut tout d'abord. A Yaoundé, il ne sera pas aussi téméraire que celui pratiqué à l'aller à Radès, mais la consigne sera de ne pas défendre dans notre zone. A ce propos, l'absence de Alaeddine Yahia se fera durement ressentir à ce niveau dans la mesure où le sociétaire de Lens a traîné avec lui toute sa défense dans cet exercice à l'aller, résolvant du coup un problème récurrent dans cette équipe, qui consiste à resserrer les lignes pour une meilleure récupération et pour un soutien plus efficace. Avant-hier à l'entraînement, Krol a encore insisté sur ce point et notre espoir, c'est que notre défense en fasse autant à Yaoundé. Puisse l'entente entre Syam Ben Youssef et le second élu de l'axe central fonctionner comme celle avec Alaeddine Yahia. Dans cette configuration, l'apport des latéraux et de Houcine Ragued sera décisif. Plus on éloignera les attaquants adverses de notre zone et plus on aura de chances de les neutraliser puis, dans une seconde phase de surprendre l'équipe adverse. Pour le reste, nous faisons confiance à un entrejeu où les solutions de récupération et de relance abondent. Ben Yahia, Allagui, Ben Hatira et Saïhi savent parfaitement faire cela d'autant... D'autant que Krol fera encore confiance à Chikhaoui qui sera encore une fois la plaque tournante par qui tout transitera. Nous l'avons vu à Radès, avant-hier à l'entraînement et très probablement dimanche prochain à Yaoundé. Avec une défense et un entrejeu hauts, avec des latéraux sachant trouver le dosage parfait entre défendre et monter et soutenir et avec un stratège comme Chikhaoui, ne reste plus à l'attaque que de jouer pleinement son rôle. Akaïchi, Allagui, Chermiti, Khelifa, Ben Youssef et Rejaïbi, chacun dans son registre, peuvent poser de très gros problèmes à la défense camerounaise et même scorer à plus d'une reprise. Cameroun-Tunisie sera une épreuve de patience, d'intelligence, de volonté et de courage. Ce groupe n'en manque pas...